L'impact de taux de fécondité sur la croissance économique de la rdcongo de 1997 à 2017par prosper Kangolo shako UNIKI - LICENCIE 2019 |
I.2 Le courant orthodoxe ou courant malthusienAvec MALTHUS, l'étude de la démographie prend un nouveau tournant. Lors de la parution en 1798 de l' «Essai sur les principes de la population », il déclare que le pouvoir multiplicateur de la population est infiniment plus grand que le pouvoir de la terre de produire les subsistances de l'homme. Aussi l'homme doit-il par tous les moyens pallier les menaces de la loi de population. En effet, les moyens de subsistance ne croissent pas au même rythme que la population. Par conséquent, lorsque la population augmente, ces hommes sont de trop : ils n'ont pas leur place « aux banques de la nature ». La société n'a pas besoin de la force de travail qu'ils représentent parce qu'elle ne peut pas les nourrir. L'excès de la population constitue d'ailleurs un frein actif à son augmentation par la mortalité qu'elle engendre. D'autre part, MALTHUS prône le retard de l'âge du mariage, le célibat et la limitation de naissances. La thèse Malthusienne présente une vision pour le moins étriquée du potentiel de la terre à produire des richesses et surtout de la capacité de l'homme à s'adapter et à trouver de nouvelles ressources42(*). Par ailleurs, en reconnaissant la capacité de l'espèce humaine à se reproduire à l'infini, il met en place un schéma bien précis selon lequel l'augmentation de la population est bornée par le défaut de moyens d'existence. Cependant cette théorie repose sur la prise en compte du rendement, qui constitue le rapport entre la quantité produite et la surface cultivée et non de la productivité, qui correspond au rapport entre la quantité produite et le travail de l'homme43(*). L'ensemble des discours malthusiens a été repris par les libéraux tels que Jean BAPTISTE SAY, qui n'a pas hésité à affirmer qu'il était bien plus important d'épargner que de féconder. Pour RICARDO, l'augmentation de la population est naturelle, mais les conditions économiques en limitent la croissance. Afin de favoriser le maintien d'une population nombreuse et de promouvoir la croissance démographique par le développement de la richesse, et vice-versa, il faudrait donc développer le progrès technique et le libre-échange. Au début du XXème siècle, l'effort général de rationalité touche la science de la démographie et se traduit par l'utilisation de modelés.44(*) Mais le clivage entre les malthusiens et les anti-malthusien demeure. Pareto affirme la dépendance mutuelle entre l'évolution démographique et l'évolution économique. Cependant, contrairement à Malthus qui analyse les effets de la croissance de la population uniquement en termes de prospérité, Pareto met en évidence une pluralité de causes. Le mode d'organisation de la société, l'utilisation de capitaux, etc.... La théorie de Pareto illustre une approche économique de la famille et lorsqu'il déclare que l'augmentation des richesses conduit à une chute de la natalité par le désir de conserver une vie aisée, il ne fait que décrire le tableau que nous avons aujourd'hui dans les yeux45(*). La doctrine Malthusien, quant à elle subit deux courants, l'un qui lui marque une opposition farouche et l'autre qui lui imprime une réactualisation intéressante. Dans l'ensemble, les opposants au malthusianisme formulent des objections importantes. Tout d'abord, la croissance démographique s'inscrit dans un processus de développement économique non négligeable. Elle crée en effet une pression créatrice ; selon les termes d'ESTHER BOSERUP ; qui modifie les modes de production contrairement à la proposition de Thomas Malthus selon laquelle les méthodes agraires définissaient la taille de la population (fonction de la nourriture, disponible), elle démontre au contraire que c'est la pression démographique qu'impose l'évolution de technique agraires ; en bref , la nécessité est la mère de l'invention, l'augmentation de la population se traduit alors par une augmentation des ressources, ce qu'ALFRED SAUVY soulignait également en reconnaissant l'importance des relations entre le progrès technique et le volume de la population active occupée46(*). En 1958, KUZNETS soulevait encore la question des avantages économiques d'une croissance démographique rapide. Il déclare au début d'un rapport que les récents ouvrages spécialisés (et vulgarisés) soulignent spécifiquement l'aspect négatif et le danger de la croissance de la population : épuisement de ressources non renouvelables, détérioration des conditions d'accumulation du capital, difficultés d'organisation etc..., il propose d'envisager l'apport positif de la croissance de la population, estimant qu'il devra tôt ou tard l'emporter sur l'effet négatif. Mais ses intentions n'aboutirent à rien. La question principale de la discussion comme dans la plupart de recherches dans le domaine des relations entre la démographie et la croissance économique reste ouverte. Il poursuit que nous n'avons même pas de données empiriques approximatives pour pouvoir soupeser les divers aspects positifs et négatifs de la croissance des populations47(*). Bien que nous puissions, en toute vraisemblance, distinguer ce qui est avantageux de ce qui ne l'est pas, il est rare que nous connaissions le caractère des fonctions qui les relient aux diverses valeurs de la croissance démographique. Revenant sur cette question, mais cette fois en 1965, KUZNETS affirme qu'on ne peut répondre aux variables que par de jugements spéculatifs, en ayant recours à toutes sortes de connaissances incomplètes, la recherche s'orienta peu jusqu'à la fin des années soixante-dix, vers l'exploration des conséquences économiques de la forte croissance démographique. Les quelques analyses théoriques développées avaient donc pour but de soutenir les positions antinatalistes.48(*) Face à ces analyses qui se bornaient à prolonger les modèles canoniques de croissance par accumulation, les études réellement empiriques orientées vers les recherches de liaisons statistiques pertinentes et significatives entre la croissance de la population et les performances macro-économiques furent relativement rares. La recherche ne s'orienta vers cette démarche empirico - inductive qu'à partir des années quatre-vingt principalement en divisant le champ des relations démo-économiques en quelques domaines d'interaction séparés les uns des autres et étudiés de façon indépendante ceteris parisbus. C'est ce que MC NICOLL49(*) appelle les « tropical studies » que nous traduirons par études thématiques partielles. Cette méthodologie sera très liée au renouvellement de la conception des conséquences économiques vers des positions plus neutralistes et relativistes, généralement qualifiées de révisionnistes. H. PERKINS, STEVEN RADELT ET DAVID L. LINDAUER, concluent qu'il n'existe pas de correspondance simple et absolue entre la pression démographique et l'évolution des technologique, la population ne constitue que l'un des nombreux facteurs qui influent sur la nature et la qualité du contexte institutionnel conditionnant l'introduction techniques de la révolution verte, qui peuvent en agriculture, augmenter spectaculairement la production de cultures données, comme le riz et le blé, ont été adoptées dans des régions fortement peuplées, mais pas dans autres. Cela donne à penser que la pression démographique n'a pas été le seul facteur décisif50(*). * 42 T.R. MALTHUS, Essai sur le principe de la population, Paris, Editions Gonthier, 1798 p26 * 43 F. SANDRON, Croissance économique et croissance démographique : Théorie, situation, politiques, Paris, ISBN, 2002, pp1152-4677 * 44D.RICARDO cité par RACHELLE ET RALPH, RENAUD ET WATA, Op.cit.p12 * 45 RACHELLE ET RALPH, RENAUD ET WATA, Op.cit., p15 * 46 A. SAUVY, Théorie générale de la population, volume1, économie et croissance, PUF, Paris, 1963, pp12-13 * 47 RACHELLE ET RALPH HERVE, RENAUD ET WATA, Op.cit. p27 * 48 KUZNETS. S , Statement by the moderator ; committee on demography aspect of economic growth, word population conference, Summary report, vol.1, New York, United Nations department of economic and social Affaires 1965 * 49 MC. NICOLL. G, On Population Growth and Revisionism: Further Questions, New York, The population council, Research Division Working, p.72 * 50 H.PERKINS, STEVEN RADELET ET DAVID L.LINDAUER, Op.cit. p. 310 |
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