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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun.

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par Paule Danielle MEKA'A EBANG
Université de Yaoundé 2-SOA - Master 2 2013
  

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II.1.2- Les mécanismes de sélection directe de la clientèle

La sélection directe de clientèle est une caractéristique intrinsèque au métier de banquier. Elle constitue d'ailleurs la contrepartie du risque assumé par les établissements de crédit et se justifie par l'impératif de se prémunir de l'incertitude (Bernard, 2006).

Cette pratique consiste spécifiquement pour les banques, à sélectionner parmi les clients ceux qui leur permettent d'atteindre leurs objectifs de rentabilité. Si un tel

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procédé est utilisé pour guider l'implantation spatiale des banques15, il intervient davantage dans le traitement des demandes de crédit bancaire.

La théorie bancaire insiste généralement sur l'asymétrie d'information existant entre les banques et leurs clients, ces derniers étant sensés mieux connaitre leur risque de défaut que les premières. Le problème majeur provient alors du fait que les mauvais risques cherchent à cacher leurs caractéristiques afin d'être sélectionnés.

Pour les banques, l'une des solutions consiste à effectuer une sélection parmi les clients. Pour ce faire, elles se fondent sur des critères bien précis. Si on se réfère à la classification d'Eber (2000), on peut retenir les critères suivants :

- la situation financière : mesurée par la valeur des actifs dont un client est propriétaire. C'est un critère d'une importance capitale, car les banques ont tendance à sélectionner prioritairement les individus les plus riches. Ces derniers sont en effet capables d'apporter suffisamment de garanties (matérielles) pour limiter le risque pris par la banque lorsqu'elle prête des fonds. En outre, les flux de revenus constituent également un critère non

négligeable pour apprécier la santé financière d'un client. Les
mouvements des comptes de ce dernier sont suffisants pour renseigner la banque à ce sujet. Il en est de même pour le niveau d'endettement du client. Plus il est élevé chez un individu, moins il de chances d'obtenir un prêt bancaire. Les banques accordent donc une importance particulière à toutes ces informations et excluent systématiquement du crédit, voire éconduit du système bancaire, les clients renvoyant de mauvais signaux ;

- la situation professionnelle : les banques ont une préférence avérée pour les personnes possédant un emploi et manifestant une certaine stabilité professionnelle. Ces critères attestent en effet de la régularité des revenus et confèrent aux clients la capacité de pouvoir rembourser un emprunt bancaire. ainsi, les chômeurs et les individus changeant fréquemment d'emploi auront plus tendance à être rationnés. En outre, une distinction

15 Confer redling.

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est faite parmi les travailleurs sur la base de la nature de leur profession. Ainsi, exercer dans un secteur garantissant la sécurité de l'emploi (notamment le secteur public, certaines professions libérales...) constitue un avantage certain. A contrario, travailler dans le secteur informel ou privé peut s'avérer pénaliser. Même si le cas du secteur privé est à relativiser, car si les revenus y sont consistants, le problème réside surtout dans la nature du contrat. Un contrat à durée déterminée donne à penser qu'à un moment le contrat sera rompu et l'individu pourrait se retrouver au chômage et donc incapable d'honorer ses engagements. C'est pourquoi, les banques accordent difficilement des prêts à moyen ou long terme à ces personnes ;

- la réputation : les relations entre les banques et leurs clients s'inscrivent généralement dans la durée. Ainsi, les «bons » clients se forgent une bonne réputation au fil du temps, ce qui facilite leur accès à une large gamme de produits bancaires à des coûts relativement réduits. En revanche, les clients qui connaissent à répétition des problèmes de remboursement se forgent quant à eux une mauvaise réputation auprès de la banque. Les possibilités qui s'offrent à eux sont alors limitées (découverts, crédits, arrangements en cas de difficultés...) sera réduit puisque. Toutefois, comme on le constate, les relations de long terme ne concernent par définition que les clients déjà établis. Les phénomènes de réputation ne peuvent donc pas jouer sur les jeunes clients. Ces derniers doivent encore s'en forger une bonne, en vue de pouvoir bénéficier plus tard d'un traitement privilégié. Le critère « âge » peut alors être particulièrement stigmatisant ;

- les critères sociaux : il s'agit de caractéristiques sociodémographiques qui influencent les décisions des banques en matière de crédit. Ainsi, la taille de la famille du client, le genre et le lieu de résidence envoient d'importants signaux aux banques. D'abord, s'agissant de la taille de la famille, les banques préfèrent les familles peu nombreuses car elles sont

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synonymes de faibles charges à supporter16. Ensuite, concernant le genre qui est du genre, les hommes sont moins rationnés que les femmes, même s'il n'existe pas de raison objective pour l'expliquer. Enfin, si on considère le lieu de résidence du client, une forte instabilité géographique (changements d'adresse fréquents) ou une adresse dans un quartier pauvre, caractérisé par des taux de criminalité et de délinquance élevés constituent un mauvais signal pour les banques.

Au total, les banques refoulent systématiquement les personnes ne remplissant pas tout ou partie de ces critères.

La logique à l'oeuvre ici tient donc véritablement au fait que les banques ne trouvent pas rentable de proposer leurs services à tous les segments de la population (Claessens, 2005). Elles peuvent même aller jusqu'à élaborer des stratégies de marketing discriminatoires. Kempson et whyley (1999) désignent par « marketing exclusion » les politiques des banques se manifestant par l'absence de publicité en direction de certains publics, dans la perspective d'éviter de susciter le désir de ceux-ci et de les avoir comme clients.

Une autre forme de discrimination envers les clients non désirés consiste pour les institutions bancaires à surenchérir les coûts des produits les plus prisés par lesdits clients (Gloukoviezoff, 2005). L'objectif étant de les éconduire progressivement de la banque

Ayant mis en évidence le lien entre l'exclusion bancaire et les mécanismes de sélection sus exposés étant évident, nous pouvons à présent nous intéresser à d'autres stratégies bancaires qui favorisent ce phénomène, notamment la rentabilisation des difficultés des clients.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius