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Connaissances, attitudes et pratiques des étudiants de la ville de Bukavu en matière d'interruption volontaire de la grossesse. Cas des institutions d'enseignements supérieurs du secteur public.


par Elysée Kabundi Sango
Institut Superieur de Management/Bukavu  - Licence en Sciences et Techniques de Développement 2020
  

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I.2.2. Principaux résultats des études antérieures sur le sujet

En 2003, à Goma, Province du Nord-Kivu en RDC, Alba NGWALI MUNGOSY avait mené une étude sur les avortements provoqués dans l'aire de santé du centre médicochirurgical « Charité maternelle », qui a révélé un ensemble des facteurs qui poussent les filles de cette aire de santé à interrompre clandestinement les grossesses. Il s'agit entre autres facteurs, du refus de l'auteur de la grossesse d'en assumer la responsabilité, du manque de dialogue franc entre les parents et leurs filles, du souhait de ne pas avoir d'enfants en étant sur le banc de l'école,... En outre, ces jeunes filles sont informées du contexte dans lequel se font les interruptions clandestines des grossesses, notamment le recours aux abortifs comme le savon OMO mélangé avec du sel de cuisine, le curetage et une plante médicinale localement appelée MURAVUMBA dont la tisane est injectée dans l'utérus pour provoquer l'avortement

En 2007, à Bukavu, Province du Sud-Kivu en RDC, Alain CHABO BYAENE avait mené une étude cas témoin sur la problématique des avortements criminels dans le district sanitaire de Bukavu qui a révélé que Les grossesses non désirées, se soldant par un avortement sont favorisées par la non pratique de la contraception due à l'ignorance ou à la négligence. L'avortement criminel a lieu entre cinq et quinze semaines d'aménorrhée et elle est facilitée par des paramédicaux qui utilisent les moyens chimiques ou un curetage instrumental septique. Les complications immédiates qui en résultent sont de nature hémorragique ou infectieuse. Leur prise en charge est coûteuse et leur évolution se fait vers la guérison, mais avec un taux de mortalité élevé. Les séquelles de cet acte criminel sont des algies pelviennes chroniques et un sentiment de culpabilité de la part de l'avortée.

L'âge moyen des femmes ayant avorté est de 20 ans (avec des extrêmes de 10 ans et 45 ans), et 11% des avortements clandestins concernent des adolescentes. 46% des grossesses

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interrompues étaient issues d'un rapport sexuel imposé, et 33% dans le cadre d'un échange (argent, notes à l'école ou à l'université, etc.). Toujours selon ce travail mené à Bukavu par Byaene (2007), les raisons les plus souvent évoquées pour l'avortement (et qui peuvent s'additionner) sont nombreuses : la crainte des parents avec le risque de se faire chasser de chez soi (40%) (il ne peut pas y avoir «deux femmes » dans la même maison selon la coutume locale), la crainte de ne pas pouvoir poursuivre les études (35%), la fuite/l'irresponsabilité du géniteur (16%), ou encore, dans une moindre mesure, le manque de ressource pour élever un enfant, la crainte de ne plus être «mariable » lorsqu'on a déjà eu un enfant hors union.

Toujours selon cet auteur, « les manoeuvres abortives ont été pratiquées dans 5% des cas par les médecins ; dans 58% des cas par les paramédicaux ; dans 6% des cas par les femmes elles-mêmes ; dans 4% des cas par les matrones ; dans 4% des cas par les étudiants en médecine ; dans 12% des cas par les élèves infirmiers ou les étudiants infirmiers. Dans 11% des cas, les avorteurs n'ont pas été identifiés. » (Byane, 2007).

En 2008, en Côte d'Ivoire, l'association ivoirienne pour le bien-être familial (AIBEF) avait réalisé une étude sur les connaissances, attitudes et pratiques de l'avortement provoqué clandestin, l'étude a permis de mesurer de façon globale la fréquence de l'avortement provoqué clandestin dans la population féminine. Le résultat montre que plus de deux femmes sur cinq ayant déjà contractées une grossesse ont déclarés avoir avorté au moins une fois, il ressort une prévalence de l'avortement provoqué clandestin de 30,8% en Côte d'Ivoire.

Des méthodes d'avortements révélés par cette enquête, il ressort que ce sont les plantes et les décoctions qui sont les plus utilisés pour les avortements provoqués clandestins en Côte d'Ivoire. Soit 50,1% des avortements enregistrés. Après elles, viennent le curetage (38,5%) et les comprimés (12,8%). Les avortements provoqués sont réalisés pour le grand nombre à domicile ou chez un avorteur traditionnel. Seulement 28,3% des avortements provoqués sont faits dans une clinique privée et 19,6% dans un centre de santé publique (CHR, CHU, Infirmerie). Les avortements réalisés à domicile ou chez l'avorteur traditionnel se font soit gratuitement, ou à moins de 10.000 FCFA. Ce qui n'est pas le cas lorsque ces actes ont lieu dans un centre de santé (privé ou publique).Où le coût est plus élevé. Il se situe fréquemment entre 10.000FCFA et 50.000 FCFA.

Le recours à l'avortement en Côte d'Ivoire, selon l'enquête de l'AIBEF est largement dépendant de l'environnement social, familial et économique des femmes. En effet, 27,7% des femmes interrogées ont déclaré avoir avorté par crainte de la réaction de leurs parents ou de la réprobation de la société. Pour 22,2% des personnes interrogées, c'est l'âge qui est le motif du recours à l'avortement. Elles se trouvent trop jeunes pour avoir un enfant. Et le manque de moyens financiers pour assurer la charge d'un enfant a été évoqué par 21,3% des enquêtés.

A la suite des avortements provoqués clandestins selon l'enquête, 55,8% des femmes ont des complications dont les plus fréquentes sont les douleurs pelviennes chroniques dans 68,2% des cas. Ensuite viennent les perforations avec 58% et les infections et lésions des organes génitaux avec 17,6% chacune.

Ces complications d'avortements, peuvent causer la mort. Ou laissées des séquelles.

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En effet, 26,5% des personnes interrogées ont déclaré connaître au moins une femme décédée des suites d'un avortement. Et 26% des femmes interrogées qui avaient déjà avorté ont déclaré avoir connues après l'avortement une période au cours de laquelle elles cherchaient à contracter une grossesse sans y parvenir.

En 2010, au Rwanda, Paulin Basinga et ses collègues, ont fait une enquête intitulée « Grossesse non désirée et avortement provoqué au Rwanda » qui a révélé qu'il y avait 114 grossesses non planifiées pour 1000 femmes âgées de 15-44 ans et 22% de ces grossesses sont interrompues volontairement. Chaque année environ 26 000 femmes sont traitées à cause des complications liées à l'IVG ; malheureusement un tiers d'elles ne reçoivent pas de traitement.

2013 en Uganda, L'institut Guttmacher a réalisé une étude intitulé : « Grossesse non désirée et avortement en Ouganda », les résultats de cette étude montrent que, malgré que l'avortement soit autorisé en Ouganda dans certaines circonstances, « Le traitement des complications de l'avortement non médicalisé représente des coûts importants pour le système de santé ougandais. En moyenne, les soins après avortement coûtent près de 130 $ US par patiente ; les coûts annuels totalisent près de 14 millions de dollars américains. (Hussain, 2013) », « Dans une autre étude qualitative, les membres de la communauté ont reconnu la profonde stigmatisation entourant l'avortement et ont exprimé la conviction que certains prestataires de soins de santé maltraitaient ou maltraitaient les femmes cherchant des soins après avortement. (Hussain, 2013) »

En 2015 à Bamako au Mali, les résultats du mémoire institué « Connaissances, Attitudes et Pratiques des jeunes sur les IST/VIH/SIDA à Bamako (Mali) : cas des communes III et IV » réaliser par Mlle Oumou Keita a trouvé que 65% des jeunes étaient sexuellement actifs soit (74/114 qui avaient déjà eu un partenaire) et l'âge moyen au premier rapport sexuel était de 16 ans. Cette étude avait mis en évidence la précocité de l'âge au premier rapport sexuel. Quant à l'utilisation du préservatif, sur les 65 % des jeunes sexuellement actifs 68,8% des jeunes femmes et 31,2% des jeunes hommes avaient déclaré n'avoir jamais utilisé le préservatif lors du premier rapport sexuel.

En 2016, à Kinshasa, en RDC, Les résultats de l'étude fait par une équipe mixte des chercheurs de l'Université de Kinshasa et de Guttmacher Institute (une organisation de recherche fondée en 1968 qui travaille à étudier, éduquer et faire progresser la santé et les droits sexuels et reproductifs) sur les avortements, ont montré que 61% des grossesses étaient non planifiées et que 43% des grossesses non planifiées débouchaient sur un avortement. Aussi, l'étude a indiqué les expériences de violence vécues par les patientes en soins après avortement. (Keita, 2015)

En 2016 à Kinshasa RDC, les résultats d'une étude pilote sur l'approche de réduction des méfaits associés à l'avortement à risque, initiée par PATHFINDER International (organisation créé Depuis 1957, ayant pour mission: défendre la santé et les droits sexuels et reproductifs dans le monde entier, mobiliser les communautés qui en ont le plus besoin pour briser les barrières et forger leur propre chemin vers un avenir plus sain) ont montré en ce qui concerne les caractéristiques sociodémographiques que, les groupes d'âge de 15 à 24 ans sont

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les plus concernés par l'avortement (91%). Pour ce qui est de l'état matrimonial, les célibataires sont plus concernés que les mariées (89% contre 11%).

Cependant, concernant l'attitude à garder la grossesse ou à avorter, l'étude a montré que lorsqu'elles portent une grossesse qui bouleverse leurs plans de vie (grossesse non désirée), la majorité des jeunes filles cherchent à interrompre la grossesse malgré les conseils des prestataires de santé de garder la grossesse (86% des femmes venaient avec la décision d'interrompre la grossesse).

En 2017, au Sud-Kivu. Nord-Kivu et en Ituri, en RDC, Une étude anthropologique menée par Médecins Sans Frontières (MSF) dont les objectifs spécifiques étaient notamment la connaissance des caractéristiques locales des soins de santé de la reproduction (planification familiale/ contraception, comportement dans l'accès aux soins de santé), du contexte et des perceptions des violences sexuelles, des facteurs contribuant aux grossesses non désirées (GND), des facteurs qui entrainent l`interruption de grossesse (perceptions et attitudes).

Les résultats de cette étude qualitative ont montré un contexte local de prévalence élevée des violences sexuelles, une vulnérabilité des femmes dans la communauté et le manque de connaissance/utilisation de la contraception et de la planification familiale.

Concernant les facteurs qui entrainent les demandes d'interruption de grossesse, l'étude a épinglé les facteurs sociodémographiques (âge, scolarité, statut marital), culturels et familiaux (conserver son attractivité, relation avec le mari, femme allaitante), environnementaux et contextuels (conflit et insécurité, prévalence VS), financiers et économiques (commerce sexuel / sexe transactionnel, pas de moyen pour élever un enfant) et la stigmatisation des victimes de violence sexuelle (VS).

S'agissant des actes d'avortements non sécurisés ou médicalisés, l'étude a décrit les méthodes utilisées et catégorisé les prestataires en trois secteurs parmi lesquels se trouvent les femmes elles-mêmes avec toutes sortes de breuvage ou lavement, les charlatans et les professionnels de santé.

Quant aux attitudes et perceptions envers les avortements provoqués, celles-ci sont différentes dans les trois zones de l'étude (forte opposition et outrage, solution adaptée si considérations légales, attitude mixte), avec trois tendances principales chez les prestataires des soins malgré la déontologie médicale (volontaristes pro avortement mais limités par le cadre légal, pro accouchement mais tolérants vis-à-vis des clientes décidées à avorter, opposants radicaux qui condamnent sur base de la morale et de la religion).

Pour ce qui est du comportement des femmes à l'accès aux soins, l'étude a indiqué qu'elles consultent d'abord les guérisseurs traditionnels et viennent tardivement dans les structures de santé, que la stigmatisation représente une barrière pour les victimes de VS et que le personnel de santé souligne la volonté de pouvoir pratiquer IVG à l'hôpital car fin de fin l'hôpital répare ce qui a été commencé ailleurs.

Pour conclure, l'étude met en lumière le manque de pouvoir décisionnel de la femme (ou perception) au regard de sa sexualité, les facteurs contribuant au recours à l'avortement, une forte demande pour l'interruption de grossesse dans les 3 zones de l'étude.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire