II.2- Le recours aux fournisseurs alternatifs de services
financiers
Selon Dunham (2001), il existe l'alternative du secteur non
bancaire pour les individus qui ne peuvent pas braver les barrières
à l'accès aux services bancaires. Au Cameroun, la microfinance et
les tontines constituent, à titre principal, cette alternative.
II.2.1- La ruée vers les institutions de
microfinance
La microfinance tire ses origines du microcrédit,
pratique élaborée dans les années 1970 par Mohammad Yunus
et qui consiste à accorder des prêts à des personnes
31 Voir en annexe l'article 3 de
l'arrêté du Ministre des Finances portant institution d'un service
bancaire minimum garanti.
60
Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
très pauvres, ne remplissant pas les conditions
requises pour se financer auprès du circuit bancaire traditionnel.
L'objectif est de permettre à ces personnes de mener des
activités productives ou génératrices de revenus, dans
l'optique de les extirper de la misère.
Au fil du temps, cet outil d'intégration
socio-économique des couches défavorisées a vu sa gamme de
services s'élargir pour inclure désormais l'épargne,
l'assurance, les transferts d'argent etc.
La flexibilité, la simplicité des
procédures, la proximité et la bonne qualité des services
offerts par les IMF, en font l'expédient par excellence pour les
personnes mal servies du système bancaire classique.
Ces traits caractéristiques de la microfinance ne
laissent pas indifférentes la population camerounaise. La forte
densité des IMF sur le territoire national en constitue la preuve
palpable, ainsi que le montre le tableau suivant :
Tableau 3.1 : réseau des IMF du
Cameroun.
|
Centre- Sud-Est
|
Grand Nord
|
Nord- Ouest/ Ouest
|
Littoral/Sud- Ouest
|
Total
|
1ère catégorie
|
53
|
7
|
37
|
43
|
140
|
2ème catégorie
|
15
|
2
|
8
|
18
|
43
|
3ème catégorie
|
/
|
2
|
/
|
2
|
4
|
CAMCCUL
|
10
|
23
|
80
|
63
|
176
|
CMEC
|
/
|
/
|
27
|
/
|
27
|
CVECA
|
34
|
9
|
/
|
/
|
43
|
MUCADEC
|
6
|
/
|
/
|
/
|
6
|
Total
|
118
|
43
|
152
|
126
|
439
|
Source : MINFI, juin 2013.
61
Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
A l'observation, les IMF sont effectivement présents
dans toutes les régions camerounaises. On observe cependant une
préférence pour le Centre-Sud-Est, le Littoral/Sud-ouest et le
Nord-Ouest, sûrement en raison de la forte demande émanant des
populations qui y vivent.
Par ailleurs, on observe que le nombre d'IMF implantées
au Cameroun est le double des agences bancaires y recensées. Ceci
confirme que les EMF s'appliquent à réduire au minimum les
barrières physiques à l'accès aux services financiers.
Cette place de choix qu'occupe la microfinance dans
l'économie camerounaise32 est également
confirmée par des statistiques collectées auprès du MINFI.
Ces dernières révèlent que l'offre de crédit par
les IMF s'élevait à 63,5 milliards de francs CFA au 31
décembre 201333. La ventilation de ces crédits par
secteurs d'activités est donnée par le graphique
ci-après.
32Si l'implantation de la microfinance au Cameroun
date du milieu des années 1960, on observe un important
développement de ce secteur au début de la décennie 1990.
Cela s'explique principalement par les faillites bancaires causées par
la crise économique des années 1980 qui a d'une part,
entamé la confiance des agents envers le système bancaire
traditionnel et d'autre part, amené les licenciés des banques
à se reconvertir dans la microfinance (Avom et Eyeffa, 2007). En outre,
cette expansion de la microfinance se justifie par la frilosité des
banques à financer l'économie au lendemain des restructurations
(Joseph, 2000).
33 Au même moment, le montant total de
crédits accordés par le système bancaire s'élevait
à 2264,5 milliards de francs CFA. La contribution des IMF au financement
de l'économie est peut-être encore marginale (les encours de
crédit des banques s'élevaient à 2 201 milliards de francs
CFA contre seulement 63,5 milliards pour les IMF), mais la croissance de ce
secteur semble prometteuse.
62
Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
Graphique 3.3 : ventilation des crédits
octroyés par les EMF par secteurs d'activités
crédits aux commerçants 53,2% crédits
à la consommation 12% crédits à l'habitat 11,50%
crédits à l'agriculture 10,1% autres crédits
9,20%
crédits au secteur des services 3% crédits à
l'artisanat 0,60%
Source : MINFI, 2014.
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