b) Taux de scolarisation au primaire
L'analyse graphique de l'évolution du taux de
scolarisation du Burkina Faso, montre de prime abord que les efforts dans ce
domaine se sont concrétisés par une hausse continue de la part
des inscriptions à l'école primaire. En effet, si en 1990,
environ 32.5% des enfants en âge d'être scolarisé
intégraient le système éducatif, en deux décennies
cette part a plus que doublé pour atteindre 86.86% en 2013.
Néanmoins, on peut constater que la plus grande partie de cette hausse a
été réalisée entre 2003 et 2009. La première
décennie 1990-2000 a connue une hausse de 10.5 points environ, tandis
qu'entre 2000 et 2009, on observe une hausse de 32.6 points, soit 3.62 points
de croissance annuelle en moyenne. Par contre, depuis 2009, la situation a
relativement baissée, 2.25 point de croissance en moyenne par an.
L'analyse des taux de croissance de cet indicateur (graphique
8), vient confirmer cette observation en montrant que depuis 2009, le
régime d'accumulation de la dimension éducation du capital
humain, mesuré ici par la croissance du taux de scolarisation s'est
nettement détérioré. Plutôt que d'amorcer un
changement vers un régime plus élevé, le taux
d'accumulation de l'éducation a été négativement
perturbé. Tandis qu'il était stable au dessus de 5% depuis 2003
(de l'ordre de 9% en 2007), en 2010 il passe en dessous de 1%, puis 4% en 2011,
avant de rechuter à 0.2% en 2013. Ainsi, le boom minier ne s'accompagne
pas d'une hausse de la capacité du Burkina Faso à scolariser une
plus grande part des enfants en âge d'êtres scolarisé, mais
plutôt par des vagues de scolarisation et de déscolarisation. Sans
nul doute, l'or y est pour quelque chose et principalement l'exploitation
minière traditionnelle qui attire de plus en plus d'enfants hors du
système scolaire.
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Pour lisser les données et dégager une tendance
générale, nous utilisons les moyennes mobiles centrées
d'ordre 3 (graphique 9). On constate que la croissance des inscriptions
à l'école primaire évolue autour d'une tendance cyclique.
A l'intérieur de chaque cycle, on peut alors calculer le niveau moyen de
la croissance des inscriptions au primaire, en tant qu'indicateur du
régime d'accumulation de ce facteur.
Graphique 8 : Evolution des inscriptions à
l'école primaire
Source : graphique de l'auteur, à partir des
données de la banque mondiale
Graphique 9 : Taux de croissance de la part des
enfants scolarisés
Source : calcul et graphique de l'auteur, à partir
des données de la banque mondiale
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c) De l'accumulation du capital humain au Burkina
Faso
Nous mesurons l'accumulation de capital humain en faisant la
somme directe de l'accumulation de l'espérance de vie et de la
croissance des inscriptions à l'école primaire. Nous identifions
graphiquement les changements de régime et calculons la moyenne de
chaque période (Graphique 10). On constate alors que dans le cas du
Burkina Faso, le boom minier s'accompagne effectivement d'un changement de
régime d'accumulation, mais contrairement à la règle de
Solow-Hartwick qui veut que la destruction de capital naturel s'accompagne d'un
régime plus élevé dans l'accumulation des autres types de
capitaux, le Burkina est passé d'un régime plus
élevé (8% de croissance annuelle en moyenne) vers un
régime moins élevé de l'ordre de 4% de croissance. Ce
paradoxe empirique ne nous permet pas d'établir une corrélation
directe avec le boom minier, néanmoins ces résultats pourraient
remettre en cause les analyses officielles de la soutenabilité de
l'exploitation minière du Burkina Faso si toutefois l'accumulation de
capital physique s'inscrit dans la même dynamique.
Graphique 10 : l'accumulation de capital humain au
Burkina Faso.
Source : Calcul et graphique de l'auteur, à partir
des données de la banque mondiale
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