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Analyse de l'efficacité du contrôle de l'exécution du budget communal au Burkina Faso


par Paul TIENDREBEOGO
Université Ouagadougou 2 - Master 2 en Economie, parcours Développement Local et Gestion des Collectivités Territoriales 2018
  

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4.2. Interprétation des résultats obtenus sur les variables étudiées.

Il est commenté dans un premier temps les résultats issus de l'hypothèse 1 et dans un second temps les résultats de l'hypothèse 2.

4.2.1. Commentaires sur les résultats de l'hypothèse 1

Sur tout l'échantillon de notre étude, il ressort qu'il y a une carence énorme en matière de nombre de contrôleurs pour effectuer le contrôle à temps et sur les structures contrôlables. Si nous partons de l'hypothèse qu'il y a au minimum mille entités à contrôler, par rapport à la centaine de contrôleurs/inspecteurs, nous en déduisons que le nombre est nettement inférieur et ne permet pas de couvrir toutes les entités selon la norme (chaque année au niveau des receveurs municipaux et 2 ans dans les ambassades au niveau du trésor public par exemple).

S'agissant du niveau des contrôleurs, nous avons trouvé que plus des deux tiers des contrôleurs ont un niveau au moins égal à BAC+5 ans de formation. C'est une force qui respecte la norme sur la qualification des ressources humaines.

En ce qui concerne leur expérience dans le contrôle, l'enquête montre que la majorité des vérificateurs effectue le contrôle depuis au moins 5 ans. C'est également une force.

Pour ce qui est de leur capacité en audit il ressort que la quasi-totalité des contrôleurs ont reçu une formation en audit, puisque le contrôle et l'audit sont presque indissociables.

Sur l'indicateur agents de soutien aux vérificateurs, l'étude montre qu'il y a en moyenne 86 agents d'appuis qui facilitent la finalisation du travail des contrôleurs. Le rapport contrôleurs/agents d'appui donne 86/135 =0,63. Cela signifie qu'un contrôleur n'a pas un agent d'appui pour finaliser son rapport. C'est une faiblesse du dispositif de contrôle.

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Sur le nombre de structures à contrôler les enquêtés disent unanimement ignorer leur nombre. Le dispositif ne saurait être efficace si le nombre des structures à contrôler n'est pas connu par ceux qui effectuent le travail.

C'est un handicap lourd. S'agissant de la spécialisation des contrôleurs en finances locales, les enquêtés répondent majoritairement par la négative. Alors que la qualité du travail de contrôle est basée sur la maitrise des procédures et de la nomenclature des budgets locaux, nous en déduisons qu'il s'agit d'une faiblesse et menace à la fois.

La deuxième variable porte sur la rémunération des contrôleurs car l'un des facteurs de réussite de la mission de contrôle en dépend. Sur le salaire des contrôleurs, les enquêtés déclarent majoritairement être satisfaits. Cela est une force considérable parce qu'on suppose qu'ils se donneront entièrement à leur travail. Relativement au budget alloué aux structures de contrôle, il ressort que les allocations budgétaires sont insuffisantes pour permettre aux organes de conduire efficacement leur mission. Il s'agit d'une faiblesse au niveau interne et une menace au niveau externe.

La troisième variable mesurée concerne les ressources matérielles que les structures ont pour effectuer le travail. Ici trois indicateurs sont vérifiés. Quant au matériel bureautique il ressort de l'enquête une parité des réponses, ce qui implique la moitié déclare la suffisance et l'autre moitié déclare le contraire. Pour ce qui est du matériel roulant, l'enquête révèle qu'il y a un manque crucial de ce type de matériel. Il s'agit une faiblesse quand on sait que toutes les missions de contrôle sont effectuées avec le matériel roulant, sans ce matériel il est impossible d'effectuer le contrôle sur le terrain. S'agissant du cadre de travail, nous avons trouvé qu'il est adapté pour le travail de contrôle des vérificateurs. C'est une force.

Du point de vue du système de communication des organes de contrôle les résultats suivants sont obtenus. Concernant l'existence d'un système de communication, l'étude révèle que la quasi-totalité des organes de contrôle n'en possèdent pas. Alors que la communication constitue une norme de contrôle, il sied de conclure que c'est une faiblesse. Sur son efficacité, les organes qui en possèdent se prononcent en faveur de son inefficacité. C'est une menace et faiblesse à la fois car la population n'est pas satisfaite sur la communication.

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Du point de vue de la possession d'un site web fonctionnel presque toutes les institutions de contrôle en possèdent.

Sur la possibilité de consulter électroniquement les rapports produits il est quasiment impossible de les trouver. C'est une opportunité dans la mesure où la norme de contrôle prévoit la confidentialité des rapports. Mais le rapport général annuel d'activités doit être accessible au public. De même, nos enquêtés déclarent unanimement que leurs rapports sont confidentiels. C'est une force respectant les normes de contrôle.

Nous nous sommes intéressés à la question des manuels de procédure de contrôle des différentes structures de contrôle. La quasi-totalité des structures affirment en avoir même si certaines utilisent pour d'autres comme le cas du manuel de l'ASCE-LC qui est utilisé par l'ITS MATD et l'IGF. En termes de qualification il s'agit d'une force car il est prescrit dans les normes de contrôle. Sans manuel de procédure de contrôle, on ne peut pas réaliser un contrôle efficace. Sur l'indicateur relatif à sa maitrise, les enquêtés déclarent majoritairement en maitriser sauf au niveau de la Cour des Comptes ou il est inadapté au contrôle des finances mais plutôt aux procédures juridictionnelles. Pour nous cela constitue une opportunité pour les structures à contrôler et une force au niveau interne aux institutions de contrôle. Pour ce qui est de la qualité du manuel, les structures disent qu'il ne comporte pas de faille. Il s'agit donc d'une force pour les contrôleurs. S'agissant de l'adaptation du manuel de contrôle au contrôle des finances locales, il ressort que les avis sont partagés en ce sens que la moitié dit oui et l'autre répond non. Sur la criticité des manuels de contrôle il ressort que certains manuels (ITS MATD et CC) ne sont pas adaptés aux finances locales, d'autres ne sont pas validés par un expert externe (IGF), l'IGT dit que son manuel se limite au contrôle de l'équilibre de la comptabilité et ne permet pas d'établir la balance. D'où la conclusion que c'est une faiblesse du système de contrôle.

Concernant la variable coordination des actions, 3 indicateurs ont été étudiés. Du point de vue de la similarité des missions des structures de contrôle il ressort que toutes les structures exécutent pratiquement les mêmes missions. Cela d'un point de vu organisationnel peut être assimilé à une faiblesse, les missions devraient être reparties par structures de contrôle de sorte à alléger le travail. Il ressort également qu'il n y a pas de séparation nette entre les missions des contrôleurs. L'étude montre aussi dans l'ensemble qu'il manque une synergie d'actions entre les organes de contrôle.

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On en déduit que la coordination pèche en termes d'organisation, alors qu'une norme de contrôle en recommande une meilleure coordination entre les structures de contrôle.

A la suite de la coordination trois autres indicateurs ont été mesurés en lien avec la rubrique environnement de travail. Selon l'enquête il n y a pas d'interférence politique dans la mission de contrôle. Corroborant le principe de l'indépendance des ISC, nous concluons à une force. Dans le même ordre d'idées, les contrôleurs déclarent majoritairement être en insécurité dans l'exercice de leur fonction.

Cela est une faiblesse quand on sait que la qualité de travail en dépend. Par contre, ils déclarent être autonomes dans leurs attributions, c'est une force non négligeable.

L'organisation physique du contrôle semble pertinente pour nous dans le sens de l'appréciation du système de contrôle. Ce faisant, quatre indicateurs sont choisis pour la mesurer. L'étude révèle que c'est la méthode de vérification par pièces et sur place qui est pratiquée par les organes de contrôle. C'est une force du dispositif de contrôle car son efficacité est irréfutable en matière de contrôle de gestion. S'agissant du moment du contrôle de l'exécution budgétaire on s'aperçoit que tout au long de l'exécution budgétaire, il y a un contrôle qui s'effectue. Pour ce faire la DG-CMEF contrôle à priori, l'IGF et la DGDT contrôlent concomitamment, et l'ASCE, la CC interviennent en fin d'exécution. Ces deux indicateurs sont considérés comme des forces du dispositif de contrôle.

Pour ce qui est de l'aide du contrôle interne au niveau communal, il ressort qu'il n'existe pratiquement pas. Théoriquement un comité de suivi budgétaire existe mais dans pratiquement toutes les communes il n'existe pas. Quant à la complémentarité des contrôles interne et externe, les intervenants sont divisés, les uns se prononçant en faveur et d'autres contre. Il est conclu que ces deux derniers indicateurs sont des faiblesses tant ils ne facilitent pas le travail de contrôle. Quant à la durée du contrôle, notre enquête nous révèle que chaque organe de contrôle programme sa mission en fonction de sa capacité. C'est dire qu'il n y a pas une norme, c'est arbitraire. L'idéale était de programmer le passage des contrôleurs dans les communes selon une fréquence régulière mais ce n'est pas le cas dans la majorité des structures de contrôle. Certaines se contentent des dénonciations et plaintes pour procéder au contrôle. C'est une caractéristique de l'inefficacité du contrôle.

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Il a été procédé à l'analyse de la cartographie des risques des structures de contrôle car l'efficacité du contrôle en dépend. La quasi-totalité des organes de contrôle n'en possèdent pas. Sauf l'ASCE-LC qui possède une cartographie des risques. Le risque zéro n'existe pas ; c'est alors que cette liste n'est pas exhaustive. C'est dire que tous les risques n'ont pas pu être recensés. Conventionnellement, il devrait avoir de période de révision, ce qui n'est pas le cas à l'ASCE-LC organe supérieur de contrôle interne à l'administration.

La norme concernant la cartographie des risques est importante au regard de l'insuffisance des contrôleurs par rapport d'une part aux budgets communaux et d'autre part aux milliers d'entités à contrôler, c'est une faiblesse du système de contrôle.

La variable documents de gestion des comptables, objet du contrôle a été aussi étudié à travers deux indicateurs. Le premier indicateur porte sur les délais de production des documents de gestion notamment les comptes de gestion. Il ressort que les rapports sont produits à temps pour le contrôle à postériori. C'est une prouesse qu'il faut saluer. En ce qui concerne les pièces justificatives il ressort qu'elles ne sont pas totalement réunies au moment du passage des contrôleurs. C'est aussi une faiblesse de l'appareil de contrôle.

La dernière variable que nous avons enquêté pour diagnostiquer les forces et faiblesses des structures de contrôle est la méthode de contrôle pour finaliser le rapport de contrôle. L'échantillon reconnait la procédure contradictoire du contrôle avant l'établissement du rapport final. En effet un rapport provisoire est transmis à l'enquêté pour amendement ou opposition avant l'établissement du rapport définitif. Cette variable constitue une force du dispositif de contrôle.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery