CONCLUSION
Ce chapitre avait pour objet d'identifier les causes de
l'exclusion bancaire au Cameroun, à l'aide d'une analyse empirique. Pour
ce faire, nous avons effectué une régression logistique sur la
base d'un modèle inspiré des travaux d'Allen et al. (2000).
Nous avons utilisé des données relatives au
Cameroun, issues de la base GLOBAL FINDEX (2011) conçue par la Banque
Mondiale pour mesurer l'exclusion bancaire à travers le monde. La
disponibilité des informations et les conclusions de l'étude
d'Allen ont guidé le choix des variables explicatives.
Au terme de l'estimation économétrique, nous
avons trouvé conformément aux prédictions
théoriques que, du côté de l'offre, l'exclusion liée
à la détention d'un compte bancaire est une fonction
décroissante de la richesse, de l'âge et de la documentation ;
Tandis que, l'exclusion liée à la détention d'une carte de
paiement est une fonction décroissante de l'âge et de la
richesse.
Autrement dit, la probabilité pour qu'un individu se
voie ouvrir un compte dans une banque augmente avec l'âge, la richesse et
la documentation. Pour ce qui est de la probabilité pour qu'un individu
se fasse délivrer une carte de paiement, elle augmente avec l'âge
et la richesse.
En outre, la documentation est la variable la plus pertinente
pour expliquer les deux formes d'exclusion sus mentionnées, ce qui nous
permet de conclure que toutes mesures visant à alléger les
exigences documentaires associées à la détention d'un
compte bancaire ou d'une carte de paiement contribueraient à
réduire significativement l'exclusion bancaire au Cameroun.
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
L'objet de cette partie était d'identifier les causes
de l'exclusion bancaire du côté De l'offre de services
bancaires.
Une revue de la littérature conséquente a alors
permis d'identifier la réglementation du secteur bancaire et certaines
stratégies commerciales des établissements de crédit comme
facteurs explicatifs de l'exclusion bancaire au Cameroun.
S'agissant de la réglementation du secteur bancaire,
deux de ses aspects ont été mis en cause : les effets pervers de
la non rémunération des dépôts à vue, en
contrepartie de la gratuité de la tenue de compte, et la
détermination arbitraire des services bancaires.
Si le premier aspect a pour effet pervers l'augmentation des
tarifs des autres services bancaires et la mise sur pied de nouveaux produits,
le second aspect en revanche met en lumière un laxisme dans la
détermination des frais bancaires. Il est observé que les prix
pratiqués par les banques ne sont pas uniformes. C'est par exemple le
cas du montant initial exigé pour l'ouverture d'un compte
d'épargne, lequel varie d'une banque à l'autre.
En ce qui concerne les politiques commerciales des banques, il
a été montré qu'elles sont élaborées dans
l'unique objectif de maximiser leur profit, sans tenir compte des
difficultés qu'elles engendrent pour les clients. C'est le cas du
redlining, de la sélection de clientèle et des pratiques
consistant à rentabiliser les difficultés des clients.
Sur la base de ces acquis théoriques, une
évaluation empirique subséquente a permis de déterminer
les facteurs les plus pertinents statistiquement pour expliquer l'exclusion
bancaire du point de vue de l'offre. A cet effet, une régression
logistique a été effectuée sur modèle logit. Deux
indicateurs d'exclusion ont été retenus : la détention
d'un compte bancaire et la détention d'une carte de paiement. La
disponibilité des données a régi le choix des variables
explicatives qu'étaient la richesse, l'âge et la documentation.
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
Les résultats trouvés permettent de conclure que
:
- l'exclusion bancaire liée à la détention
d'un compte bancaire est une fonction décroissante de la richesse, de
l'âge et des exigences documentaires.
- l'exclusion bancaire liée à la détention
d'une carte de paiement est une fonction décroissante de l'âge et
de la richesse. En revanche, les exigences documentaires n'affectent pas
significativement cette forme d'exclusion bancaire.
Pour finir, les rapports de côte calculés à
la suite de l'estimation permettent d'affirmer que les deux niveaux d'exclusion
sont plus sensibles aux exigences documentaires.
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
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