5.3- Impact psychologique de la
séropositivité
L'annonce de la séropositivité peut être
également perçue comme déstabilisant.Les réactions
et la capacité de résilience varient d'une personne à une
autre.Dépendamment, de la personne, la séropositivité a un
impact considérable sur la santé mentale du patient.C'est
pourquoi, dans presque tous les cas les patients sont affectés
psychologiquement.Avec le diagnostic du VIH, il peut y avoir une
différence sur le plan mental, entre la période avant que le
patient soit au courant de sa séropositivité et après.La
première question de cette section impacts psychologiques de la
séropositivité nous a permis de différencier la
santé mentale du sujet avant et après l'annonce de la
séropositivité.
Tous les patients interviewés dans le cadre de cette
recherche se sentaient mieux sur le plan psychologique et émotionnel
avant la découverte de leur séropositivité.Ils
établissaient une grande différence entre les émotions
éprouvées après la découverte de leur
séropositivité et l'impact psychique.Ceci démontre que la
séropositivité affecte grandement la santé mentale d'un
patient au point de déclencher des troubles psychologiques qui
méritent une prise en charge thérapeutique.Une prise en
charge thérapeutique est nécessaire par rapport à
l'impact que le VIH provoque.Par rapport à la deuxième question
de cette sous section qui détermine la perception du patient par rapport
à l'impact du VIH sur leur santé mentale, nous estimons que le
VIH a une grande influence psychologique.Par exemple,
sept (7) participants sur huit (8) affirmaient que
le VIH/SIDA peut provoquer des troubles psychologiques. Certains
faisaint référence aux symptômes de la dépression et
d'autres soulèvaient des symptômes de troubles
psychotiques.
Bien entendu, l'impact généré
après le diagnostic dépend de la personnalité de la
personne.Certaines personnes sont peu affectées que
d'autres.Richa(2006)soulignait que certains patients acceptent calmement le
diagnostic d'une maladie chronique, mais d'autres souhaitent la mort et
refusent de continuer à vivre.Il soulignait également que la
dépression suscitée par une maladie chronique, la gêne, la
peur des résultats du traitement, l'angoisse due aux dépenses
peuvent être de la source de l'isolement et de la faible estime de
soi.
5.4- Signes et symptômes de la dépression
5.4-1. Cas des
sujets dépressifs
Cette section nous a permis d'atteindre deux des trois
objectifs de notre recherche.Ces deux objectifs étaient de : 1)
Décrire les manifestations de la dépression chez les patients
adultes séropositifs. 2) Établir un jugement clinique de la
dépression chez les patients séropositifs. Nous avions deux
groupes de patients : ceux qui présentent des symptômes
majoritaires de la dépression que nous jugeons de patients
dépressifs.Ils présentent plus de cinq symptômes dont
deux la tristesse profonde et la perte d'intérêt pour les
activités quotidiennes qui sont accompagnés de quatre autres
symptômes.
Le premier groupe de cas concerne les
patients séropositifs dépressifs qui étaient au
nombre de cinq (5) :trois (3) hommes et
deux (2) femmes. Quatre sont dépressif à une
intensité moyenne, un autre à une sévère avec un
symptôme psychotique et trois autres présentaient un ou plusieurs
symptômes de la dépression, mais n'étaient pas
dépressifs.
Le premier cas concernait un homme dénommé
«?Cas RD 01?». Le sujet était de 56 et était
au courant de sa séropositivité depuis environ deux ans.Il
ne savait ni lire ni écrire. Il est venait
de Ouanaminthe.Il était cultivateur.Ce patient présentait
sept (7) des 10 symptômes de la dépression que nous
avions pris en considération.Il présentait symptômes
suivants : tristesse profonde à intensité moyenne, perte
d'intérêt des activités plaisantes à
intensité moyenne, sentiment de culpabilité à forte
intensité, fatigue à intensité moyenne, troubles de
sommeil à forte intensité, ralentissement cognitif à
intensité moyenne et ralentissement moteur à intensité
moyenne.En raison de ces signes et symptômes, il était
évident que ce patient est dépressif à une
intensité moyenne.
Pour établir un jugement clinique de la
dépression chez les patients séropositifs, nous nous basons sur
les critères de diagnostic de la CIM-10 cité par Bertrand-Servais
(2004). C'est pourquoi nous estimons qu'il présentait une
dépression moyenne. De plus, malgré que ce sujet prenne
conscience de sa séropositivité depuis 2 ans et sept mois, il
n'est pas épargné de l'un des impacts de la
séropositivité chez lui qui est la dépression.
Nous donnons le nom de «?cas MJ 03?» à
ce cas.Ce patient était un homme de 33 ans qui était au courant
de sa séropositivité depuis sept (7) mois.Il
présentait six (6) des 10 symptômes de la
dépression que nous considérons.Ces symptômes
étaient : tristesse à forte intensité, perte
d'intérêt des activités plaisantes à
intensité moyenne, sentiment de culpabilité à forte
intensité, fatigue à intensité moyenne, faible estime de
soi à faible intensité et ralentissement cognitif à forte
intensité.Par conséquent, nous situons le niveau de la
dépression de ce sujet à une intensité moyenne si nous
nous référons aux critères de diagnostic du DSM 5. En
fait, il présentait 6 symptômes sur 10 (une majorité). De
plus, les symptômes qu'il présente étaient majoritairement
élevés. Donc, nous pouvons affirmer que sa dépression est
moyenne.
Le troisième cas de ce groupe est celui d'une femme
âgée de 30 ans qui habitait à Ouanaminthe.Nous
appelons ce cas «?BE 04?».Elle était au courant de
sa séropositivité depuis environ un an.Elle n'est pas
mariée, nais vit une relation d'union libre.Elle avait
complété ses études secondaires.Cette participante
présentait sept (7) symptômes de la dépression
sur 10 que nous avions pris en considération.Ses symptômes
étaient : tristesse à forte intensité, perte
d'intérêt des activités plaisantes à
intensité moyenne, faible sentiment de culpabilité, fatigue
à faible intensité, estime de soi moyenne, troubles
d'appétit à intensité moyenne et troubles de sommeil
à intensité moyenne.Donc, par rapport aux signes et
symptômes qu'elle présentait, nous estimons que cette patiente
était bien dépressive.Puisque le DSM 5 (2016) montre que la
dépression moyenne nécessite une quantité de
symptômes et/ou de l'altération du fonctionnement qui sont compris
entre «?léger?» et «?grave?». Or le nombre de
symptômes est de 7 sur 10, donc nous pouvons mesurer sa dépression
à une intensité moyenne.
Notre quatrième de ce groupe s'appelle
«?ST 07?».C'est un homme de 36 ans qui était au courant
de sa séropositivité depuis quatre (4) ans.Il
était marié.Il a achevé ses études secondaires. Il
pratiquait la maçonnerie comme activité professionnelle. Il
présentait neuf (9) de nos 10 symptômes de
dépression qui étaient : tristesse à intensité
élevée, perte d'intérêt des activités
plaisantes à faible intensité, sentiment de culpabilité
à une forte intensité, fatigue à intensité moyenne,
faible estime de soi, trouble d'appétit à une intensité
moyenne, troubles de sommeil à une intensité moyenne,
ralentissement cognitif élevé et ralentissement moteur moyen.
Pour juger le niveau de la dépression de cet homme,
faisons une comparaison entre les critères qui mesurent
l'intensité de la dépression entre la CIM-10 cité par
Bertrand-Servais et le DSM 5, en considérant l'intensité
sévère. Pour Bertrand-Servais (2004), l'épisode
dépressif ou la dépression à une intensité
sévère nécessite la présence de dix
symptômes. Le DSM 5 (2016) ne précise pas la quantité
de symptômes qui doivent être réunis pour parler de
dépression sévère, mais soutient que la quantité de
symptômes est en excès par rapport à la quantité
nécessaire pour établir le diagnostic. Dans le ce cas, ce
participant présentait 9 symptômes sur 10. Donc, la
quantité de symptômes est en excès par rapport à la
quantité suffisante pour poser le diagnostic de la dépression
sévère. En outre, ce participant présentait le
symptôme de délire de persécution. Il pensait que sa
séropositivité avait une portée maléfique et qu'il
est dû à cause de la jalousie de son collègue de travail
qui lui a inssufflé le VIH sous forme de poudre. En plus d'être
atteint d'une dépression sévère, sa dépression est
accompagnée d'un symptôme psychotique. Il faut souligner aussi
qu'il était au courant de sa séropositivité depuis quatre
ans, mais le nombre d'année qu'il vit avec le virus du SIDA dans le sang
ne lui épargne pas d'une dépression sévère.
Le «?cas PJ-B?» concerne une femme de 48 ans qui
était au courant de sa séropositivité depuis 3 ans.Elle
ne savait ni lire ni écrire. Elle était
commerçante et est dans une relation d'union libre. Elle
présentait six (6) des 10 symptômes de la
dépression considérés qui étaient : tristesse
à une intensité élevée, perte
d'intérêt des activités plaisantes à faible
intensité, faible estime de soi, trouble d'appétit à
intensité moyenne, trouble de sommeil à intensité moyenne,
ralentissement cognitif à intensité moyenne.En raison de ces
signes et symptômes nous estimons en plus d'être
séropositive, elle est dépressive. Puisqu'elle présentait
une majorité (6 sur 10), nous pouvons déterminer qu'elle avait
une dépression moyenne.
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