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Analyse de l'efficacité du contrôle de l'exécution du budget communal au Burkina Faso


par Paul TIENDREBEOGO
Université Ouagadougou 2 - Master 2 en Economie, parcours Développement Local et Gestion des Collectivités Territoriales 2018
  

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1.2. Examen de la littérature sur le contrôle des budgets communaux

Le contrôle des finances publiques d'une manière générale et spécifiquement des finances locales remonte à une période lointaine en Angleterre (a) et se décline en plusieurs types (b).

a) Genèse du contrôle des finances publiques locales

Le point de départ des finances publiques se situe au début du XIII e siècle en Angleterre avec la Magna Carta en juin 1215, document dans lequel sont inscrites les premières règles financières.11S'agissant du contrôle des finances locales, son point de départ date des 1980 avec la création des chambres régionales des comptes en France. Dans le domaine de la levée et de l'utilisation des ressources publiques, l'exigence de l'exercice d'un contrôle a été considérée comme fondamentale au point que les auteurs de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 aout 1789 ont proclamé à l'article 14 de ladite Déclaration : « les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée » .

En fait, très peu de pays échappent à la dilapidation des fonds publics et à la corruption. Ces phénomènes revêtent simplement des formes et prennent des proportions différentes dans le temps et dans l'espace. Seul un contrôle effectif et performant permet de lutter efficacement contre ceux-ci et d'assurer la maitrise des finances publiques et de remédier aux dysfonctionnements préjudiciables à l'épanouissement des citoyens des Etats.

11 YONABA S., (2010) cours de finances publiques, Université Ouaga II

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FIEDLER (1998), Secrétaire général de l'INTOSAI en 1998, affirme, dans l'avant-propos de la Déclaration de LIMA sur les grandes lignes directrices du contrôle des finances publiques, que les objectifs spécifiques du contrôle des finances publiques tiennent essentiellement à l'utilisation appropriée et efficace des fonds publics, la recherche d'une gestion financière rigoureuse, l'adéquation de l'action administrative et l'information des pouvoirs publics et de la population par la publication de rapports objectifs.

Le champ des finances publiques est visiblement dominé par le contrôle présent à toutes les étapes de la vie financière de l'Etat et des collectivités locales.

b) Typologie du contrôle

Le contrôle prend des formes et modes d'exercice divers. Ce qui a amené des auteurs à entreprendre la classification des différents types de contrôle.

A cet égard, DUVERGER (2000) considère que le contrôle peut revêtir plusieurs formes et être classé d'après la nature des personnes contrôlées (contrôle sur les administrateurs et contrôle sur les comptables), d'après la nature des faits contrôlés (contrôle des recettes et contrôle des dépenses), d'après le moment du contrôle ( contrôle a priori, contrôle en cours d'exécution et contrôle a posteriori), d'après la nature des organismes contrôleurs (contrôle administratif, contrôle juridictionnel et contrôle politique exercé par le parlement). D'autres auteurs procèdent à une distinction plus synthétique identifiant les modes d'endo contrôle ou contrôles financiers internes et les modes d'exo contrôle ou contrôles financiers externes. FALL (2004) soutient que les premiers interviennent en cours d'exécution ou a priori et sont exercés par des services relevant des Ministères des finances, les seconds étant exercés par des organes situés en dehors de l'administration que sont notamment les juridictions des comptes et le Parlement. En dépit des efforts de classification des différents modes de contrôle qui s'exercent sur les finances publiques, les systèmes financiers des Etats de l'Afrique subsaharienne francophone cumulent ces différentes modalités de contrôle à l'instar du système financier français dont ils sont héritiers.

Dans le même ordre d'idées, TAM (1990) énonce deux options de contrôle à savoir le domaine d'application du contrôle qui porte en principe sur les opérations de dépenses et de recettes des organismes publics d'une part, et de la multiplicité et variété des contrôles d'autre part.

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Il distingue cinq (5) classifications des contrôles. Pour lui les contrôles peuvent être classés d'après les agents contrôlés et s'exercent sur les administrateurs de crédits, les ordonnateurs-délégués et les comptables publics. TAM (1990) poursuit en énumérant les contrôles d'après le moment où ils s'exercent : les contrôles à priori, en cours d'exécution ou après l'exécution ; il cite également les contrôles en ce qu'ils portent sur la régularité des actes (contrôles de la régularité des actes) ou sur la qualité de la gestion ; il classe aussi les contrôles d'après qu'ils s'effectuent sur place et sur pièces (les contrôles sur place et les contrôles sur pièces).

La dernière classification faite est le contrôle d'après les organes qui les exercent qui se répartit premièrement en organes d'endo contrôle et organes exo contrôle et deuxièmement en trois groupes de contrôles : organes administratifs, organes juridictionnels et organe politique.12

Pour notre part, ces différentes classifications relèvent beaucoup plus de la théorie que de la pratique. Sur le plan théorique cette classification est pointue et s'accommode avec la doctrine. Tandis qu'au plan pratique il présente le risque de confusion pour les gestionnaires des budgets.

Jusque-là les auteurs se sont intéressé à la genèse et aux différents types de contrôle des finances publiques dont les finances locales. Leurs interventions se portent également sur les moments du contrôle ainsi que les structures de contrôle de chaque pays. De même le problème soulevé par les auteurs et les différents rapports se résument d'une part à l'intérêt du contrôle pour les populations et d'autre part sur les conséquences des mauvaises gestions des finances publiques.

Mais la problématique de l'efficacité du contrôle n'est pas assez développée par les auteurs. En effet une chose est de contrôler mais le but principal reste l'efficacité c'est-à-dire atteindre les objectifs poursuivis par le contrôle. Ces objectifs sont la diminution ou l'anéantissement total des malversations ou irrégularités de gestions des budgets locaux. Quelques rares auteurs se sont intéressés à l'efficacité du contrôle des finances publiques.

Ceux qui se sont intéressé à la question font un diagnostic d'un organe de contrôle pour mettre à nu les faiblesses qu'il faille corriger. Dans un premier temps ISSAD et

12 TAM (1990) page 310

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ABADA (2014) de l'Université de Setif 1 ont fait un rapport sur l'« évaluation de l'efficacité du contrôle financier de l'état sur l'exécution des programmes d'investissements publics (2001-2014) » qui soulèvent les forces et faiblesses du contrôle financier sur la gestion des finances publiques. Ils mettent à nu la problématique du contrôle financier sur les dépenses d'équipement de l'Etat, sur la lutte contre le gaspillage et la mauvaise gestion des deniers publics.

Dans un second temps, KERS (2013), de la cour des comptes du Maroc décrit, les limites du dispositif du contrôle des finances publiques qui sont de deux ordres. D'une part, ce sont essentiellement les fragilités du système tenant à la diversité des procédures et techniques d'investigation et d'autre part les conditions défavorables liées à l'absence du suivi des indicateurs de performance et aux insuffisances constatées au niveau des reporting limitant ainsi la qualité des contrôles effectués.

Quant à DIALLO (2011) de l'UCAD dans son mémoire de fin d'études sur « le contrôle des finances locales au Sénégal », le contrôle des finances locales comporte des imperfections susceptibles d'entraver son efficacité. Il note que du point de vue politique, c'est la prévalence des relations partisanes entre l'organe délibérant et l'exécutif qui constitue le premier blocage. L'efficacité du contrôle du budget local est ensuite confrontée au manque de formation des élus locaux chargés du contrôle interne.

Dans un rapport au gouvernement français, LAMBERT et MIGAUD (2009) ont rendu publiques, le 16 septembre 2005, les conclusions de leur mission auprès du Gouvernement sur la mise en oeuvre de la LOLF. Ce rapport propose des pistes de travail pour transposer « aux collectivités territoriales des outils et processus budgétaires, comptables et relatifs à l'évaluation et au contrôle introduits par la LOLF ». Ce rapport précise qu'« une amélioration des outils budgétaires des collectivités territoriales pourrait donc être envisagée, et contribuer tant à la transparence de l'action qu'à la performance de la gestion locale. Une fois les outils forgés, elle pourrait faire l'objet d'une expérimentation, sur la base du volontariat, dans les collectivités » (p.80)13.

13* Laurent ZAMPICCOLI

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TOURE14 (2004) du Mali évoque des paradoxes dans le système de contrôle des finances publiques dans son pays. Mais avant ces paradoxes l'auteur, sur la notion de contrôle soulève la problématique de la confusion entre le contrôle hiérarchique et le contrôle de tutelle. S'agissant des paradoxes évoqués par TOURE (2004) sur le système de contrôle des finances publiques au Mali, l'auteur relève dans un premier temps les insuffisances du contrôle interne.

A ce titre, il cite d'abord les faiblesses du contrôle interne qui sont entre autres le manque d'assimilation du fait administratif, la longueur des circuits administratifs, la fluctuation des hiérarchies, les difficultés de mise en oeuvre de la responsabilité pécuniaire des ministres, la lenteur de la publication des rapports de contrôle. TOURE (2004) relève aussi l'inadaptation du contrôle interne qui se caractérise par le chevauchement des différentes structures de contrôle interne et par le fait que les mêmes structures disposent des mêmes attributions. TOURE (2004) propose donc une intégration des systèmes de contrôle pour remédier à l'inadaptation. L'auteur met à nu également d'autres limites qu'il qualifie de subjectives au rang desquelles on peut noter les difficultés d'ordre politique et administratif et le manque de motivation des agents.

Il convient de souligner que l'étude de l'efficacité des structures a très peu intéressé les auteurs burkinabè. C'est cela qui témoigne de la rareté des publications y relatives, exemption faite des organes de contrôle qui publient régulièrement leur rapport d'activités.

E

n sommes, nous avons dans un premier temps donné des éclaircissements sur les concepts clés du thème de notre étude. Dans un second nous nous sommes intéressé à la revue de littérature pour montrer la situation de la problématique de l'efficacité du contrôle des budgets locaux vue par la doctrine. La littérature sur le contrôle des finances publiques est abondante ; cependant sur l'analyse de l'efficacité du contrôle les publications sont rares. Il y a lieu de décrire maintenant le dispositif et les normes de contrôle de l'exécution du budget communal au Burkina Faso.

14 Enseignant à la faculté des sciences juridiques et économiques de l'Université de Bamako

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote