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Styles de coping et niveau de stress scolaire chez des élèves de troisième et terminale à  Abidjan


par Yaba Florence ELOYE
Centre Ivoirien d'Etudes et de Recherche en Psychologie Appliquée - Université FHB Cocody - Master 2  2017
  

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CHAPITRE VIII - INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

En vued'établir une relation entre le style de coping et le niveau de stress scolaire chez des élèves de troisième et terminale d'Abidjan, trois hypothèses de recherche ont été formulées.

Selon la première hypothèse, les élèves de 3èmeet terminale au style de coping non productif, expriment un niveau de stress scolaire supérieur à celui de leurs pairs au style de coping productif.La seconde hypothèse présume que les élèves de 3èmeet terminale au style de coping non productif expriment un niveau de stress scolaire supérieur à celui de leurs pairs au style référence aux autres. Quant à la troisième hypothèse, elle prétend que les élèves de 3èmeet terminale au style de coping référence aux autres expriment un niveau de stress scolaire supérieur à celui de leurs pairs au style de coping productif.Ces pronostics ont été soumis à l'épreuve des statistiques ; le test du t de Studenta confirméles deux premières hypothèseset contredit la dernièreprédiction.

De façon globale, les résultats montrent que le style de coping productif est le plus exploité par les élèves,suivi du style non productif et du style référence aux autres. En outre, lesniveaux moyensde stress scolaire prouvent que le style non productif est associé à un stress plus élevé que le style productif et le style référence aux autres, qui génèrent (tous les deux) un stress faible. Ces résultats corroborent la thèse de Frydenberg et Lewis (1993) selon laquelle la capacité des adolescents à s'adapter aux différentes exigences de leur environnement dépendde leur répertoire de stratégies d'ajustement. Il est reconnu que certaines stratégies favorisent l'adaptation, alors que d'autres la rendent plus difficile.

Nos résultats indiquent une similarité entre le style productif et le style référence aux autres dans le sens d'une réduction du niveau de stress, à l'opposé du style non productif qui agit différemment des deux autres. Si l'on se réfère à l'approche théoriquede Lazarus et Folkman (1984),les résultats obtenus s'expliquent par leprocessus psychologique mis en place par les utilisateurs de ces styles de coping pour surmonter leurs difficultés.

Dès lors qu'un individu juge une situation menaçante,les processus d'évaluation cognitive et de coping entrent en interaction. Quelques soient les différentes sortes de craintes éprouvées par les élèves vis-à-vis de l'école, les stratégies qu'ils mettent en place sont essentiellement en rapport avec la façon dont ils jugent leur environnementetleurs compétences. Face à une situation stressante, l'individu traite l'information et évalue l'événement auquel il est confronté, ainsi que ses compétences ou ses ressources pour l'affronter (traitement cognitif). Il procède à une analyse du contexte dans lequel il va pouvoir mettre en oeuvre telle ou telle stratégie. Le contexte correspond à la fois à l'environnement externe et à l'état interne provoqué par la perception qu'a le sujet de cet environnement. Il faut souligner que la situation scolaire est une situation où l'élève doit produire publiquement une performance, et il existe une incertitude quant au résultat qu'il peut obtenir ; son estime de soi est donc menacée en cas d'échec. Devant lui se profile l'inconnu, l'imprévisible : « Puis-je m'en sortir ? Que va-t-il arriver ? »

Une fois cette analyse réalisée, l'élève s'organise pour chercher à diminuer ou à faire disparaître le stress en déployant un certain nombre de stratégies, en tenant compte de ses buts d'accomplissement. Elliot et Dweck (1988) expliquent à ce sujet que chaque butd'accomplissement évoque des pensées, des émotions et des comportements spécifiques, déclenche un programme avec des règlesde décision, et des modes de raisonnement distincts. En d'autres termes, chaque butprovoque des conséquences cognitives, affectives et comportementales qui lui sont propres.

Avec le style de coping non productif,il y a une focalisation sur les émotions et ce qui compte pour les élèves, c'est de réduire à court ou à moyen terme les effets négatifs du stress au niveau de leur ressenti et de leurs pensées.Leur but, c'est juste d'éviter la situation qu'ils jugent menaçante etl'inconfort qu'elle leur occasionne. Ces élèves évaluent négativement leurs compétences :ils s'auto-dévalorisent, pensent que le contexte leur est défavorable et n'escomptent donc pas la réussite. Ils ont une vision pessimiste, aussi ils préfèrent fuir toute réalité qui leur est désagréable, et ne se donnent pas de chance de vaincre leurs faiblesses. Ils choisissent des stratégies d'évitement des difficultés. Ils espèrent échapper à la réalité en ignorant lestâches scolaires et en laissant le travail s'accumuler. Des stratégies comme « adopter une pensée magique » « s'inquiéter » ou « ne rien faire » révèlent une posture passive et de non contrôle. À force de subir les évènements sans chercher à résoudre les problèmes, les élèves de ce groupe de coping se laissent envahir par la situation et par les émotions négatives.L'inquiétude s'amplifie, et ils ont de plus en plus de mal à résister psychologiquement. Dans ces conditions, le niveau de stress augmente. C'est pourquoiles résultats obtenusattestent que les élèves au style de coping non productif expriment plus que leurs pairs de styleréférence aux autres, et productif, un niveau de stress scolaire élevé.

Par ailleurs,les tests statistiques établissent un niveau de stress faible pour le style de coping productif et le style référence aux autres ; ces résultats suggèrent une similarité entreces deux catégories de coping. Cela s'explique vraisemblablement par la caractéristique communeque partagent les élèves de ces deux groupes : l'optimisme. En raison de la vision positivequ'ils se font de leur situation, ces élèves visent le même objectif de réduire ou d'éliminer les demandes du stresseur. Cependant, les stratégies qu'ils élaborent devant les problèmes sont différentes.

Dans le style productif,les élèves évaluent positivement leurs compétences, et ont confiance en eux-mêmes. Ilsorientent donc leurs stratégies dans le sens de contrôler l'impact des difficultés et desurmonter les obstacles par leurs propres moyens. Les actions qu'ils déploient démontrent une volonté de travailler de façon autonome, de maitriser leur potentiel et d'accroitre leurs performances. Les habitudes cognitives et comportementales développées, impliquent des efforts intellectuels soutenus,une attention focalisée sur la réflexion et le travail. Les stratégies telles que « travailler à résoudre le problème », « se centrer sur le positif »,« travailler fort pour réussir », montrent que ces élèves s'engagent dans les activités scolaires parce qu'ils les considèrent comme quelque chose de cohérent avec leurs valeurs et leurs buts. Ils ne réalisent pas les tâches scolaires pour répondre à une pression externe, mais parce qu'ils jugent cela important pour atteindre leurs buts de réussite.Qu'il s'agisse par exemple d'acquérir de nouvelles connaissances, de rédiger des travaux ou de présenter un exposé, les élèves au style productif ont plus de chancede d'obtenir un bon rendement. La stratégie « se détendre, se divertir » renforce leur état affectifpositifet a pour effet la baisse des tensions ou du stress.

À côté de cette catégorie, les comportements affichés dans le coping référence aux autres, expriment plutôt l'intention de profiter de l'aide des autres pour atteindre leurs objectifs. Par contraste avec le coping productif, dans le style référence aux autres les élèves ont plus tendance à faire confiance aux autres qu'à leurs propres aptitudes. Ils comptent sur leur entourage et pour répondre aux exigences de leur environnement. Ainsi, pour surmonter les craintes liées à la situation menaçante, l'élève s'engage dans des stratégies telles que « investir dans ses amis », « entreprendre des actions sociales » ou « rechercher de l'aide professionnelle ». Il profite de l'opportunité que lui offre son réseau relationnel et s'évertue à obtenir le concours et les ressources des autres, afin de réaliser ses tâches. S'il reçoit le soutien recherché la pression éprouvée sera réduite ; dans le cas contraire, il risque d'être perturbé. Cela peut expliquer le fait que les élèves du groupe référence aux autres, ont obtenu une moyenne plus élevée que les élèves du groupe productif.

En définitive, les résultats de nos investigations permettent de se rendre compte que le stress scolaire est un défaut d'adaptation à l'environnement scolaire ; il est rattaché selon divers degrés, à des réponses psychologiques de type "non productif", "référence aux autres" et "productif".L'élève confronté à un décalage entre les exigences de son environnement scolaire et ses propres capacités, puise dans ses tendances habituelles pour produire ses réponses de coping. Ces styles d'ajustement traduisent le processus qui débouche sur le choix d'éviter de faire face à la situation stressante,de l'affronter en la résolvant, ou de chercher de l'aide auprès d'autrui.

Nos résultats ainsi interprétés feront l'objet d'une confrontation avec ceux des travaux antérieurs et le prochain chapitre de notre étudeest consacré à cette discussion.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon