5.2- Compréhension et perception de la
séropositivité
Dans la première sectionon se rapplle que tous les
participants que nous avions rencontrés dans le cadre de cette recherche
étaient des personnes séropositives qui suivaient un
traitement antirétroviral (ARV), c'est-à-dire,
elles étaient bel et bienséropositives.Pourtant,
sept participants nous ont confiées que le résultat qui
leur a été communiqué a été un
résultat positif contre un qui affirmait que son résultat a
été négatif, mais il a commencé son traitement
antirétroviral (Cas S T 07).Tandis que, quelques mois plus tôt
(avant de l'avoir rencontré dans le cadre de cette recherche) sa charge
virale était évaluée à plus de 50 000 copies par
mililitre. Donc, il réellement séropositif.
À son discours, nous pouvons accorder deux
interprétations : le délire de persécution et le
déni.Un des rares participants présentait le délire de
persécution comme symptôme.En plus de nier sa maladie, il pense
qu'il est persécuté par son collègue jaloux de son
salaire.Il faut rappeler que Bertrand-Servais(2004) expliquait que la
dépression est rarement escortée de délires et
d'hallucinations.Ce sont deux symptômes de cas de troubles
psychotiques.Cependant, ils sont réactionnels à la phase
aiguë de la dépression.Avec neuf symptômes sur dix, ce
patient a une dépression majeure accompagnée d'un symptôme
psychotique qui est le délire de persécution.
Quand il s'agit de maladie chronique et mortelle, ce n'est pas
toujours facile d'accepter.Avant de faire le deuil d'une maladie chronique
comme le VIH, le patient peut prendre du temps avant de franchir au fur et
à mesure les étapes du
deuil.Richa (2006) énumèrait cinq étapes
que peut franchir un patient avec une maladie chronique :
a) l'annulation, b) la dénégation et le
déni c) le marchandaged)ladépression, et
e) l'acceptation.Dans ces étapes, considérons la
dénégation et le déni pour expliquer le refus du
patient.La dénégation est une négation en paroles, un
refus verbal, pourtant le déni est une négation en actes.À
ce stade, le patient nie sa maladie, nie la situation qui lui parait
catastrophique justement pour atténuer l'angoisse et se protéger
de l'idée de la venue d'une mort éventuelle.Et par déni,
il refuse la réalité qu'il vit et minimise les symptômes
ressentis et parfois refuse un traitement approprié à la maladie
chronique.
C'est ce que fait ce patient qui affirmait que son
résultat a été négatif pendant qu'il suit un
traitement d'ARV et refusait d'accepter son statut de
séropositivité.Il refusait la réalité en montrant
que ce n'était pas le vrai VIH qu'il a eu en comparant sa
situation à celle des autres personnes séropositives.Puisque la
situation lui parait catastrophique, il nie la situation pour se
protéger des angoisses que cela peut bien provoquer sur sa santé
mentale.
Pourtant, il présente 9 des 10 symptômes que nous
avions pris en considération lors de l'entretien.La tristesse profonde
se manifeste à une intensité élevée ;la perte
d'intérêt des activités plaisantes à une
intensité faible ;les sentiments de culpabilité à une
intensité élevée.Il ne présente pas le
symptôme d'idées suicidaires.Il se sent fatigué à
une intensité moyenne ;ll a une plus ou moins faible estime de
soi ; il a des troubles d'appétits à une intensité
moyenne et des troubles de sommeil à la même intensité.Son
Ralentissement cognitif est élevé et son ralentissement moteur
moyenne.
En outre, il est aussi probable que le sujet comprend mal le
résultat qui lui a été communiqué. Quand on
communique un résultat positif à une personne suite à un
test de VIH, si le counseling pré-test n'a pas été fait ou
que le counseling post-test est mal fait, positif peut signifier que tout va
bien, qu'il n'a pas le virus du VIH dans le sang. Cependant, ce patient admet
qu'il est infecté par le VIH, mais nous affirme que son résultat
est négatif.
La deuxième question a été traduite
ainsi : Quel sens avez-vous donné à ce
résultat?? Cette question nous a permis de voir le sens que le patient
donne au résultat qui lui a été communiqué lors de
l'annonce de la séropositivité. En effet, une personne peut avoir
trois attitudes lors de l'annonce de sa séropositivité :
1) interpréter le résultat pour ce qu'il est
en réalité, c'est-à-dire positif et de suivre un
traitement, bien qu'accepter la séropositivité est souvent
très difficile ;2) que cela va engendrer des
problèmes émotionnels et
psychologiques ;3) douter du résultat et tenter de
refaire le test ailleurs.
La première catégorie de réponse renvoie
à deux étapes des mécanismes de défense
de Richa (2006) :la dépression et l'acceptation.À
l'étape de la dépression de l'annonce d'une maladie chronique, le
patient reconnaît les symptômes de sa maladie, son
diagnostic, l'impact de la maladie sur sa santé et l'aborde de
manière angoissante.À ce stade, les symptômes de la
dépression peuvent être manifestes.Il peut à ce moment
accepter un traitement approprié.À l'étape de la
dépression de l'annonce d'une maladie chronique, le patient
reconnaît les symptômes de sa maladie, son diagnostic, l'impact de
la maladie sur sa santé et l'aborde de manière
angoissante.Cependant, une psychothérapie est indispensable pour aider
la personne à faire face à sa nouvelle situation psychologique et
médicale.
D'autres patients estiment qu'il est préférable
de croire que l'annonce d'une séropositivité procure des
problèmes émotionnels et psychologiques.Sur le plan
émotionnel, ce n'est pas une nouvelle réconfortante.Donc, cette
nouvelle affectera certainement l'humeur de la personne au point de
déclencher une tristesse profonde manifestée quelques fois par
des larmes.C'est une réaction normale, carleVIH/SIDAest une maladie
mortelle et chronique et les personnes qui en souffrent sont
souvent victimes de stigmatisation et de discrimination.
La dernière catégorie a douté du
résultat et préférer de refaire le test dans un autre
centre hospitalier.Cette attitude s'explique par le refus d'accepter
l'infection au VIH en tout premier lieu.C'est encore le déni qui traduit
une telle attitude.Dans beaucoup de cas, des patients se rendent dans plusieurs
autres centres hospitaliers pour refaire le test avant de croire que c'est
vrai.Même après plusieurs tests de confirmation des patients sont
encore retissant d'accepter qu'ils sont infectés du VIH.
La quatrième question de cette section porte sur les
émotions ressenties lors de l'annonce de la
séropositivité.La question est : Après qu'on
vous a annoncé que votre test est positif, quels ont été
vos sentiments?? Deux catégories de réponses ont
été données : la première catégorie
éprouvait un sentiment de tristesse plus ou moins profond et l'autre
catégorie semblait ne se préoccuper pas de leur
séropositivité.Ce qui mérite notre attention dans la
première catégorie, c'est que
sept (7) interviewés éprouvaient un sentiment de
tristesse suite à l'annonce de la séropositivité.
Comme l'a souligné la société canadienne
du SIDA (2014), chaque individu à un moment donné de la vie
peut faire face à une situation difficile qui le rend
mélancolique.Par exemple, des situations comme une rupture sentimentale,
la perte d'un emploi, la mort d'un être cher ou le dépistage d'une
maladie chronique sont susceptibles de susciter la déprime.Dans le cas
de l'annonce de la séropositivité, il est normal que ces
sept (7) patients ressentaient de la tristesse.Ce n'est pas comme si
non vient de vous apprendre une nouvelle réconfortante, mais une
nouvelle qui pourrait être perçue comme mauvaise.Certaines
personnes expriment leur tristesse (par des pleurs par exemple) et d'autres par
une humeur dépressive.Mais quelle que soit la façon dont une
personne exprime sa déprime, il faut souligner que l'annonce de la
séropositivité a un impact majeur sur le psychisme de la
personne.Même avec une prise en charge psychologique ces patients
présentent quelques fois des dysfonctionnements psychiques.C'est
pourquoi, il est souvent nécessaire de faire une prise en charge
psychologique pour cette personne, un counseling post-test par
exemple.
Par contre, certaines personnes semblent ne se
préoccuper de l'annonce de leur séropositivité.Ce n'est
pas parce qu'ils ne comprennent pas la nature de leur maladie, sa
chronicité et son caractère mortelle, mais c'est un
mécanisme de défense, le refoulement qu'ils utilisent pour faire
face à cette nouvelle réalité.
Un autre aspect important à prendre en
considération est la façon dont les personnes
séropositives perçoivent et vivent l'expérience de leur
séropositivité.En ce sens, la dernière question de cette
section a été posée autour de l'expérience de la
séropositivité.Les réponses obtenues nous ont permis de
comprendre que ces personnes souffraient sur le plan émotionnel à
cause de la représentation sociale de la maladie, des effets secondaires
de la maladie et étaient victimes du manque de confidentialité du
personnel soignant.Comme le relatent certains patients, vivre
l'expérience de la séropositivité n'est pas facile.Sur le
plan social, le patient séropositif doit faire face à
la discrimination et à la stigmatisation.De telles attitudes ne feront
que détériorer la santé mentale du patient en plus de
l'affaiblissement de sa santé physique.Donc, le sujet fait face à
des difficultés à la fois sanitaires, sociales et psychologiques,
ce qui pourrait avoir une incidence majeure sur sa santé
mentale.
La confidentialité est aussi un
facteur considérable qui peut jouer en faveur de la prise en charge
psychologique. Par exemple, on se rappelle que nos huits sujets
séropositifssont des patients de l'hôpital
de Fort-Liberté. Cependant, six (6) de ces sujets
viennaient de Ouanaminthe.Pourtant, ils ont la possibilité de
suivre le traitement ARV et la prise en
charge psychothérapeutique dans leur région de
provenance.Certains d'entre eux posaient le problème de la
confidentialité.Ils hésitaient de se rendre à
l'hôpital de Ouanaminthe par peur que le personnel soignant ne
divulguent l'information pour qu'ils ne soient pas victimes de
discrimination et de stigmatisation.De ce fait, ils préfèraient
parcourir environ 20 Km pour venir aux rendez-vous avec le médecin
ou le psychologue.
Après un test de dépistage, il est
important que le personnel soignant sauvegarde en toute confidentialité
les informations de la personne.Le sujet peut se fier au personnel hospitalier,
il devrait pas trouver d'inconvénients pour que quelques membres du
personnel soignant soient au courant de sa maladie, mais cela peut lui poser
quand l'information est révélée à d'autres
personnes par un personnel soignant. Voilà pourquoi, quelques-uns
préfèraient se rendre dans un centre hospitalier hors de leur
quartier, région voire commune.C'est une façon pour eux de lutter
contre le souci de la confidentialité, la discrimination et la
représentation sociale que les gens de leur région auraient de
leur séropositivité.
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