L'impact de taux de fécondité sur la croissance économique de la rdcongo de 1997 à 2017par prosper Kangolo shako UNIKI - LICENCIE 2019 |
I.3 Le courant hétérodoxe ou relativiste (le révisionnisme)L'étude des relations entre population et croissance économique mérite deux remarques linaires. En premier lieu, elle doit être soigneusement distinguée des relations entre population active et croissance, car même si on en doute, les deux relations sont étroitement liées. Ensuite elle ne doit pas être étudiée avec le préjugé qu'un excès de population freine la croissance économique. ALFRED SAUVY avait développé le concept d'optimum de peuplement pour bien montrer que le défaut de population, autant que son excès, pouvait freiner le développement économique.51(*) Le classique : « il n'est de richesses que l'homme » de Jean BODIN a été relayé entre autre, par l'analyse d'EMILE DURKHEIM52(*), pour qui le développement numérique de la population est une des causes de la division du travail social ; « ladivision du travail social est elle-même le point de départ de toute une série de perfectionnements dans tous les domaines de la vie ». Dans le même ordre d'idées, ESTHER BOSERUP 196553(*) présenta des arguments dans le but de réfuter l'idée selon laquelle la croissance démographique rapide est un frein au développement. Selon elle, cette croissance engendre de préférence une nouvelle organisation dans la collecte et dans la progression des denrées agricoles par tête. C'est de l'accroissement de la population que résultent des modifications dans le mode d'exploitation des terres et non l'inverse. Ainsi, c'est la croissance démographique qui incite les sociétés à se trouver des terres. Par contre, moins le pays est peuplé mois cette société cherchera à trouver de nouvelles techniques pour améliorer la production de ces terres. Par-là, BOSERUP défend le rôle moteur que joue la croissance démographique dans le changement des techniques. Ce qu'elle désigne sous le nom de pression créatrice. La perspective orthodoxe fut attaquée dès la fin des années soixante, sous le double effet de l'absence durable de corrélation significativement négative entre croissance démographique et croissance économique et de la remise en cause théorique et empirique de ses principaux résultats. Mais, elle ne vit s'édifier, face à elle, un paradigme alternatif cohérent et robuste qu'à partir des années quatre-vingt. PAUL DEMERY54(*) appela alors le révisionnisme cette perspective renouvelée par opposition à l'orthodoxie que pouvait constituer le corpus néo-classique et néo-malthusien des effets négatifs de court terme. La définition des révisionnismes nécessairement critique par rapport à la théorie de Malthus, puisque ce mouvement d'analyse se construit sur les échecs et les apories du système orthodoxe. Le problème est en substance de vérifier si la croissance démographique a réellement (révisionnisme extrême) des effets négatifs sur la croissance économique, ou de mesurer et relativiser la portée réelle de ces effets (révisionnisme modéré) au cas où ils existeraient réellement.55(*) Le point essentiel sur lequel tous s'entendent, est que les conséquences de la croissance démographique sur la croissance économique ne peuvent être isolées de façon agrégée et monolithique, sans prendre en compte les liaisons multiples qui caractérisent le système démographique, dans toutes ses temporalités. De plus, la forte croissance démographique est un facteur parmi d'autres, qui peut selon les circonstances jouer soit négativement dans le court terme, sur la croissance du niveau de vie. Les conclusions orthodoxes doivent donc être relativisées, nuancées et conceptualisées.56(*) La réponse de KARL MARX57(*) à la théorie malthusienne est cinglante. Le marxisme a toujours eu une attitude de rejet à l'égard de l'interprétation malthusienne des rapports entre croissance de la population et bien-être, rapprochant aux malthusiens de négliger les processus réels en particulier le progrès technique et de vouloir rendre la croissance démographique responsable du chômage et d'autres vices découlant de la nature même du capitalisme. La polémique avec le malthusianisme a conduit à des attitudes extrêmes : à nier, par exemple, l'influence négative de l'explosion démographique sur la solution des problèmes économiques et sociaux des pays en voie de développement. A présent, les démographes marxistes se sont libérés de leur façon simpliste de comprendre les interactions des processus économiques et démographiques. Mais dans l'ensemble, la tradition marxiste constitue comme par le passé, à ne pas surestimer le rôle du facteur démographique, surtout ses incidences négatives sur le développent économique et l'augmentation du bien-être, qu'il soit question de croissance rapide ou de croissance lente de la population. Par ailleurs, l'une des synthèses les plus efficaces de la perspective révisionniste est donnée par KELLEY58(*) dans son importante revue de la recherche en 1996, il affirme que dans de nombreux pays, l'impact de la population fut vraisemblablement négligeable et fut même positif dans certains d'entre eux(...), parce qu'Il n'y a pas d'estimation fiable et généralement acceptée de l'effet de la population sur le développement, seule une appréciation qualitative semble pour être formulée. Cette appréciation positive ou négative varie d'un pays à l'autre, à travers le temps et potentiellement, avec le taux de croissance démographique. Ce qui est clair, c'est qu'une appréciation de l'impact d'une poussée démographique sur la croissance économique peut être très complexe, tenant compte de problème tel que le chômage, la famine et malnutrition pour ne citer que ceux-là. Insister sur les politiques de ralentissement de la croissance démographique sans tenir compte simultanément de tous les autres facteurs fondamentaux, peut conduire à de résultats très décevants. Toujours selon KELLEY, le ralentissement de la croissance démographique semble avoir un effet net positif sur le ratio capital / travail et un effet probable sur le taux d'épargne. Simultanément, même si le ralentissement de la croissance démographique a un effet d'approvisionnement du capital, cet effet semble être relativement modeste, car dans l'industrialisation, les économies d'échelles sont épuisées pour des tailles urbaines modérées. Le ralentissement de la croissance démographique n'a donc vraisemblablement pas d'impact négatif sur la productivité dans le secteur manufacturé urbain. Dans l'agriculture, la relation positive qui existe entre la densité et la productivité (choix des techniques) semble se transformer en relation négative (rendements décroissants) pour des densités trop importantes. D'où, les mécanismes qui réalisent la pression démographique pour transformer en mal « malthusien » en richesse supplémentaires sont complexes et ambivalents. * 51 A. SAUVY : Théorie générale de la population, économique et croissance, vol.1, PUF, Paris, 1963 * 52 E. DURKHEIM, De la division du travail social, Paris, PUF, 2007, P.360 * 53 E. BOSERUP, http//WWW.Googlescholar.com consulté le 02/12/2018 à 22h30 * 54P. DEMERY, Social science and population policy, Population and Development Review,volume 14,numéro3,1988 * 55 E. CANALIS ET EBERT.C, Croissance et population, Licence analyse et politique économique, vol 12,1999-2000 * 56 E. CANALIS ET C EBERT, Op.cit.p1500-2200 * 57 K. MARX, Capital, Thome2, bibliothèque de la pléiade, Gallimard, 1977, p225 * 58 KELLEY, The impact of population growth on well-being in developing countries, Heidelberg. Springer, Population economics, DUKE UNIVERSITY WORKINGPAPERS,1996 |
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