2.4) L'auto-emploi : une réponse aux
disparités du genre
Même s'il est possible de surmonter les
difficultés auxquelles fait face la jeunesse urbaine pauvre, en raison
des discriminations dans l'éducation et sur le marché de
l'emploi, certains groupes, comme les jeunes femmes et les personnes
handicapées, ont moins de possibilités que les autres. Des normes
sociales (telles que le mariage précoce) et des pratiques
institutionnelles discriminatoires entravent la mobilité des jeunes
femmes, les excluent de l'éducation et de la formation, et les
empêchent d'avoir un travail rémunéré, alors
qu'elles ploient sous un lourd fardeau de tâches non
rémunérées et domestiques. Dans 25 des 39 pays couverts
par une étude récente de l'Organisation Internationale du Travail
(UNESCO, 2012), les femmes sont plus nombreuses que les hommes à
travailler dans le secteur informel. Christopher Dawson, Andrew Henley, Paul
Latreille (2009) ont entrepris une analyse des motivations citées par
les travailleurs indépendants dans le Royaume-Uni comme raisons du choix
de l'auto-emploi. Ils montrent qu'il existe en effet des différences
significatives entre les hommes et les femmes, les
5. Leur étude compare deux modèles fondés
sur l'intention en termes de leur capacité à prédire les
intentions entrepreneuriales : la théorie de Ajzen du comportement
planifié (TPB) et le modèle de Shapero de l'avénement
entrepreneurial (SEE) . Ajzen (1991) fait valoir que les intentions
dépendent en général des perceptions de soi, les normes
sociales, et la faisabilité. Shapero (1982) dit aussi que les intentions
entrepreneuriales dépendent de la perception de soi, la
faisabilité, et la propension à agir.
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femmes étant plus concernées par le mode de vie
que le gain financier. On pourrait donc distinguer entre elles, celles qui vont
vers l'auto-emploi pour l'indépendance économique, de celles qui
faute d'éducation formelle, sont obligées de faire recours
à des activités de subsistance. Leur éventail
d'activités est limité : beaucoup sont reléguées
aux emplois à domicile, et elles sont sur-représentées
dans les activités les plus précaires, comme le ramassage des
déchets ou la vente ambulante. L'indépendance économique
et le gain financier n'est toutefois pas un facteur négligeable. Magnus
Lofstrom (2009) a fourni aux Etats-Unis une analyse complète de la
rentabilité économique de l'auto-emploi parmi les travailleurs
peu qualifiés, et il a trouvé que, bien que le recours à
l'auto-emploi est relativement élevé chez les hommes, le travail
indépendant est une option nettement plus attirante
financièrement pour la plupart des femmes. Toutes les femmes ne
subissent pas le poids des préjugés culturels au point
d'être éloignées du marché du travail; quelques-unes
arrivent à saisir l'opportunité d'une vie plus
émancipée, en faisant de l'auto-emploi un choix professionnel.
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