II.2- La rentabilisation des difficultés des
clients
La rentabilisation renvoie à un ensemble de pratiques
destinées à rendre profitables les relations avec les clients les
plus fragiles d'un point de vue financier
16 Toute chose restant égales par ailleurs.
24
Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
(Gloukoviezoff, 2010). Il s'agit alors de mettre en place des
dispositifs techniques visant à exploiter les clients en
détresse. Nous nous intéresserons précisément
à la tendance des banques à faire surconsommer les clients, ce
qui mène souvent ces derniers à des situations de
surendettement.
II.2.1- La tendance à faire surconsommer les
clients
Guidés par des objectifs de rentabilité, les
prestataires de services bancaires ont tendance à proposer aux clients
des services financiers inadaptés à leurs besoins ou susceptibles
de dégrader leur situation financière. Pour ce faire, les
banquiers recourent à leur pouvoir de prescription pour pousser les
clients, les plus fragiles, à la surconsommation (Brunet et al,
2002).
Celle-ci se traduit par l'équipement des clients d'un
ensemble de services particulièrement rentables pour la banque, mais qui
ne sont pas nécessairement utiles auxdits clients ou qui ne seront pas
entièrement consommés par ces derniers, bien que payés en
totalité. Rentrent dans cette catégorie, les packages
correspondant aux bouquets de services compris dans la convention de compte
(carte de retrait, moyens de paiement scripturaux, assurance en cas de perte ou
de vol etc.).
Dans ce cas de figure, c'est moins le manque de revenus qui
explique que le client ne parvienne pas à négocier une prestation
lui convenant, que son manque de connaissances bancaires et l'étroitesse
de l'éventail des choix qui lui sont accessibles.
Une pratique connexe consiste à supprimer des produits
adaptés aux besoins des clients, mais jugés insuffisamment
rentables pour les prestataires. Les difficultés qui en découlent
pour les clients sont constituent, pour les banques une opportunité
d'accroitre les frais bancaires et, par voie de conséquence, la
rentabilité.
A ce propos, il est établi dans la littérature
économique, que les clients les plus rentables ne sont pas toujours les
plus riches. En effet, selon une étude relative au crédit
menée aux Etats-Unis par Ramsay (2003), les ménages aux revenus
les plus modestes dégagent une rentabilité supérieure
à celles des ménages les plus riches, au point de subventionner
les conditions tarifaires proposées à cette deuxième
catégorie.
25
Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
En fin d'un compte, un établissement de crédit
n'a aucun intérêt à voir l'un de ses clients se trouver
dans l'impossibilité d'honorer ses engagements. En revanche, tant qu'il
peut en supporter le coût, ses difficultés sont une source de
profit pour ledit établissement (frais de rejet, pénalités
de retard etc.).
Les réponses que pourraient apporter les banques
à ces difficultés peuvent s'avérer dévastatrices en
aggravant des situations déjà précaires.
|