II.2 LE CADRE THEORIQUE
Dans l'optique de vérifier les hypothèses afin
d'atteindre les objectifs préalablement fixés, il est judicieux
de soutenir notre recherche avec des théories. La théorie est un
ensemble cohérent de mots, de groupe de mots, de pensées logiques
ou de chiffres servant à expliquer un phénomène, un fait
et des données. C'est encore l'outil scientifique
d'interprétation des données. Selon MBONJI EDJENGUELE (2005) dans
son ouvrage intitulé L'Ethno-Perspective ou la Méthode du
discours de l'Ethno-Anthropologie culturelle, « la
théorie se veut un corps explicatif global et synthétique
établissant des liens de relation causale entre les faits
observés, analysés et généralisant lesdits liens
à toutes sortes de situations ». D'après
Madeleine GRAWITZ (1990) dans Méthodes de recherche en
sciences sociales, la théorie est « un schéma
simplifié et symbolique destiné à fournir un cadre de
raisonnement rigoureux pour expliquer une réalité
quelconque ». Nous proposant des pistes d'ouverture, d'analyse
et d'interprétation des données de terrain de façon
spéciale, la théorie est une construction purement
intellectuelle, donnant sens et signification aux faits. Nos données
sont interprétées avec quelques principes de trois
théories anthropologiques dont l'analyse stratégique et le
culturalisme.
II.2.1 L'analyse stratégique
Cette théorie intervient dans les
sociétés, les organisations impersonnelles comme les
bureaucraties, qui se présentent d'après Michel CROZIER (1977) en
systèmes uniques, spécifiques dont différents des
organisations humaines qui ont des objectifs définis et tournés
vers les besoins et les résultats précis et immédiats. Ce
modèle théorique a été utilisé dans des
domaines aussi variés que le champ artistique, le domaine politique,
pénal, policier ; le secteur de la santé ; le milieu
carcéral. Il peut donc être utilisé dès lors qu'un
système d'action est mis en évidence dans la vie publique ou
privée. Pour Michel CROZIER (1977) les organisations impersonnelles sont
sources de conflits, qui engendrent des stratégies individuelles
subjectives et intéressées, dont la confrontation aboutit au
blocage du système c'est-à-dire des résistances au
changement, et par là, la non-réalisation des objectifs
collectifs à cause de la divergence des intérêts. L'analyse
stratégique va donc monter que les conflits d'intérêts et
d'autorité poussent les individus à développer des
stratégies gagnantes afin de satisfaire leurs besoins personnels dont
l'interface peut s'avérer nuisible au bon fonctionnement de la structure
d'ensemble pourtant au service de l'homme. Selon l'auteur, c'est sur la base
de ces postulats qu'il faut analyser le fonctionnement des organisations et en
l'occurrence celle du Canon Sportif de Yaoundé.
L'analyse stratégique étudie donc les relations
de pouvoir et les effets des stratégies des acteurs dans l'organisation
sous forme de « zones d'incertitudes » et de
« cercles vicieux bureaucratiques » à cause de la
multiplication des règles. Elle cherche à mettre au jour les
logiques sous-jacentes des systèmes contingents nés de cette
interdépendance. Elle est devenue une méthode de diagnostic
organisationnel et d'accompagnement du changement de plus en plus
usitée, par des chercheurs mais aussi par des professionnels du
management. C'est un système centralisé, rigide et
cloisonné qui imprègne l'ensemble des organisations et
empêche tout changement social. Pour lui, « un mauvais
acteur est un danger pour tout le système ».
L'analyse stratégique en offrant des concepts
théoriques, permet une utilisation dans notre recherche. Elle constitue
un cadre d'interprétation du changement et une démarche
théorique de recherche. Pour cela, nous nous sommes focalisé sur
quelques concepts et groupe de mots tels l'acteur stratégique ; la
stratégie ; le pouvoir et la zone d'incertitude. Ces concepts nous
ont été utiles dans la compréhension du système de
gestion dans le CSY et ses conséquences au niveau des du club en
général et des membres en particulier. Ainsi, les membres actifs
et passifs ou tout simplement les acteurs, recourent à certaines
pratiques magico-religieuses comme stratégie de défense et
d'attaque afin de rayonner, de se maintenir au pouvoir, d'assurer
l'autorité sur le confrère et surtout sur l'équipe
adversaire. Ces différentes stratégies individuelles et
collectives forment ce qu'il convient d'appeler une zone d'incertitude.
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