2.2.4.- Le Programme d'ajustement structurel
S'inquiétant des risques de faillite des banques
privées engagées dans le Sud, le FMI et la BM interviennent en
1982 pour que le Nord soit bien remboursé. On n'annule ni ne
réduit les créances : le FMI accorde de nouveaux prêts pour
permettre aux pays du Sud de rembourser leurs dettes mais en imposant, en
contrepartie, des conditions socio-économiques strictes : ces
prêts sont limités, les dettes sont
rééchelonnées dans le temps, mais les états doivent
adopter des "Plans d'Ajustement Structurel", les PAS (Dette du Tiers Monde,
février 2001). Les définir avec exhaustivité
représente une tâche ardue pour nombre d'auteurs, étant
donné l'ampleur du terme. On admet une définition que
conventionnelle, outre que celle que fournissent les acteurs. A ce sujet,
Belanger (1992) a écrit :
« La Banque Mondiale donne une définition
élargie et, jusqu'à un certain point, plus "élastique", de
l'ajustement, à savoir les politiques visant à apporter des
changements dans les balances internes et externes, des changements dans la
structure des incitateurs et des institutions, ou des changements dans les deux
: il s'agit de stabilisation lorsque l'accent est mis sur les premiers,
d'ajustement structurel lorsque l'accent est mis sur les seconds. Cette
définition laisse entendre que les deux notions se côtoient
même s'il est stipulé que le FMI appuie les programmes de
stabilisation tandis que la Banque appuie l'ajustement structurel. D'ailleurs,
les programmes d'ajustement structurel (PAS) comprennent effectivement deux
facettes : une première, essentiellement macroéconomique, qui
devrait avoir un impact rapide sur la balance des paiements dans le contexte
des programmes de stabilisation du FMI ; la seconde, essentiellement
microéconomique, vise à ajuster la structure à
l'économie pour en accroître l'efficience. Les prêts
à l'ajustement de la Banque réfèrent quant à eux
aux prêts à l'ajustement structurel et aux prêts à
l'ajustement sectoriel. »
Malgré cette initiative, il est toujours difficile pour
les pays endettés de rembourser leur dette.
Une évaluation a été faite dans les pays
subissant des programmes d'ajustement montre que le pourcentage d'une cohorte
d'enfants admis à l'école qui terminent l'enseignement primaire a
baissé, et cette baisse a été plus importante chez les
filles que chez les garçons (UNESCO, 1995).
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Les conséquences sociales sont bien plus
qu'énormes. Et si on met de l'avant la croissance économique mise
dans le cadre des PAS, elle n'a rien à voir avec le
développement. [...] Les PAS ne tiennent pas compte des situations
sociales et politiques spécifiques des pays ; ils proposent une
croissance économique axée sur les importations, souvent au
détriment des besoins internes du pays. En somme, les PAS ont au bout du
compte des effets sociaux largement négatifs et accroissent la
pauvreté. (S. Berlanger, 1992). Comme le fait remarquer le groupe Dette
du Tiers Monde (2001), des souffrances ont été imposées
aux personnes les plus vulnérables par les PAS : suppression des
subventions gouvernementales à la consommation, coupes dans les budgets
sociaux, détérioration des services publics, manque
d'investissements, enrichissement des élites grâce aux
privatisations, creusement des écarts entre les classes sociales,
instabilité politique. Face à ces situations, il parait assez
évident que le remboursement de la dette soit de plus en plus
difficile.
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