1.2.2) La formation professionnelle et technique
Depuis 1990, le Bénin a opté pour le
libéralisme économique. Le pays a ensuite inscrit à
l'égard de ses priorités, le développement du capital
humain comme une garantie de la croissance économique. Les
stratégies adoptées à cet effet par le gouvernement
comprennent l'adoption en 1998 de la politique nationale de la formation
professionnelle continue et la création en février 1999, du Fonds
de développement de la formation professionnelle continue et de
l'apprentis-sage (FODEFCA). A ce jour, le Bénin a éliminé
les frais de scolarité au cours primaire et a entamé
l'exécution des recommandations de son Forum pour l'Education en 2007
(FMI, 2007). Les flux croissants d'étudiants sortant des
universités suscitent donc des inquiétudes quant à la
pertinence de cette politique en vertu de la spécificité actuelle
du marché du travail (expansion très rapide de l'enseignement
primaire et de l'enseignement secondaire général, faible
développement quantitatif de la formation et de l'enseignement technique
et professionnel5). La formation technique et professionnelle a pour
mission de créer un lien entre le système éducatif et le
marché du travail, et la promotion d'un développement agricole et
industriel durable. Plus de dix (10) ans après la création du
FODEFCA, quel est aujourd'hui l'état de la formation professionnelle et
technique au Bénin?
Des regrets ont été exprimés sur la
formation professionnelle et technique dans la publication intitulée :
"UNESCO EFA Global Monitoring Report Education for All by 2015 : Will we
make it ?". Le rapport constate qu'au Bénin, il y a seulement 20
000 étudiants inscrits dans les établissements de formation
professionnelle et technique, par rapport à 240 000 apprentis et
globalement, sur plus de 512 millions d'élèves inscrits
dans les écoles secondaires à travers le monde en 2005, seulement
un sur dix a été inscrit dans les programmes des
établissements de formation professionnelle et technique au niveau
secondaire (OCDE, 2007). La formation professionnelle et technique reste donc
très peu convoitée.
D'après l'enquête sur la transition vers la vie
active en 2012, la jeunesse rencontre effectivement un manque
d'expérience professionnelle sur le marché du travail. Il y a
vraiment une faible participation à la formation professionnelle et
technique pour les jeunes au Bénin : niveau de participation 2,1%. Les
étudiants et les écoliers sont plus orientés vers les
formations
5. L'UNESCO et l'Organisation internationale du Travail (OIT)
dans un document Technical Vocational Education and Training for the Twenty
First Century (2002) définissent l'éducation professionnelle
et technique comme "les aspects du processus éducatif qui, outre
l'enseignement général, incluent l'étude des technologies
et des sciences connexes, l'acquisition de compétences pratiques, des
aptitudes, la compréhension et la connaissance relatives des professions
des divers secteurs de la vie économique et sociale."
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nécessitant moins d'investissements techniques. Le fait
social est que de nombreux parents ont une mauvaise perception sociétale
du programme de l'enseignement technique et professionnel. Les cas du Ghana, du
Nigeria, du Mali et de la Swaziland ont été étudiés
et le résultat a confirmé que ces sociétés ont
à tort fait croire que l'enseignement technique et professionnel (ETP)
est destiné aux personnes qui sont incapables de poursuivre le programme
de la formation académique6 (André Kirchberger, 2008).
Le phénomène est proche de celui mis en évidence par
Yangben et Seniwoliba en octobre 2014 pour le Ghana. Leur étude a
examiné les défis du Centre de pilote de la formation à
l'Institut National de Formation Professionnelle (NVTI) au Kokomlemle, une
banlieue d'Accra. Ils ont fait valoir que : "Pendant de nombreuses
années, l'enseignement technique et professionnel en Afrique a
été considéré comme un cheminement de
carrière pour le moins académiquement doté". Cette
perception a été alimentée par les exigences
académiques faibles requis pour l'admission dans les programmes
d'enseignement technique et professionnel, ainsi que les perspectives
limitées pour la formation technique et professionnelle . Pire que tout,
l'impression est parfois créée par les gouvernements que
l'objectif principal de la formation professionnelle est de garder les
retardés du système secondaire de base et ceux de la rue,
plutôt que de projeter ce type de formation comme une stratégie
efficace pour former des travailleurs qualifiés pour le marché de
l'emploi (Yangben, P. N et Seniwoliba A, 2014). En Afrique, l'éducation
met seulement l'accent sur la capacité nationale à appliquer la
science à des problèmes sociaux et économiques.
La formation professionnelle et technique n'est donc pas assez
valorisée au Bénin. On ne pourrait certainement pas encore
compter sur elle pour orienter les jeunes vers l'auto-emploi 7. Pourtant
l'auto-emploi se présente comme l'alternative fatale pour la masse de
jeunes sortant des universités, surtout pour ceux provenant des
facultés de sciences, laissés à eux-mêmes.
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