Revue de littérature sur l'auto-emploi et
ses déterminants
Felix qui potuit rerum cognoscere causas! ( Heureux celui qui
a pu pénétrer les causes secrètes
des choses)
Virgile, poète latin.
2.1) Q
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u'est-ce que l'auto-emploi?
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Les frontières entre l'emploi salarié et
l'emploi indépendant sont de plus en plus floues dans certains domaines
au cours de ces dernières années, surtout dans un contexte
où le marché du travail évolue et la diffusion des
pratiques telles que la sous-traitance s'amplifie. Ce processus a conduit
à un intérêt croissant pour les dits
économiquement travailleurs indépendants.
Le travail indépendant est un aspect important de
l'expérience des travailleurs sur le marché du travail. Pour le
Bureau International du Travail (1993), les emplois de type
auto-emploi sont les emplois dont la rémunération
est directement dépendante des bénéfices (ou le potentiel
de bénéfices) découlant des biens et services produits (la
consommation propre étant considérée comme faisant partie
des bénéfices). Les titulaires prennent les décisions de
gestion affectant l'entreprise ou délèguent de telles
décisions, tout en conservant la responsabilité pour le bien de
l'entreprise 1.
Les objectifs de compétitivité ayant
changé, ils se traduisent aujourd'hui par de nouvelles formes de
mobilisation du travail qui ne sont précisément ni du travail
salarié, ni du travail indépendant, mais des combinaisons
complexes de l'un et de l'autre. La précédente définition
englobe un grand nombre de situations possibles, et ne présente que
quelques caractéristiques générales. Yves Duppy et
Françoise Larré (1998) de l'université des sciences
sociales de Toulouse ont proposé une grille plus pertinente des
situations de travail, vue leur
hétérogénéité croissante. On retrouve les
formes hybrides (FH) à partir de deux dimensions majeures :
l'organisation de la contribution du travailleur au produit d'une part, et la
répartition des risques d'autre part. Les différentes situations
de travail sont donc caractérisées par leur position par rapport
à deux questions centrales : "qui décide , organise et
contrôle la prestation? (ou quel est le degré
1. Dans ce contexte, «entreprise» inclut les
entreprises personnelles.
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d'autonomie du prestataire ?)", "qui prend en charge les
risques de l'activité travail? (risque d'entreprise, risque
économique, risque clientèle...)", ainsi que ce qui gouverne le
système de rémunération. Chaque dimension (la dimension
organisation est notée ici X, et celle du risque Y
)peut donc prendre trois valeurs : une valeur individuelle (i), une valeur
collective (c), et un mixte individuel et collectif (i+c).
Tableau 2.1 - Les formes hybrides du
salariat et du travail indépendant
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Risque
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Organisation
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Individuel (Yi)
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Mixte (Yi+e)
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Collectif (Ye)
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Individuel (Xi)
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Travail indépendant
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Fil
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Fil
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Mixte (Xi+e)
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Fil
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Forme hybride (Fil)
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Fil
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Collectif (Xe)
|
Fil
|
Fil
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Travail salarié
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Source: Classification de Yves Duppy et Françoise
Larré (1988)
On peut donc comprendre plus facilement2 les
différents types de travailleurs indépendants
qui se distinguent selon le type d'unité de production
qu'ils représentent ou pour laquelle ils travaillent. Les exemples qui
répondent à cette classification sont en l'occurrence le cas des
travailleurs familiaux (Xi+c, Yi), et les
membres de coopératives de producteurs (Xi+c,
Yi+c).
On sait que les employeurs engagent sur une base continue une
ou plusieurs personnes pour travailler comme «employés».
Cependant, les travailleurs pour compte propre ont la même
autorité sur l'unité économique que les
«employeurs», mais n'ont pas nécessairement
d'«employés» sur une base continue. Outre ces
généralités, on note que les membres de
coopératives de producteurs participent sur un même pied
d'égalité avec les autres membres dans la détermination de
l'organisation de la production, etc. Par contre, les travailleurs
familiaux ne peuvent cependant pas être considérés
comme des partenaires dans le fonctionnement de l'unité de production en
raison du fait que leur degré d'engagement pour le fonctionnement de
l'unité, en termes de temps ou d'autres facteurs de travail, n'est pas
nécessairement comparable à celui de l'individu à la
tête de l'entreprise (voir Annexes B & C). Mais, les
définitions opérationnelles utilisées dans les
enquêtes nationales sur la population active peuvent toutefois varier
légèrement d'un pays à un autre. Pour l'OCDE (2011), les
travailleurs familiaux non rémunérés sont des travailleurs
indépendants, qui sont particulièrement importants dans
l'agriculture et le commerce de détail. C'est pour cela que dans ce
document, plus d'attention sera certes portée aux jeunes travailleurs
indépendants qui ont leur propre emploi, et un chiffre d'affaires
donné périodiquement. Toutefois, tous les aspects hybrides
mentionnés ci-haut ne seront pas ignorés. Les raisons à
l'origine du choix de l'auto-emploi pourraient inclure, par exemple, la
nécessité de l'expression de soi, d'indépendance, de
statut, ou l'obtention d'un avantage pécuniaire, etc. Nous
présentons dans
2. En effet, l'organisation de la prestation peut être
décidée par la personne qui réalise la prestation
(Xi), ou peut être imposée par l'organisation au sein de
laquelle travaille cette personne (Xe). Il en est de
même pour le risque associé à la prestation : si le
travailleur supporte le risque de la prestation, il devra chercher ses clients
par lui-même, et recevra directement le prix de sa prestation
(Yi). Dans le cas contraire, il sera rémunéré
selon un taux uniforme (rémunération forfaitaire) par
l'organisation au sein de laquelle il effectue son activité, et qui lui
procure son travail (Ye).
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les paragraphes suivants les principaux déterminants
qui reviennent le plus dans la littérature. 2.2) La place du
capital humain à travers l'influence de l'éducation
Plusieurs travaux empiriques ont ainsi essayé de
mesurer l'influence du capital humain sur l'auto-emploi. La théorie du
capital humain a connu son véritable envol grâce à
l'ouvrage « Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis
» de l'économiste américain Gary Stanley Becker paru en
19643. D'après la théorie, il est nécessaire
d'investir dans la formation, pour augmenter la productivité des
travailleurs sur le marché de l'emploi. Becker a souligné des
situations concrètes où l'on retrouve l'effet significatif de
l'éducation dont voici quelques exemples : le taux de chômage
est inversement proportionnel au niveau de compétences; l'investissement
dans le capital humain contribue à la croissance de la
productivité; etc 4. Pour la suite, nous
étudierons l'importance significative du capital humain à travers
l'éducation.
2.2.1) La garantie d'une réussite professionnelle
pour le travailleur autonome le plus diplômé
L'éducation sert de variable proxy
pour le capital humain. Son effet attendu sur la probabilité
d'être travailleur autonome est incertain en raison de différentes
théories. D'une part, il est prévu que l'augmentation du capital
humain augmenterait les chances qu'un individu puisse surmonter les obstacles
inhérents à démarrer une entreprise. Les professionnels
sont également censés être plus capables d'ouvrir leur
propre entreprise. Les travaux de Dolton et Makepeace (2001) revêtent une
importance particulière dans ce cadre du fait qu'ils ont estimé
un modèle économétrique pour expliquer pour un
échantillon de diplômés d'universités (des Royaumes
Unis) le choix de s'auto-employer ou non. Il ressort de leur analyse que les
antécédents sociaux et académiques sont des
déterminants très significatifs de la décision de
s'auto-employer dans le futur. Ils soutiennent que les diplômés
d'universités sont les mieux placés pour s'auto-employer surtout
qu'ils pourront toujours se faire embaucher si l'entreprise échouait.
C'est dans le même sens que Donald F. Kuratko (2003) a prouvé que
l'éducation universitaire est un déterminant significatif de la
sélection de l'individu à l'entrée dans l'entrepreneuriat.
Un niveau d'éducation élevé serait donc l'assurance d'une
réussite professionnelle pour les travailleurs indépendants.
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