II. La malédiction des ressources naturelles :
Littérature théorique et empirique.
De nombreuses études empiriques ont mises en
évidences l'existence de la malédiction des ressources
naturelles. Nous pouvons citer entre autres : Sachs et Warner (1995, 1997,
1999, 2001) ; Gelb (1988) ; Auty (1990, 1998). En tant que fait stylisé,
des théories ont émergées pour tenter de comprendre
comment le phénomène opère, et éventuellement
comment conjurer la malédiction.
1. Evidences empiriques
La malédiction des ressources naturelles est née
des observations de Auty (1990) qui utilise ce terme pour qualifier le
phénomène « contre intuitif » qui fait que dans les
régressions de croissance, les pays richement dotés en ressources
naturelles soient ceux là même qui peinent à connaitre une
croissance économique soutenue. D'un coté on a des pays pauvre en
ressources telles que Singapour, Hong Kong, la Taiwan, ou le Japon qui, du
point de vu de la croissance se démarquent positivement. Tandis que le
Nigeria, le Gabon, ou le Venezuela qui sont plutôt bien dotés en
ressources naturelles, réalisent des performances médiocres et
stagnent depuis les indépendances (J. A. Frankel 2012).
En analysant les données de 1970 à 1990, Sachs
et Warner (1997) ont montrés que les pays riches en ressources
naturelles ont tendance à croitre moins vite que les pays peu
dotés en ressources naturelles. Ils ont effectué des
régression de croissance, en prenant en compte des
caractéristiques économiques telles que le « ratio
exportation en ressource naturelles par
rapport au PIB » ,« la population active »,
« l'intégration globale de l'économique », «
l'ouverture économique », « le taux d'investissement »,
« le taux d'accumulation de capital humain », « le ratio des
dépenses publiques », « le déficit fiscal » et
« l'efficacité des institutions ».
Par ailleurs, Sala-i-Martin (1997) et Doppelhofer et al.
(2000) ont trouvé que les ressources naturelles font parties des 10
variables explicatives les plus robustes dans les
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régressions de croissance. Cette étude vient
étayer les conclusions de Sachs et Warner (1995), Auty (1990), Gelb
(1988).
Sachs et Warner (2001) ont revu la littérature
empirique sur la théorie des ressources naturelles. Ils constatent qu'au
delà de la corrélation négative entre abondance en
ressources et croissance, l'introduction de variables géographiques et
climatiques ne modifie pas significativement les conclusions. En effet, selon
les auteurs (page 5): « en considérant la possibilité
qu'il existe un biais lié à l'existence de variables
géographiques non observables, les pays dont les conditions
géographiques sont favorables auraient une croissance soutenue en
laissant passer le temps. La part des ressources naturelles dans
l'économie apparaitra alors faible par ce que le reste de
l'économie aurait connu une croissance soutenue et non par ce que ces
pays sont pauvres. Les pays pauvres en ressources naturelles quant à
eux, apparaitrons comme riche (mesuré par le ratio exportation de
ressources naturelles sur PIB), le reste de l'économie n'ayant pas connu
de croissance soutenue ». De même, le test de contrôle
direct de la variable géographique dans la régression
réalisé par Gallup et al. (1999) et le test indirect consistant
à contrôler la croissance des périodes antérieur
réalisé par Sachs et Warner (1997), ont conclu que la prise en
compte des variables géographiques n'élimine pas la
malédiction des ressources naturelles.
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