III. Développement soutenable et
malédiction des
ressources naturelles
La malédiction des ressources naturelles repose
principalement sur le constat que les Etats dotés d'importantes
ressources naturelles réalisent de mauvaises performances
économiques. A travers la littérature sur le sujet, on constate
que par mauvaises performances économiques, cette théorie entend
généralement faible croissance du P11B et ne prend pas toujours
en compte le caractère soutenable de la croissance. Elle ne fait pas
explicitement de lien entre croissance économique et
développement soutenable.
Nous pensons que l'intégration de la dimension «
soutenable » pourrait profondément mitiger les conclusions des
différentes études sur les ressources naturelles et « la
malédiction ». Il ne s'agit plus ici de maximiser simplement un
taux de croissance économique, mais plutôt de maximiser un taux de
croissance « vert » à même d'être
perpétué indéfiniment.
1. Le développement soutenable et la
malédiction des ressources naturelles
Le rapport Brundtland a popularisé la notion de
développement soutenable en insistant à la fois sur le fait de
pouvoir perpétuer indéfiniment le bien être de
génération en génération et aussi en tenant compte
de la durabilité, c'est-à-dire la préservation de
l'environnement. Selon les auteurs de ce rapport, « le
développement durable est un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs » (rapport
Brundtland 1987). La deuxième édition de ce rapport remplace
« développement durable » par « développement
soutenable » (Editions du Fleuve, 1988). A la lumière de cette
définition, on comprend que les politiques de développement et
les recherches dans ce domaine doivent nécessairement prendre en compte
les trois dimensions du développement : l'économique, le social
et l'écologique.
Nous soutenons donc que la théorie de la
malédiction des ressources naturelles doit être
révisée de sorte à intégrer ces trois dimensions du
développement. En effet, jusqu'à présent, les
évidences empiriques à ce sujet ce sont focalisées sur
l'économique, parfois le
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social et a très peu fait cas de l'écologique. A
l'heure actuelle, le débat serait donc de voir dans quelle mesure les
pays riche en ressource naturelles s'inscrivent sur une trajectoire de
développement soutenable et non plus de faire des comparaisons entre
pays sur la seule base du taux de croissance du PIB.
Les partisans de la croissance zéro avaient
déjà souligné les effets pervers des politiques
axées sur la croissance au sens traditionnel sans tenir compte de la
pression sur les ressources planétaires et les différentes
pollutions qui bouleversent les écosystèmes. Le rapport Meadows
du Club De Rome (1972), a eu le mérite d'attirer l'attention de
l'humanité sur son incapacité à soutenir une croissance
exponentielle dans un monde fini. Bien que l'effondrement de la croissance par
l'épuisement des ressources n'ait pas été constaté
ces dernières décennies, il n'en demeure pas moins que
l'humanité cours à sa perte toutes choses égales par
ailleurs, avec son rythme de croissance actuelle et les taux de pollutions qui
s'y rapportent.
Dans quelle mesure les pays riches en ressources naturelles
peuvent-elles réaliser de faibles performances économiques par
rapport au pays pauvres en ressource naturelles sans pour autant s'inscrire
dans une configuration de malédiction de ressources naturelles ?
Nous soutenons, que le développement soutenable au sens
de la conjugaison des trois dimensions : « économique »,
« social » et « écologique », permet de poser les
bases et d'apporter une réponse plus ou moins satisfaisante à
cette question. En effet, un pays riche en ressources naturelles ne serait plus
maudit, dès lors qu'il s'inscrit sur une trajectoire de
développement soutenable, et cela indépendamment de ses
performances économiques par rapport aux autres pays.
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