B/ L'ineffectivité de la participation des
populations locales
D'une manière générale, les
règles de droit édictées par les pouvoirs publics sont
ignorées par la grande majorité de la population qui reste
analphabète et n'a pas accès au droit étatique, lequel est
rédigé pour l'essentiel dans un langage qu'elle ignore.
La matière environnementale n'échappe pas
à ce principe. Les règles en matière environnementale sont
en effet très peu connues des burkinabé, pas seulement de la
grande majorité analphabète de la population, mais
également de cette minorité instruite. Dans la mesure où
les normes environnementales sont essentiellement contenues dans des documents
écrits et de surcroit libellés en français,
c'est-à-dire dans une langue qui n'est pas accessible à la grande
majorité de la population, il est évident qu'elles demeurent
d'accès difficile pour celle-ci.
Malheureusement, le décret sur les études et
N.I.E n'a pas tenu compte de cet état de fait dans ses dispositions
consacrées à la participation des populations locales dans la
réalisation de l'E.I.E.
En effet, les modes de participation principaux, sinon uniques
que prévoit le décret portant champ d'application, contenu et
procédure de l'étude et de la N.I.E sont constitués par la
presse, la radio et les réunions. Ces trois véhicules de
l'information remplissent plus ou moins leur fonction dans la perspective des
E.I.E réalisées dans les centres urbains. En revanche, nous n'en
sommes pas si sûrs pour ce qui est des E.I.E réalisées dans
les contrées lointaines du pays. Dans ces dernières en effet, ces
modes de participation sont tout simplement inadaptés.
C'est à peine si les populations locales sont au
courant du déroulement d'une E.I.E. La mise à la disposition du
public d'un registre pour recueillir ses critiques et suggestions est en soi
très noble. Mais encore faut-il que le public cible sache lire !
Les considérations relatives à l'utilisation de la presse et de
la radio comme moyen pour informer les populations du déroulement d'une
E.I.E se passent de commentaires. Cette situation pose le problème de la
permanence des barrières linguistiques.
Les barrières linguistiques constituent en effet,
à n'en pas douter, un frein à la participation des populations
locales à l'étude d'impact. La circulation de l'information est
indispensable durant toutes les étapes de réalisation de l'E.I.E.
Elle renforce la confiance des populations locales qui sont les premiers
acteurs du projet. Or, il est à craindre qu'avec les
procédés prévus par le décret, on aboutisse
précisément à l'effet inverse, les barrières
linguistiques provoquant une circulation en sens unique de l'information. En
présence d'une telle situation, une crise de confiance peut s'instaurer
entre les populations locales et les promoteurs.
Outre les barrières linguistiques, il existe d'autres
contraintes nombreuses et variées. En la matière, les exemples
sont légion mais nous ne citerons que le cas de certaines valeurs
locales souvent rébarbatives et énormément contraignantes.
Celles-ci ne sont effectivement pas en reste et sont liées au
sacré avec toutes ses implications.
Pour pallier ces difficultés, il faudrait, selon les
circonstances, privilégier tel ou tel moyen. En particulier, l'accent
devra être mis sur l'utilisation des langues vernaculaires. Les
autorités locales devront jouer à cet effet un rôle
primordial.
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