SECTION II: La pauvreté monétaire : un
important catalyseur de l'exclusion bancaire
Si la Banque Mondiale (1996) voit dans la pauvreté
aussi bien une carence en biens matériels qu'un accès
réduit à l'éducation et à la santé, le PNUD
(1998) quant à lui se réfère à l'insuffisance des
ressources et à l'absence d'opportunités qui permettraient au
peuple de jouir de conditions de vie décentes pour définir ce
phénomène (Benicourt, 2001)
Il existe un seuil de pauvreté retenue par la
communauté internationale. Selon celui-ci, est considérée
comme pauvre, toute personne vivant avec moins d'1,25 dollar américain
par jour. Cela revient à dire qu'est considérée comme
pauvre au Cameroun, toute personne vivant avec moins de 738 francs CFA, par
équivalent-adulte et par jour INS, 2007). Selon la même source et
à la même date, le taux de pauvreté monétaire
était de 40% dans ce pays qui comptait alors 17 millions d'habitant.
Ainsi près de la moitié de la population
camerounaise serait pauvre et incapable de supporter le coût des services
bancaires. Ces personnes disposant de moyens financier très
limitées, trouvent une issue de secours dans les fournisseurs
alternatifs de services financiers.
II.1- Les effets de la pauvreté monétaire sur
l'accès aux services bancaires
Ils sont appréhendés par l'absence de revenu
régulier et par les difficultés à supporter le coût
desdits services.
II.1.1- L'absence de revenu régulier
Nous avons vu dans le chapitre liminaire de notre étude
que la raison d'être des banques est de réaliser des profits. A ce
titre, tous les services qu'elles proposent ont un coût qui n'est
à la portée que des personnes possédant un minimum de
ressources financières et donc un revenu régulier et stable dans
le temps (Finscope survey, 2007).
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
Dans cet ordre d'idées, la Banque Mondiale (2009)
indique dans le rapport « Banking the poor » que les personnes
pauvres sont exclues du système bancaire d'une part, parce qu'elles ne
disposent pas des ressources financières suffisantes pour ressentir la
nécessité d'y ; et d'autre part, parce qu'elles ne constituent
pas des clients suffisamment rentables pour les établissements de
crédit.
Selon l'ECAM III, le Cameroun la population active
camerounaise était de 10 millions d'habitants en 2007, avec seulement
586 319 habitants effectivement occupées dans les secteurs public et
privé formels. On présume que ces personnes disposent d'un revenu
mensuel contrairement aux 8 millions et demi restants, qui ne peuvent donc
prétendre à l'usage des services bancaires.
Toutefois, ce raisonnement est à relativiser car
certains travailleurs du secteur informel dégagent également
d'importantes ressources quotidiennes, hebdomadaires, mensuelles ou suivant une
autre périodicité. Ceux-ci sont peut-être
financièrement inclus ou alors ils sont exclus pour d'autres raisons. En
outre, il ne suffit pas d'exercer dans le secteur privé ou public pour
être financièrement inclus. Là encore, il faut tenir
compte, d'une part du niveau du salaire, réputé faible dans le
secteur public ; et d'autre part de la nature du contrat dans le secteur
privée.
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