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Styles de coping et niveau de stress scolaire chez des élèves de troisième et terminale à  Abidjan


par Yaba Florence ELOYE
Centre Ivoirien d'Etudes et de Recherche en Psychologie Appliquée - Université FHB Cocody - Master 2  2017
  

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CHAPITRE IX - DISCUSSION DES RÉSULTATS

Dans l'ensemble, les résultats de nos investigations démontrent chez les élèves interrogés, une bonne capacitéd'adaptation à leurs difficultés scolairesqui s'exprime dans l'ensemble par des niveaux de stress scolaire relativement modérés.De façon plus concrète, les élèves mettent majoritairement à contribution le style productif, suivi par le style non productif et le style référence aux autres. Par ailleurs, le style productif et le style référenceauxautres se rapportent à un niveau de stress scolaire faible,contrairement au style non productif qui est associé à un niveau élevé de stress.

Cesconstats rejoignent les conclusions de recherches antérieuresréalisées auprès de groupesculturels variés, notammentsur le copingdesadolescents Australiens, Québécois, Suisses, Américains (Frydenberg & Lewis, 1994; Seiffge-Krenke & Shulman, 1990; Stark & al., 1989)qui utilisent un large répertoire de stratégies associées au style« productif ».Les recherches de Seiffge-Krenke (1993) portant sur le coping ont conclu que l'utilisation de stratégies « fonctionnelles» caractérise les groupes d'adolescents normaux, alors que l'utilisation des stratégies « dysfonctionnelles » prédomine dans les groupes d'adolescents cliniques.

En accord avec les résultats de notre première hypothèse, plusieurs études confirment que les stratégies productives sont associées au bien-être psychologique (Frydenberg& Lewis, 2004; Pronovost & al., 2003; Compas, 1987)tandis que les stratégies non productives sont liées à une mauvaise adaptation psychosociale.Ebata et Moos (1991, 1994) ont montré que l'utilisation de stratégies comme l'évitement (coping non productif), place l'adolescent dans une situation où il risque de faire preuve d'une faible adaptation aux stress et aux crises qui surviennent au cours sa vie. Par ailleurs, les jeunes qui emploient l'évitement comme stratégie de coping semblent présenter plus de détresse psychologique, et vivre des stress chroniques.

Dans une étude longitudinale sur les styles de coping approche (style productif) et évitement (style non productif), en relation avec la santé mentale des adolescents,Herman-Stahl, Stemmler, et Petersen(1995) relèvent que ce n'est pas seulement la faible fréquence d'utilisation du coping évitementqui est bénéfique à une adaptation optimale, mais c'est aussi et surtout la présence du coping approche. Ainsi, les adolescents qui utilisent un coping approche (qu'ils privilégient ce style ou qu'ilsen usent avec un emploi réduit du style évitement) ont moins de symptômes dépressifs. En revanche, ceux qui utilisent uniquement un style évitement présentent plus de ces symptômes. En outre, les sujets qui après une année sont passés d'un style de coping évitement à un style approche ont vu leurs symptômes dépressifs diminuer significativement, alors que l'inverse s'est produit chez ceux qui sont passés d'un style approche à un style évitement.

En ce qui concerne la seconde hypothèse, les résultats sont comparables à ceux d'une étude longitudinale effectuée par Jonhson et Pandina (1993), où le coping utilisé par 1270 adolescents vivant différents niveaux de stressa été examiné, mais cette fois en association avec des problèmes de consommation d'alcool. Leurs résultats indiquent que les adolescents très stressés qui utilisent souvent la recherche de soutienaffectif (coping référence aux autres)disent vivre moins de problèmes reliés à la consommation d'alcool. Par contre, les adolescents qui vivent un niveau de stress élevé et qui utilisent des stratégies de coping dysfonctionnelles dans le but de faire baisser la tension ou de la réprimer connaissent le plus grand nombre de problèmes reliés à la consommation d'alcool. Jorgensen et Dusek (1990) ont aussi mesuré le coping et l'adaptation psychosociale de 139 adolescentes et 192 adolescents. Les adolescents qui ont des problèmes au niveau psychosocial, en comparaison avec ceux qui sont mieux adaptés, utilisent davantage un style de coping non productif; comme la rêverie, blâmer les autres pour leurs problèmes, écouter de la musique, dormir, crier... pour réduire la tension. Ils utilisent aussi des stratégies d'évitement comme consommer des substances, rester loin de la maison aussilongtemps que possible et/ou essayer de minimiser leurs problèmes. Toutes ces stratégies sont non productives puisqu'elles tentent uniquement de réduire la tension plutôt que de produire des comportements qui pourraient vaincre la difficulté.

Les résultats portant sur la troisième hypothèse n'ont pas permis d'établir de différence significative entre le coping productif et le coping référence aux autres, même si les moyennes obtenues vont dans le sens de l'hypothèse formulée.La moyenne du stress scolaire obtenue pour le coping référence aux autres est plus élevée que pour celle du coping productif.Il est intéressant de noter à ce sujet les études qui témoignent que le fait de recevoir du soutien est une bonne gestion de stress et favorise une adaptationplus adéquate. En effet, desrecherches ontdémontré que le soutien social notamment familial (assimilable au coping référence aux autres),favorise le bien-être psychologique des personnes qui le reçoivent (Pronovost & al., 2003).Hess et Copeland (2001)expliquent aussi que les élèves ayant des activités sociales limitées et recourant rarement à des stratégies de recherche de soutien social sont plus à risque d'abandon scolaire.Ces chercheurs, à partir d'une étude effectuée auprès de 92 adolescents américainsont confirmé l'hypothèse selon laquelle l'utilisation du support familial comme stratégie d'adaptation prédit la réussite scolaire et l'apprentissage de stratégies d'adaptation telles que la résolution de problèmes aide les adolescents à diminuer leur stress.Menna et Ruck (2004) renchérissent que s'adapter efficacement est important dans l'apprentissage des mathématiques, de la lecture et des sciences. Il s'agit de conclusions remarquables qui soulignent l'intérêt et l'importance de fournir un appui aux élèves pour les aider à améliorer leurs performances. Toutefois, ces recherches mesurent le coping de type social à partir d'échelles non comparables aux trois styles répertoriées par Frydenberg et Lewis.

En résumé de ce qui précède, nous pouvons retenir que les adolescents qui ne savent pas comment résoudre leurs difficultés et qui se montrent plus vulnérables au stress, peuvent voir leur adaptation et leur réussite scolaires compromises. L'état de stress correspond à une expérience subjective qui est susceptible d'amoindrir les facultés intellectuelles, les émotions, les comportements et l'organisme d'une personne. Le coping peut être considéré comme une forme de résolution de problèmes qui se rapporte spécifiquement aux contraintes ou demandes de l'environnement, vécues par l'individu comme productrices de stress.Il faut donc nécessairement prendre conscience de ces modes habituels de réactions et d'ajustement au stress, pour parvenir à opérer les changements nécessaires à une amélioration des performances chez les élèves. C'est ce qui justifie les recommandations ci-après.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo