V.4.4 Les ambitions du football et crises sociales
liées à sa pratique
Les ambitions du football restent hypothétiques dans
les clubs de division d'élite au Cameroun. Les problèmes
liés à la pratique de celui-ci sont d'origine naturelle par
l'état dans lequel se trouvent les infrastructures
d'accompagnement ; il est aussi d'origine culturelle à travers la
volonté des parties prenantes. L'insuffisance des moyens financiers
empêchent l'évolution du CSY de nos jours. Au regard de la
position qu'il occupe depuis bon nombre d'année, un patriarche a
déclaré que « le Canon de Yaoundé ne bougera
jamais tant que la gestion ne sera pas claire et public ».
Faute de moyens financiers pouvant établir des passeports
aux joueurs, les transporter vers les pays voisins pour la coupe des vainqueurs
de coupes et la ligue des champions, le club s'arrange à éviter
la première, la deuxième et la troisième place dans le
classement général du championnat. C'est à ce niveau que
le football business commence parce que la cession des matches se fait avec
pour contrepartie de l'argent via les officiels de matches et les officiels
d'équipes. Le match est donc « vendu » et cet
arrangement se fait lors de la réunion entre ces officiels d'où
le sort douteux d'un match quelque soit la performance. Il s'agit alors de la
corruption dans le football.
Une autre crise liée à la pratique du football
est l'utilisation du football lors des discours politiques comme socle de paix
et de stabilité nationale, et des footballeurs comme modèle de
réussite sociale. Les jeunes quant à eux ont pour ambitions la
réussite spontanée via le football. Pourtant Emile DURKHEIM
(1917) Dans les sociétés contemporaines, mentionnait
déjà que « c'est le travail qui assure en grande
partie l'intégration sociale. Par conséquent, l'absence de
travail détermine aussi un risque majeur d'exclusion
sociale »
La pratique du football fait appel à plusieurs
éléments propitiatoires dans la mesure où elle permet
à certains joueurs d'accéder au haut niveau, de mettre en oeuvre
leur compétence tactico-technique et physique. Par contre, sa pratique
renferme aussi des éléments qui mal utilisés, ont des
effets sur la carrière, le physique et/ou le psychisme des joueurs.
V.5 DE L'ANALYSE STRATEGIQUE ET DU CULTURALISME A LA
COMPREHENSION DE LA PRATIQUE DU FOOTBALL AU SEIN DU CANON SPORTIF DE
YAOUNDE
« L'Homme est un être
inachevé » signalait Francis BACON (1624) dans La
nouvelle Atlantide. C'est dire cet Homme est régulièrement
insatisfait. Francis BACON (1624) rejoint ainsi Michel CROZIER (1977) dans son
analyse des institutions. Cela est visible dans le Canon Sportif de
Yaoundé. On observe la primauté des intérêts
individuels sur les intérêts collectifs ; ce qui bloque par
conséquent le système tout entier. Certains membres du staff
administratif dudit club se substituent en staff technique pour recruter les
joueurs, limoger le coach et prendre certaines décisions car il existe
une sorte de conflit de pouvoir entre le comité de sage, le conseil
d'administration et la direction générale. Le système de
gestion du football dans les clubs camerounais restant presque fermé au
public, laisse croire à l'existence des grands maux tels que la
corruption, le détournement des fonds et le conflit
d'intérêts. Pour cela, la goutte d'eau ayant débordé
le vase vient du système qui a éclaté la tare de
l'instance faitière, précisément au niveau du conseil des
sages, de la direction administrative et du staff technique. Chaque individu
développe alors une stratégie pour sauvegarder ses avoirs et ses
relations. Ces acteurs du club sont cependant issus d'ethnies diverses dont de
cultures différentes. Ces conflits seraient aussi dus au choc de
personnalité de base d'une part issu de ces cultures et d'autre part
à l'intérieur de la culture majoritairement
représentée.
Les items culturels jouent un très grand rôle
dans la configuration de chaque équipe et est porteur d'un message
sacré c'est-à-dire restreint aux populations conceptrices et
exécutrices. Par conséquent, ces mouvements influencent le staff
technique, qui n'a plus que pour rôle de subir la volonté des
forces en présence ou de démissionner s'il ne se soumet pas.
C'est la raison pour laquelle dans la culture, l'individu rencontre une
première enculturation ou socialisation dont les modèles
orientent son comportement d'acteur dans le futur système social. C'est
pour cette raison qu'un joueur qui a préféré garder
l'anonymat, déclarait
« Lors de mon passage dans un club de la MTN
Elite One, les dirigeants du club ont amené tous les joueurs et les
encadreurs dans un lieu sacré, ont ramassé des bonbons dans une
maisonnette qu'ils nous ont donné de sucer disant que celui qui refusait
devait être considéré comme frein à la
réussite de club et par conséquent, devrait être
expulsé du club. Moi j'ai fais ma prière avant de sucer ces deux
bonbons».
Les joueurs migrent et dépeuplent ainsi leur pays
d'origine. Cela est une crise très grave due à la sacralisation
de ce sport. Ajoutons également que les gestionnaires du sport ne sont
pas des sportifs de base, mais des juristes, des hommes d'affaires etc. Cela
explique aussi le mauvais management des ressources matérielles,
financières et humaines dans le football. Le côté
unificateur du football montre que ce sport est un rituel dont tous les membres
ou fidèles y sont conviés et moralement concernés. Jouer
au football est une stratégie personnelle et peut être familiale
mais une incertitude manifeste car les joueurs, constituant l'offre sont plus
nombreux que la demande. Il serait alors préférable pour certains
joueurs de recourir à la métaphysique pour se faire une place
dans un club. De même, certains dirigeants développent des
stratégies individuelles afin d'influencer d'autres et faire valoir leur
opinion au détriment de celui des autres. Le sport qu'est le football
serait une arène à travers le choc de personnalité et
d'influence ou un cercle vicieux par les différentes tares dans sa
pratique et surtout son management.
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