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Analyse de l'efficacité du contrôle de l'exécution du budget communal au Burkina Faso


par Paul TIENDREBEOGO
Université Ouagadougou 2 - Master 2 en Economie, parcours Développement Local et Gestion des Collectivités Territoriales 2018
  

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CHAPITRE 2 : LE DISPOSITIF ET LES NORMES DE CONTRÔLE DU BUDGET COMMUNAL AU BURKINA FASO

Le dispositif de contrôle des finances locales (2.1) est organisé en contrôle interne à l'Administration d'une part et d'autre part en contrôle externe à l'Administration. De son côté les normes de contrôle (2.2) sont également organisées en normes nationales et en normes internationales.

2.1 : Le dispositif de contrôle de l'exécution budgétaire au Burkina Faso L'exécution budgétaire des communes du Burkina Faso est contrôlée dans un premier temps par la hiérarchie et dans un second temps par des institutions externes à l'Administration.

A. Le contrôle interne à l'administration

Le contrôle administratif est le contrôle interne de l'administration sur ses agents, il inclut le contrôle interne à priori, le contrôle concomitant et le contrôle à posteriori.15

Dans l'exécution financière des budgets communaux la tutelle financière est exercée par le ministère de l'économie, des finances et du développement à travers ces structures centrales et déconcentrées. En effet il y a cinq grandes directions de ce ministère qui participent à l'élaboration, l'exécution et au contrôle des budgets communaux au Burkina Faso.

Le contrôle se fait à trois moments différents.

Le contrôle à priori est exercé par la Direction générale du Contrôle des Marchés et Engagements Financiers à travers ses directions régionales et provinciales que sont les DR-CMEF et DP-CMEF. Le contrôle a priori des marchés publics des CT s'exerce autour de trois (3) objets à savoir la régularité, la légalité et la moralité.

Contrôler la régularité consiste à s'assurer de l'exacte imputation de la dépense, de la disponibilité des crédits, de l'exactitude des calculs et de l'authenticité des pièces justificatives. Contrôler la légalité consiste à s'assurer que les propositions d'engagement sont conformes aux dispositions légales et réglementaires. Contrôler la moralité consiste à s'assurer que les propositions de dépenses (qualité et prix) sont raisonnables.

15 Article 82 de la loi n° 073-2015/CNT du 06 novembre 2015 relatives aux lois de finances

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? La Direction générale du contrôle des marchés publics et des engagements financiers

Il est l'organe de contrôle a priori des marchés publics et tous les engagements de dépenses des Collectivités Territoriales.

Le contrôle a priori exercé par la DG-CMEF sur les marchés publics des CT consiste principalement à : contrôler l'application de la législation et de la réglementation sur les marchés publics et délégations de service public sans préjudice de la gestion des pouvoirs généraux de contrôle des autres organes de l'Etat ; informer, sensibiliser et conseiller l'ensemble des acteurs de la commande publique sur la réglementation et les procédures applicables par l'édition et la diffusion des documents et des textes portant sur la passation des marchés ; sensibiliser des acteurs de la commande publique sur la règlementation et d'en assurer la vulgarisation ; émettre des avis, accorder des autorisations et dérogations nécessaires à la passation et l'exécution des marchés publics lorsqu'elles sont prévues par la règlementation en vigueur ; assurer, en relation avec l'Autorité de Régulation de la Commande Publique, la formation des acteurs des marchés publics ; contribuer, en relation avec l'Autorité de Régulation de la Commande Publique, à la collecte des informations et des documents sur la passation et à l'exécution des marchés publics en vue de la constitution d'une banque de données.

Aucun marché public ne peut recevoir un début d'exécution avant le visa du contrôleur financier. Aussi, ne peut être passé outre l'avis défavorable du contrôleur financier que sur décision du Ministre des Finances et du Budget.

Le contrôle à priori porte également sur tout engagement de la dépense publique du budget communal en émettant un avis favorable ou défavorable à tout projet d'engagement. Toutefois, aux termes de l'article 72 de loi Organique n°073-2015/AN du 06 novembre 2015 portant modification de la loi n°006-2003/AN du 24 janvier 2003 portant loi relative aux lois de finances, la Direction Générale du Contrôle des Marchés publics et des Engagements Financiers exerce un contrôle a posteriori sur l'exécution physique de la commande publique et dispose à cet effet de pouvoirs d'enquête les plus étendus.

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? La Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP)

Elle intervient dans l'appui des CT dans plusieurs manières. Cet appui va de l'exécution des opérations budgétaires des CT à l'appui-conseil et la promotion de la bonne gouvernance en passant par la gestion de la trésorerie locale. Toutes ces fonctions sont exercées par le receveur général à travers les receveurs municipaux. Ces receveurs sont des comptables directs du Trésor. Les opérations budgétaires ces CT comprennent essentiellement le recouvrement des recettes, le paiement des dépenses et de la tenue de la comptabilité. Le recouvrement des recettes au profit des CT : les comptables publics nommés auprès des structures déconcentrées du Trésor Public assurent le recouvrement des recettes au profit des budgets des CT. Le paiement de la dépense publique : en matière de paiement de la dépense publique à l'échelle locale, le trésor public assure notamment des dépenses des CT. L'exercice de la fonction de « payeur » du receveur est exclusif et tout autre personne qui s'immisce dans cette attribution sans habilitation, est déclarée gestionnaire de fait. Avant tout paiement, les receveurs sont tenus d'effectuer certains contrôles sous peine d'engager leurs responsabilités personnelle et pécuniaire. La tenue de la comptabilité des CT : le trésor public intervient pour tenir la comptabilité des CT conformément aux règles de la comptabilité publique. Dans la gestion de la trésorerie locale, les receveurs des CT sont les seuls habilités à manier les deniers publics locaux, à l'encaissement des recettes mises en recouvrement par les ordonnateurs et de ce fait, à tenir exclusivement la caisse des CT. Chaque CT est tenue de déposer ses fonds dans un compte unique ouvert dans les livres du TP.

La gestion de la trésorerie consiste en un ajustement quotidien des encaissements et des décaissements dans l'objectif d'éviter les tensions de trésorerie. Cet ajustement consiste à faire en sorte que le rythme des décaissements n'excède pas celui des encaissements. La gestion de la trésorerie est une activité importante des comptables publics qui doivent faire face aux dépenses des CT en tout temps. En matière de mise en oeuvre de la réglementation budgétaire, financière et comptable, le receveur de la CT veille au respect de la règlementation financière et comptable, en apportant des précisions sur le contenu et le sens des textes y afférents. En matière d'endettement tous les dossiers d'emprunt des CT sont instruits par le Comité National de la Dette Publique (CNDP) dont le TP assure le secrétariat technique. Les CT sont tenues de saisir le CNDP pour toutes leurs initiatives d'endettement.

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En matière de contrôle, la DGTCP est chargée d'assurer la supervision et l'organisation comptable et financière des CT, à travers la Direction des études et de la législation financière. A ce titre, le service de la législation financière et comptable assure notamment :

- l'élaboration et l'étude des systèmes comptables applicables aux opérations

financières de l'Etat, des comptes spéciaux du trésor, des budgets annexes, des CT, des EPE et projets soumis aux règles de la comptabilité publique ;

- l'élaboration et la mise à jour de la nomenclature des comptes du trésor.

Quant au service des comptes de gestion, il est chargé notamment de la supervision du réseau des comptables publics à travers notamment la mise en état d'examen de gestion des comptables principaux, le suivi des réponses aux injonctions prononcées par la Cour des comptes.

Le contrôle des CT par la DGTCP se fait également par l'Inspection générale du trésor qui a pour mission d'assurer le contrôle de l'ensemble des services du trésor et l'ensemble des réseaux des comptables publics et assimilés par :

- le contrôle de l'ensemble des réseaux des comptables publics ;

- le suivi de la mise en oeuvre du dispositif de contrôle interne au sein de la DGTCP ; - de mener tout audit et vérification confiés par le Directeur Général.

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? La Direction Générale des Impôts (DGI)

La DGI intervient de façon indirecte dans la gestion et l'exécution des budgets communaux au Burkina Faso. En effet, l'exécution des recettes communales est confiée en partie aux services des impôts qui assurent le recouvrement des taxes et impôts communaux et étatiques dans le ressort de chaque commune. Ainsi après l'engagement par l'ordonnateur, il appartient aux agents des impôts de poursuivre le recouvrement des recettes.

Le contrôle est assuré par trois directions techniques, il s'agit de l'Inspection Technique des Impôts (ITI), la Direction des Services Fiscaux et la Direction du Contrôle Fiscal. S'agissant de l'ITI, elle assure le contrôle du respect par les agents des lois et règlements en matière fiscale, la mise en oeuvre de la stratégie de lutte contre la corruption, le faux et l'usage de faux au sein de la direction, et enfin l'exécution de toutes autres missions confiées par le DGI

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notamment les enquêtes administratives internes, les investigations, les études, l'assistance-conseil et les dialogues de gestion. Elle collabore avec les autres organes de contrôle de l'Etat. Quant à la direction des services fiscaux, elle a pour mission la centralisation et le suivi des opérations d'assiette et de recouvrement, la gestion du guichet unique des états financiers, la centralisation et le suivi des impôts locaux, et la gestion des valeurs inactives. A ce titre, le service central des impôts locaux a pour mission le contrôle de l'application des dispositions fiscales et administratives et du suivi de la mise en oeuvre des plans d'actions en matière d'assiette des impôts locaux. Il assure : l'appui technique au profit des CT en matière de fiscalité locale ; le contrôle des opérations d'assiette et de recouvrement des impôts locaux ; la centralisation et l'analyse des données relatives aux impôts locaux ; le suivi des dégrèvements d'impôts locaux ; la production et l'analyse des statistiques sur les émissions et le recouvrement des impôts locaux ; le suivi de l'exécution des actions de recouvrement des impôts locaux.

En ce qui concerne la Direction du Contrôle Fiscal, elle a pour mission la coordination et l'encadrement des services opérationnels chargés du contrôle fiscal. En effet, elle assure notamment : la définition des orientations du contrôle sur la base d'une analyse du tissu fiscal et des risques ; la définition des objectifs qualitatifs et quantitatifs du programme national de contrôle ; la coordination de l'action et l'encadrement des structures de contrôle ; le suivi de l'élaboration et de l'exécution des programmes de vérifications ; l'analyse et le suivi des performances des brigades de vérification ; le renforcement des capacités en matière de contrôles.

Les structures de contrôle intervenant à postériori sont l'Inspection générale des finances, l'autorité de régulation de la commande publique, la Direction générale du développement territorial et l'Autorité supérieure du contrôle d'Etat et de lutte contre la corruption.

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? L'Inspection Générale des Finances (IGF)

L'IGF a pour mission d'assurer le contrôle de l'ensemble des services financiers, fiscaux et comptables de l'Etat, des CT et des EPE et de manière générale de toutes les structures qui reçoivent, détiennent ou gèrent des deniers publics.

Elle est chargée entres autres : de contrôler les services financiers, fiscaux et comptables de l'Etat, des CT et des EPE ; de l'audit de la gestion financière et comptable des CT ; d'assurer le contrôle de la gestion financière des projets et programmes, des Sociétés d'Etat, des sociétés d'économie mixte et de toutes les sociétés dans lesquelles l'Etat possède des participations ; des établissements privés qui reçoivent les subventions de l'Etat ; de réaliser les audits financiers des structures de l'Administration Publique ; de l'audit organisationnel des structures fiscales et douanières ; de l'audit de la gestion des recettes de l'Etat et de ses démembrements ; de la gestion des dossiers et activités relatifs à la lutte contre la corruption.

? L'Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP)

L'Autorité de Régulation de la Commande Publique a été créée par décret n°2014-554/PRES/ PM du 27 juin 2014. Elle a pour mission la régulation de la commande publique. A ce titre, elle est chargée : de la définition des politiques en matière de commande publique ; de la formation et l'information dans le domaine de la commande publique ; du maintien du système d'information de la commande publique et de la conduite des audits et l'évaluation du système.

Il est également institué auprès de l'ARCOP un organe administratif de recours non juridictionnel chargé de la discipline et du règlement non juridictionnel des différends en matière de marché public, de délégation de service public et de partenariat public-privé, dénommé Organe de Règlement Amiable des Différends (ORAD).

Dans le cadre de la passation et de l'exécution des marchés publics des CT, les acteurs ont souvent recours à cet organe (ORAD) pour régler certains différends.

Cet organe de recours non juridictionnel est chargé :

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y' de prononcer, sur dénonciation ou plainte, les sanctions prévues à l'encontre des candidats, des soumissionnaires, des attributaires et titulaires, auteurs de violation des textes régissant la commande publique et de tenir leur liste ;

y' d'engager des poursuites judiciaires et de recommander à l'autorité compétente les sanctions disciplinaires prévues par les textes régissant la commande publique à l'encontre des agents de l'Administration, ainsi que de toute personne intervenant à quelque titre que ce soit, dans la chaîne de passation de ces contrats administratifs , et ayant participé directement ou indirectement aux actes prohibés et infractions visées par les textes en vigueur.

En matière d'audit et d'évaluation du système national de passation des marchés publics, elle est chargée notamment de :

y' réaliser ou commanditer des enquêtes ou des audits internes ou indépendants en

matière de marchés publics et de délégations de service public et suivre la mise en oeuvre des recommandations issues de ces audits ;

y' évaluer périodiquement la conformité et la performance du système national de passation des marchés publics et des délégations de service public au regard des standards internationaux en la matière et de contrôler les procédures d'octroi et de retrait des certifications et d'agréments aux opérateurs économiques.

? La Direction générale du développement territorial (DGDT)

Le contrôle effectué par cette direction est une veille permanente sur l'exécution des budgets communaux. C'est elle qui assure la tutelle financière à proprement parlé des CT. En son sein est logé la Direction de la tutelle financière des CT. Celle-ci est chargée entre autres :

- du suivi de la mise en oeuvre de la règlementation budgétaire applicable aux CT ;

- du suivi du processus d'approbation des budgets et des comptes des CT ;

- de la centralisation, de l'analyse et de la diffusion des statistiques budgétaires des CT. Dans le cadre de ses activités elle traite des demandes de réaménagements des budgets des CT, des reports de crédits soumis à autorisation de la tutelle...

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? L'Autorité Supérieure de Contrôle d'Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC)

L'Autorité Supérieure de Contrôle d'Etat créée par la loi n°032-2007/AN du 29 novembre 2007 est chargée notamment : du contrôle de l'observation des textes qui régissent l'administration ; de la lutte contre la corruption ; du suivi de la mise en oeuvre des recommandations des corps de contrôle de l'Etat ; de la saisine de la justice des cas de malversations et de la coordination technique de l'ensemble des corps de contrôle de l'ordre administratif. C'est l'organe supérieur de contrôle de l'ordre administratif.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein