III. Burkina Faso et l'hypothèse d'un changement
de
régime d'accumulation de capital physique et
humain
1. Evaluation du capital humain
Afin de vérifier l'hypothèse d'un changement de
régime dans l'accumulation du capital humain depuis le boom minier au
Burkina Faso, nous nous basons sur l'indicateur de développement humain
(IDH), mesuré par le PNUD. En considérant que le capital humain
peut être appréhendé à travers la santé et
l'éducation, nous dérivons de l'IDH l'espérance de vie
comme mesure de l'état de santé de la population et nous retenons
le taux d'alphabétisation des adultes combiné avec le taux de
scolarisation au primaire comme indicateur sur l'éducation. Cependant,
pour des raisons de disponibilité des données, nous ne traiterons
que du taux de scolarisation au primaire et de l'espérance de vie pour
la mesure de capital humain.
Les données sont principalement issues de la base de
données de la banque mondiale. Nous disposons ainsi des statistiques sur
l'espérance de vie (en nombre d'année) et le taux de
scolarisation au primaire en pourcentage du nombre d'enfants scolarisés
sur le nombre total d'enfants en âge d'être scolarisé de
1990 à 2013. Par contre les données sur le taux de scolarisation
des adultes ne sont pas assez complètes pour nous permettre de calculer
les taux de croissance. Nous limitons donc l'indicateur sur l'éducation
au seul taux de scolarisation au primaire.
a) L'espérance de vie au Burkina Faso
Sur la période 1990-2013, l'espérance de vie au
Burkina Faso est passé de 49.36 à 56.27 ; soit un gain de 7 ans
sur une période de 20 ans. Le graphique montre une différence
entre la situation des hommes et des femmes de l'ordre de deux ans en 1990. On
peut constater que cette différence présente une tendance
baissière sur toute la période et se stabilise autour d'un an en
2013. Bien qu'enrichissante, cette analyse ne nous enseigne pas sur les
changements de régimes d'accumulation. Pour mesurer le
phénomène, nous avons donc recours au taux de croissance de
l'espérance de vie, mesurée par la formule
suivante :
TEi =
E1-E1_1x100
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Avec : TE le taux de croissance de l'espérance de vie,
exprimé en pourcentage de l'espérance de vie de l'année
i-1, pour une année i donnée.
TEi mesure donc la capacité du pays à accumuler
la dimension santé et bien être du capital humain d'une
année a l'autre.
Graphique 6 : Evolution de l'espérance de vie
au Burkina Faso
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Sources des données : Banque mondiale, graphique de
l'auteur
L'évolution du taux d'accumulation de
l'espérance de vie au Burkina Faso (graphique 7) montre que
contrairement à ce à quoi l'on pourrait s'y attendre, le boom
minier s'accompagne d'un retournement de situation dans l'accumulation des
années de l'espérance de vie. En effet, si le Burkina Faso a
connu un taux de croissance de son espérance de vie en constante hausse
de 1991 à 2003 environ, cette croissance se plafonne autour de 0.9% en
2006, avant d'amorcer une tendance baissière depuis 2007. Ce constat
vient infirmer l'hypothèse d'un changement de régime
d'accumulation en faveur d'un taux plus élevé au niveau de
l'espérance de vie des burkinabè. Au stade actuel de nos travaux,
nous ne pouvons pas établir de liens de causalité directe entre
boom minier et baisse du taux d'accumulation de l'espérance de vie, nous
constatons seulement les résultats paradoxaux qui montrent que par
rapport a ce critère le Burkina Faso semble s'éloigner de la
règle de soutenabilité de Solow-Hartwick.
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Graphique 7 : Croissance de l'espérance de
vie au Burkina Faso
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Source : Calcul et graphique de l'auteur, à partir des
données de la Banque mondiale
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