Conclusion de la partie II
En résumé, les recherches académiques sur
la publicité mobile démontrent clairement que l'attitude envers
le marketing mobile a un impact important sur l'intention comportementale des
consommateurs, et ce, plus précisément au niveau de leur
participation aux services et aux activités de marketing mobiles, telles
que les achats de produits/services et le téléchargement d'items
via l'appareil mobile (incluant les applications mobiles) (Rohm et
al.,2012). D'autre part, les résultats obtenus par Taylor et
Levin (2014) démontrent une forte corrélation entre
l'intérêt pour une application mobile marchande et l'intention de
participer au commerce mobile. Par conséquent, il est logique de croire
que plus un individu a une attitude positive envers la publicité mobile,
plus son niveau d'intérêt vis-à-vis les
fonctionnalités de l'application mobile sera élevé. Ce qui
nous a amené à formuler l'hypothèse de la priorisation de
la stratégie de marketing numérique au détriment de la
stratégie de marketing mix. Les résultats issus de notre
étude ont révélé que le développement des
TIC avait une influence sur la transition du marketing mix vers le marketing
numérique. Un échantillon de 100 structures professionnelles dans
le secteur de la publicité au Cameroun complété par un
échantillon de 1000 utilisateurs des services internet et mobiles ont
confirmé que cette corrélation limitait l'expérience
satisfaisante des internautes145, annonceurs et
régies/agences. Nous avons obtenu un taux de participation de 60% pour
les répondants 1 et de 86% pour les répondants 2. Nous avons
été confrontés à certaines difficultés de
plusieurs ordres. Il a fallu plusieurs messages de relance pour amener les deux
catégories de répondants à participer au sondage.
Toutefois, les réponses fournies nous ont permis d'obtenir les
résultats qui satisfont les objectifs de recherche. A la suite de ces
résultats, nous avons formulé quelques recommandations
l'ouverture vers des partenariats collaboratifs, l'usage du marketing mobile,
le développement des applications mobiles adaptées aux cibles, la
formation du personnel aux métiers du numérique et le
développement des TIC.
145 La population totale de l'enquêté a
été obtenue par extrapolation de coefficient 10 (soit 60 pour 6
et 760 pour 76)
99
CONCLUSION GENERALE
Le Cameroun est connecté au réseau Internet,
depuis avril 1997. Mais c'est à partir d'avril 1999 qu'Internet commence
véritablement à se répandre dans ce pays avec l'ouverture
d'un noeud à Douala. Plus d'une dizaine d'années plus tard, selon
une étude du réseau Research ICT Africa, 38,9 % de
Camerounais savent ce qu'est Internet, mais 13 % seulement l'auraient
déjà utilisé (Gillwald et al., 2010). Lorsque
nous les comparons à ceux de pays africains économiquement plus
avancés comme l'Afrique du Sud (où on a respectivement 50,8 % et
15 %) et le Nigeria (où on a respectivement 38,3 % et 12,7 %), ces
chiffres tendent à révéler une certaine «
internauphilie146 » de la population camerounaise, relativement
à l'ensemble de l'Afrique subsaharienne.
En effet, le niveau global d'accès aux Technologies de
l'Information et de la Communication (TIC) au Cameroun s'est
légèrement amélioré au cours de la dernière
décennie. Ce pays a ainsi vu son taux de pénétration
d'Internet passer de 0,25 % de la population à 4 % de 2000 à
2010, alors que sur la même période, le taux de
pénétration du téléphone mobile passait de 0,66 %
à 44,07 %. Ces performances restent néanmoins relativement
faibles et, malgré la création d'une Agence Nationale des
Technologies de l'Information et de la Communication depuis 2006, le Cameroun
n'a toujours pas finalisé sa politique nationale de développement
des TIC. Si le retard dans la finalisation de ce document stratégique
peut être associé à l'existence d'une certaine
querelle147 de leadership entre les diverses institutions
impliquées (Ministère des Postes et
Télécommunications, Agence Nationale des Technologies de
l'Information et de la Communication, Agence de Régulation des
Télécommunications) (Nana et Tankeu, 2007), il n'est pas exclu
qu'il trouve aussi quelques fondements dans l'insuffisance de données et
d'études fiables, aptes à éclairer des politiques
pertinentes. Certes, avec l'enquête SCAN ICT, l'Initiative pour
la Société de l'Information en Afrique a permis au Cameroun de
collecter diverses informations utiles à cet égard. Ces
informations offrent une bonne monographie de la situation des TIC au Cameroun
en 2015/2016, notamment en ce qui concerne les infrastructures, la structure
des marchés des différents services, le taux de
pénétration des TIC et dans une moindre mesure leurs taux
d'utilisation. Cependant, en vue de l'élaboration d'une stratégie
nationale de développement des TIC suffisamment efficace, notre
thème de recherche gagne à être complétée non
seulement par des études descriptives plus détaillées sur
les principaux usages des TIC au Cameroun, mais
146Tamokwe Piaptie, Les déterminants de
l'accès et des usages d'internet en Afrique subsaharienne, Op citado
147Nana &Tankeu, Op citado
100
aussi par quelques études davantage explicatives sur
les déterminants de l'accès, de l'adoption et des usages de ces
TIC (pour tous les secteurs d'activité).
Dans la littérature, de telles études se
fédèrent autour du concept de fracture numérique qui
renvoie à des inégalités tant dans l'accès aux
technologies de l'information et de la communication (fracture de niveau un)
que dans leurs usages (fracture de niveau deux). La fracture numérique
se révèle ainsi être un problème à multiples
dimensions (Methamem, 2004). Kling (1998) lui attribue deux aspects :
un aspect technique qui fait référence aux
disponibilités de l'infrastructure, du matériel et du logiciel ;
un aspect social faisant référence aux
compétences à exiger pour manipuler toutes ces ressources
techniques. Dans une perspective davantage comparative, selon Norris (2001), la
fracture numérique décrit un fossé global qui
révèle des capacités différentes entre les nations
industrialisées et celles en développement, un fossé
social qui fait référence aux inégalités dans une
population donnée et un fossé démocratique. De son
côté, Keniston (2003) distingue quatre catégories sociales
manifestes de ces fractures : ceux qui sont riches et puissants et ceux qui ne
le sont pas ; ceux qui parlent l'anglais et ceux qui ne le parlent pas ; ceux
qui vivent dans des régions où la technologie est bien
établie et ceux qui n'y vivent pas ; et enfin ceux qui sont
techniquement bien informés et ceux qui ne le sont pas. Les travaux
concernant l'Afrique sont moins nombreux, mais nous pouvons citer celui
d'Oyelaran-Oyeyinka et al (2005), qui montre que le taux d'utilisation
d'Internet dans les pays d'Afrique subsaharienne est croissant avec la
densité d'ordinateurs dans le pays, la densité des lignes fixes
et le nombre d'hébergeurs de sites. Une autre étude plus
récente de Pénard et al. (2012), portant sur le Gabon,
compare les déterminants de l'usage du téléphone mobile et
d'Internet dans ce pays d'Afrique et constate qu'ils ne sont pas identiques.
Notre étude s'inscrit dans le prolongement de ces
travaux en se préoccupant essentiellement d'analyser les facteurs de
l'interopérabilité et sa contribution dans la modernisation des
professionnels de la publicité au Cameroun entre 2008 et 2018.
Précisément, elle s'est intéressée à
répondre à deux questions : l'une relative aux facteurs
technologiques qui ont influencé cette interopérabilité
entre le marketing mix et le marketing numérique.
Pour traiter de ces questions, nous avons choisi comme cadre
méthodologique l'observation participante, la recherche documentaire et
l'enquête par questionnaire et sondage. D'autres éléments
tels que les illustrations graphiques et données statistiques du
ministère de postes et télécommunications nous ont permis
d'apprécier quelques indicateurs ayant favorisé
101
l'interopérabilité entre le marketing mix et le
marketing numérique. L'exploitation de ces ressources nous a permis
d'avoir des informations générales sur l'évolution de
plusieurs indicateurs dans le secteur des TIC. Particulièrement les
données relatives au taux de pénétration d'internet, le
nombre de ménages disposant d'un téléphone mobile, d'un
téléviseur, d'une radio (généralement
qualifié d'audience exposée aux « occasions de voir »
ou « occasions d'écoute »). Nous avons trouvé ces
informations essentielles car elles permettent d'orienter le choix
stratégique des annonceurs concernant les canaux par lesquels ils
souhaiteraient toucher leur cible (publicité média,
publicité hors média, publicité mobile, publicité
internet). Il ressort de notre enquêté que 97% des individus
passent la majorité de leur temps sur leur Smartphone (comparé
aux autres supports comme la TV, la Radio et Affichage) ; 88% des individus
manifestent une attitude positive face à la publicité sur
internet ; et plus de 50% des répondants (individus et entreprises)
déplorent la mauvaise qualité des infrastructures en TIC, le cout
d'accès à internet ainsi que les problèmes de connexions
récurrents entre zones rurales et zones urbaines. L'approche empirique
adoptée dans cette étude commence par retenir un modèle de
base simple ayant pour seules variables explicatives le profil
socioprofessionnel et le profil technologique ; le modèle s'est ensuite
progressivement enrichi par l'intégration des variables «
importance accordée au marketing mix », « importance
accordée au marketing numérique » ; et enfin par des
variable « influence des TIC sur l'interopérabilité entre le
marketing mix vers le marketing numérique ». Les principaux
intérêts des résultats issus de notre enquête ont
servi à encourager la recherche scientifique dans le domaine du
marketing numérique, interpeller les acteurs institutionnels sur la
promotion des infrastructures numériques et encourager la participation
active des individus sur l'utilisation professionnelle des TIC.
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