I.7.1.1 Les rotavirus
Le rotavirus est l'agent étiologique le plus courant
des gastroentérites de l'enfant. Il est responsable de 30 à 40 %
des hospitalisations pour gastroentérites dans le monde. C'est
également le pathogène responsable de 30 à 50 % des cas de
diarrhées les plus sévères chez les jeunes enfants. C'est
la cause majeure de morbidité et de mortalité parmi les enfants
et les jeunes enfants aussi bien dans les pays développés que
dans les pays en voie de développement, mais la mortalité par
déshydratation reste élevée, principalement dans les pays
en voie de développement où surviennent 82 % des quelque 440 000
à 600 000 décès annuels dus au rotavirus (OMS, 2012 ;
TATE et al, 2012 ; MATHIE et al, 2006). Environ 130
millions d'enfants développent des diarrhées dues aux Rotavirus
chaque année, parmi eux 18 millions passent par une
déshydratation modérée à sévère
donnant entre 418 000 à 520 000 morts avec 85% de ces
décès dans les pays à bas revenue (LUZ et al.,
2005 ; WGOGG, 2012).
Figure 3: Répartition des Rotavirus dans le
monde.
Source :
http://www.nlv.ch/Rotavirus/graphics/rotavirusdistribution.gif
v Morphologie et Structure
En 1973, l'équipe de Bishop a observé pour la
première fois, dans des biopsies intestinales d'enfants atteints de
diarrhées, des particules virales de 70 nm de diamètre (figure
4): Ce virus a reçu le nom de Rotavirus, inspiré de sa
morphologie en forme de roue (rota en latin). (DJENEBA, 2006)
Les Rotavirus constituent un genre spécifique de la
famille des Reoviridae. Ce sont des virus non enveloppes d'un diamètre
de 70 nm a symétrie icosaédrique. Le génome viral
d'environ 18,5 kb est un ARN double brin constitué de 11 segments.
Chaque segment code pour une seule protéine virale a l'exception du
gène 11 codant pour les protéines NSP5 et NSP6 (LOISY, 2004),
soit au totale six protéines de structure (VP pour viral protein) et six
protéines fonctionnelles (NSP pour non structural protein) (TARAPOREWALA
et al., 2003). Au coeur des virions, ce génome est
stabilisé et protégé par les protéines de capside,
organisées en triple couche (BAJOLET et al., 1998) (figure
4):
· Une couche protéique externe, constituée
des protéines VP4 et VP7, qui sont des antigènes
déterminant les anticorps neutralisants et protecteurs,
spécifiques de types. VP4 est clivée en VP5 et VP8 et est
responsable de l'attachement du virion aux récepteurs membranaires
portés par les entérocytes ; elle a diverses fonctions
biologiques en rapport avec la pathogénicité:
hémagglutination, virulence, fusion, et pouvoir infectieux (BAJOLET
et al., 1998).
· Une couche intermédiaire avec une seule
protéine, VP6, fortement immunogène, qui porte les structures
antigéniques de groupe et de sous-groupe communes aux Rotavirus
infectant différentes espèces animales.
· Une couche interne formée par les
protéines internes, VP1 (polymérase), VP2 et VP3.
Différents groupes de Rotavirus humains ou animaux
peuvent être distingués en fonction de la taille de leurs segments
génomiques et des propriétés de certaines protéines
structurales.
Ainsi, en fonction de l'antigène porté par la
protéine VP6 les Rotavirus sont répertoriés en 7 groupes
désignés par des lettres (A à G). Les Rotavirus des
groupes A, B et C infectent habituellement les hommes et les animaux, les
autres sérogroupes n'ont été observés que chez les
animaux. Les Rotavirus du groupe A sont les plus nombreux et les plus
étudiés, ils sont divisés en sérotypes identifies a
partir d'antigènes induisant des anticorps neutralisants: la
protéine VP7 définit le sérotype G (glycoprotéine
ou antigène G) et la protéine VP4, le sérotype P
(protéine sensible aux protéases ou antigène P) (LOISY,
2004). Parmi les Rotavirus humains et animaux, 15 types G et 20 types P ont
été identifié de nos jours. 10 types G et 11 types P sont
associés aux infections humaines (LUZ et al.,2005). Seuls les
génotypes G ont été sérologiquement
confirmés en tant que sérotypes et parmi eux les sérotypes
G1, G2, G3, G4, sont les plus fréquents dans les infections humaines.
Pour le groupe P, P [8] est le génotype le plus commun, suivit de P [4]
et P [6] (RAHMAN et al., 2003).
Figure 4: Sérotypes du rotavirus
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