III- « DU CONCEPT D'ACTIVITE STIMULANTE A
L'HABILETE CREATIVE »
III.1.De l'activité stimulante à la
créativité
Par « activités stimulantes », certains
chercheurs (Wilson, Barnes et Bennett, 2002) entendent des «
activités induisant un haut niveau d'implication tout au long de la vie,
comme la lecture, la peinture ou la pratique d'un instrument de musique ».
Selon un grand nombre d'auteurs, « la créativité
serait la capacité à réaliser une production qui soit
à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se
manifeste » (Sternberg et Lubart, 1995 ; Amabile, 1996 ; Bonnardel,
2006). Un lien étroit est donc présent entre l'activité
stimulante et la créativité. En effet, elles nécessitent
chacune une forte implication, stimulation et nouveauté dans leurs
expressions.
Une étude longitudinale de Small, Dixon, McArdle et
Grimm (2011) de 12 ans a exploré la dynamique temporelle des relations
entre l'engagement dans des activités stimulantes et les changements
dans le fonctionnement cognitif des personnes âgées (vitesse de
traitement, mémoire sémantique et mémoire
épisodique). Les résultats ont globalement confirmé que
l'engagement des personnes dans des activités stimulantes était
associé à de meilleurs résultats dans les trois domaines
cognitifs explorés.
Les résultats observés d'autres recherches sur
les activités stimulantes ont démontré que les personnes
exerçant des activités plus intenses sont associées
à de meilleure habileté cognitive c'est-à-dire à
une plus grande vivacité/rapidité, une meilleure mémoire,
de meilleures capacités de raisonnement, une plus grande facilité
à penser l'espace (Salthouse, 2006 ; Jopp et Hertzog, 2007 ; Soubelet,
2009).
Cependant, ils ne montrent pas que cet exercice mental plus
intense soit associé à un déclin cognitif plus faible ou
freiné. L'échec de cette hypothèse de la stimulation
mentale lorsqu'appréhendée au travers d'indicateurs tels que la
lecture, les mots croisées, la peinture, la cuisine, conduit à
repenser le concept de stimulation mentale. En particulier, le potentiel
créatif des personnes peut-il amener à un déclin cognitif
plus favorable c'est-à-dire des effets de l'âge moins
prononcés sur le plan cognitif.
Il peut être en effet plausible d'imaginer que face
à un même contexte, les personnes créatives sont davantage
stimulées que celles manifestant une moindre propension à
utiliser cette pensée créative dite « divergente ».
S'il existe, une certaine difficulté à mesurer cette
activité
10
stimulante qui peut être liée à certains
facteurs individuels comme la motivation par exemple (Soubelet, 2009), il est
possible de concevoir que la personne créative soit plus motivée
et donc plus stimulé cognitivement. Il pourrait être question de
« créativité stimulante » dont l'effet, lorsque
celle-ci est utilisée quotidiennement, amènerait à des
différences cognitives plus favorables.
De plus, être créatif met en jeu beaucoup plus de
dimensions qu'être stimulé à travers la lecture ou les mots
croisés et en ce sens elle peut être donc plus stimulante.
D'où l'intérêt de s'intéresser à cet index de
créativité et non plus à un indicateur « classique
» de stimulation. Ces personnes mettraient donc en jeu
régulièrement leurs habitées créatives plus
prononcées. Cette créativité pourrait amener à des
effets de l'âge moindre, sachant qu'elle nécessite la mise en
oeuvre d'habiletés cognitives.
Afin de mieux comprendre les mécanismes en jeu dans la
créativité, voici ci-dessous, de manière plus
détaillée, la créativité puis les mesures de
celle-ci avec la présentation des tests utilisés de la
pensée divergente et de l'insight.
|