2. Soutenabilité forte ou faible
Selon les auteurs néoclassiques, le capital naturel, le
capital physique et humain peuvent se substituer entre eux. On parle alors de
soutenabilité faible. Cette conception de la soutenabilité est
celle que sous entend les indicateurs de développement soutenable telle
que l'épargne nette ajustée. Dans cette optique, les ressources
non renouvelables peuvent être entièrement consommées
dès lors qu'elles sont transformées en d'autres types de capitaux
et transmis aux générations futures.
La soutenabilité forte soutenue par Daly (1990) remet
en cause l'hypothèse de substituabilité entre les
différents types de capitaux. Daly estime que pour être
soutenable, le rythme de consommation des ressources renouvelables ne doit pas
excéder le rythme de
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régénération de celle-ci. Quand aux
ressources non renouvelables, il faut prendre en compte le rythme de
développement des substituts. De même, le rythme d'émission
de pollution doit être contenu dans les limites de la capacité
d'absorption de l'environnement.
Nous contestons également l'hypothèse de la
substituabilité illimitée entre capitaux, en reconnaissant qu'au
delà d'un certain seuil, la baisse du stock de capital naturel ne peut
être compensée par un accroissement du stock de capital physique
et humain. Néanmoins, nous admettons dans cette étude que les
pays riches en ressources naturelles peuvent s'inscrire dans une trajectoire de
développement soutenable à partir du moment où la majeure
partie de la ressource est constituée de ressources fossiles et que son
exploitation s'accompagne d'une réparation des dommages causés
à l'environnement, une maitrise des taux de pollution. Dans ces
conditions, l'hypothèse de soutenabilité faible peut être
considérée dès lors que le principe de précaution
(Marechal, 1996) est appliqué : contenir les risques
d'irréversibilité qui menace l'environnement. L'accent sera alors
mis sur l'usage de la rente et la capacité de ses pays à la
convertir en capital physique et humain conformément à la
règle de Solow-Hartwick.
3. La règle de Solow-Hartwick
Pour Solow (1974) et Hartwick (1977), la recherche d'une
certaine forme d'équité intergénérationnelle et les
moyens pour y parvenir doivent être à la base de l'exploitation
des ressources non renouvelables. Ainsi, le critère
d'équité conduit Solow à soutenir que la consommation par
tête doit être constante à travers le temps de façon
à ce qu'aucune génération ne soit favorisée par
rapport à une autre. Le problème consiste alors à
déterminer le plus haut niveau de consommation pouvant être
indéfiniment perpétué à travers les
générations. Hartwick définit alors la règle de
soutenabilité comme celle qui consiste à investir toute la rente
des ressources non renouvelables dans d'autres types d'actifs (capital
fabriqué). «Avec un tel programme, la génération
présente convertit des ressources épuisables en machines et vit
des flux courants provenant des machines et du travail. Avec un tel programme,
on peut supposer que, dans un sens, le stock total de capital productif n'a
jamais été épuisé puisqu'en fin de compte le stock
de ressources épuisables sera converti en un stock de machines et,
compte tenu du fait que les machines sont supposées ne pas se
déprécier, aucun stock ou de machines, ou de ressources
épuisables ne sera jamais épuisé » (Hartwick
1977).
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