I.1.2- L'analyse du phénomène selon le
genre, l'origine ethnique et la religion
La prise en compte du genre fait ressortir que les femmes ont
plus tendance à être exclues que les hommes. Les écarts
liés au niveau d'instruction, laquelle joue un rôle clé sur
la possibilité de décrocher un emploi décent, constituent
la clé de compréhension de cet état des choses. A
l'échelle mondiale, 55% des hommes possèdent un compte en banque,
contre 47% de femmes seulement (Demirgüc-Kunt et Klapper, 2012).
Une autre raison avancée pour expliquer cette
réalité tient au fait que certaines femmes utilisent
indirectement les services bancaires à travers l'ouverture d'un compte
commun avec leur époux. En outre, les violences
économiques26, parfois encouragées par la
règlementation, constituent également une entrave aux services
financiers pour les femmes, notamment lorsqu'elles prennent la forme
d'obligation d'obtenir l'autorisation de leur conjoint pour pouvoir ouvrir un
compte en banque ou effectuer des transactions financières (ONU,
2009).
S'agissant de la culture, qui renvoie à un ensemble de
données acquises et transmises à l'intérieur d'un groupe
social, elle exerce sur l'exclusion bancaire une
26 Les femmes ont toujours eu un statut
inférieur aux hommes et sont souvent victimes de discriminations et de
violences de différents ordres. Ainsi, si les discriminations
revêtent surtout la forme de lacunes juridiques et institutionnelles ou
encore de mesures discriminatoires nourries par les traditions, les violences
en revanche peuvent être aussi bien physiques, sexuelles
qu'économiques. S'agissant de ces dernières, elles renvoient au
contrôle du salaire, à l'interdiction de mener une activité
lucrative ou d'ouvrir un compte en banque, ainsi que la privation des moyens ou
de biens (Organisation des Nations Unies, 2009).
Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
grande influence à travers deux composantes : l'origine
ethnique et la religion, précisément dans un contexte très
conservateur.
Certaines ethnies vivent repliées sur elles-mêmes
et, jalouses de leur héritage culturel, interdisent à leurs
ressortissants flirtent tout contact avec les dérivés de la
mondialisation, au rang desquels les services bancaires. Il s'agit là
d'un choix personnel, d'une exclusion recherchée qui ne pose pas
véritablement de problème.
Par contre, dès lors que le repli-sur-soi est la
conséquence d'une discrimination à l'encontre d'un groupe
ethnique, tribal ou racial, nous sommes en présence d'exclusion
bancaire. Si cette forme d'exclusion financière est rencontrée au
Royaume-Uni (Kempson, 2000), au Cameroun aucun cas n'est rapporté
à notre connaissance.
Dans le même ordre d'idées, des religions telles
que l'islam s'opposent aux pratiques financières donnant lieu à
la perception d'intérêt, notamment l'usure (Collard et al, 2001).
Elles jettent alors l'opprobre sur l'usage des services bancaires. Or, la
raison d'être des banques est de réaliser des profits à
travers leurs rôles d'intermédiaires financiers qui consistent
à percevoir d'intérêts en contrepartie des fonds
prêtés. Ces taux appliqués au crédit sont d'ailleurs
une fonction croissante du niveau de risque de l'emprunteur.
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