I.2.1.2. Connaissances théoriques sur le
sujet
a. Physiopathologie de l'avortement
Une grossesse évolue depuis la nidation jusqu'au terme
dans un milieu physiologique et anatomique spécifiques permettant le
développement normal de l'oeuf. Les manoeuvres abortives visent
directement ou indirectement à modifier ce milieu, par perforation de
l'oeuf ou par décollement placentaire et ont pour finalité
l'évacuation de l'utérus, de tout son contenu. Or, le
décollement traumatique est souvent partiel. Tout avortement
provoqué fait courir essentiellement 2 risques : le retard de
l'expulsion de l'oeuf, d'une part, facteur d'infection et d'hémorragie,
et l'expulsion incomplète, d'autres parts et surtout la rétention
de la totalité ou d'une partie du placenta. Ce corps étranger
intra-utérin va s'infecter et empêcher la bonne rétraction
de l'utérus d'où hémorragie. A tout avortement
provoqué s'ajoutent les risques liés à l'agent abortif :
risque traumatique inhérent aux instruments agressifs (Delecour M,
2004)
b. Complications des avortements à
risque
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Suite à un avortement non sécurisé, les
femmes risquent de présenter un ensemble de troubles affectant leur
qualité de vie et leur bien-être, et certaines d'entre elles, des
complications engageant le pronostic vital. Les principales complications
potentiellement mortelles résultant d'un avortement à risque sont
les hémorragies, les infections et les lésions de l'appareil
génital et des organes internes. (OMS, 2018)
c. Signes et symptômes
Une évaluation initiale précise est
indispensable pour garantir un traitement adapté et une
orientation-recours rapide en cas de complications après un avortement
à risque. Les signes et symptômes critiques des complications
nécessitant des soins immédiats sont les suivants :
· saignement vaginal anormal ;
· douleurs abdominales ;
· infection ; et
· état de choc (collapsus cardiovasculaire).
Les complications d'un avortement à risque sont
parfois difficiles à diagnostiquer. Par exemple, une femme
présentant une grossesse extra utérine ou ectopique
(développement anormal d'un ovule fécondé en dehors de
l'utérus) peut présenter des symptômes ressemblant à
ceux de l'avortement incomplet.
d. Traitement et soins
Les complications découlant d'avortements à
risque et leurs traitements sont :
· des hémorragies : le traitement rapide des
pertes de sang profuses est crucial, tout retard pouvant être fatal.
· des infections : il faut traiter dès que
possible avec des antibiotiques et évacuer les tissus de la grossesse
pouvant être encore présents dans l'utérus.
· des lésions de l'appareil génital et/ou
des organes internes : en cas de suspicion, il est essentiel de
transférer rapidement la patiente à un niveau approprié
des soins de santé.
e. Prévention et lutte
On peut éviter les avortements à risque par :
· une éducation sexuelle exhaustive ;
· la prévention des grossesses non
désirées au moyen d'une contraception efficace, y compris
d'urgence ; et
· l'accès à l'avortement
sécurisé et légal.
De plus, on peut réduire le nombre des
décès et des incapacités résultant des avortements
à risque en assurant à temps le traitement d'urgence des
complications.
f. Impact économique
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Outre les décès et les incapacités qu'ils
provoquent, les avortements à risque ont des coûts sociaux et
financiers majeurs pour les femmes, les familles, les communautés et les
systèmes de santé. En 2006, on a estimé à 553
millions de dollars (US $) le montant des dépenses consacrées au
traitement des conséquences graves des avortements à risque. Il
faudrait 375 millions de dollars de plus pour couvrir complètement les
besoins non satisfaits en matière de traitement des complications dues
aux avortements non sécurisés.
g. Législation en matière d'IVG
Quand les lois et les politiques autorisent l'avortement dans
une large gamme d'indications, l'incidence de l'avortement non
sécurisé et la mortalité qui en résulte sont
réduits à un minimum. L'avortement est permis pour des raisons
sociales ou économiques seulement dans 16 % des pays en
développement, mais dans 80 % des pays développés. (OMS,
2018)
En RDC le contexte légal a connu une certaine
évolution grâce à la publication du Protocole de Maputo
(Annexe) au Journal Officiel du pays, ce qui rend ce texte non seulement
opposable à tous mais aussi supérieur aux lois nationales dont le
code pénal.
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