II. Du choix de la non-pondération du capital
physique et du capital humain
Dans le souci de simplifier et de mieux appréhender la
réalité par le chiffre, les chercheurs en sont arrivés
à des abstractions théoriques permettant de justifier
l'émergence d'indicateurs composites ramenés sur la même
échelle des aspects qualitatifs et des aspects quantitatifs, des objets
d'étude de natures différentes. Si l'accumulation de capital
physique peut facilement être mesurée par les dépenses
d'investissement, la subtilité du capital humain nous parait en revanche
insaisissable par la dépense uniquement.
L'IDH mesure le capital humain en prenant en compte la
santé et l'éducation, le choix de l'espérance de vie et du
taux de scolarisation traduit une logique axée sur les résultats.
Cette approche nous semble plus rationnelle comparativement a l'approche
basée sur les dépenses en éducation qui est retenue dans
la mesure de l'épargne net ajustée. En effet, l'épargne
nette telle que calculée par la banque mondiale ne retient que les
dépenses d'éducation comme indicateur du taux d'accumulation de
capital humain. Or le capital humain étant intrinsèque à
l'Homme, la dépense ne peut en aucun cas refléter son niveau.
C'est ainsi que la construction d'écoles engendre des dépenses
mais ne constitue pas en soit une accumulation de capital humain, encore
faut-il qu'il y'ait un enseignant et que des élèves y soient
instruits. Dans la même logique, des tentatives d'intégrer la
santé dans l'épargne nette ont été
opérées en y ajoutant positivement les dépenses de
santé (Dialga 2013), or nous savons que « des dépenses
élevées en santé peut traduire également une
population malade et donc improductif » Dialga (2013).
Dès lors que le capital humain ne peut
s'apprécier uniquement par la dépense, une pondération
avec les indicateurs monétaires du capital physique peut conduire
à un biais énorme. La soutenabilité faible autorise la
substituabilité entre facteurs de production, mais le prix relatif ou la
préférence sociale d'un facteur par rapport à un autre,
relève des choix politiques et nous parait hors de portée au
stade actuel de nos recherches. Nous nous contentons donc d'observer
individuellement la trajectoire de chaque type de capital, en
considérant que dès lors qu'il y'a destruction de capital
naturel, cela doit nécessairement s'accompagner d'une hausse du taux
d'accumulation du capital humain et/ou physique si la règle de
soutenabilité de Solow-Hartwick est respectée.
Bien que comprenant la logique sur laquelle repose les
pondérations opérées dans les indicateurs tels que l'IDH
ou l'épargne nette ajustée, nous préférons
restreindre le champ d'abstraction de cette analyse afin qu'elle demeure la
plus proche possible de la réalité et
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aussi compréhensible que possible au profane. C'est
ainsi qu'au regard de la nature du capital humain, du capital physique, et de
l'objectif de cette étude, nous pensons que la non pondération
traduit le mieux la réalité que nous souhaitons quantifier.
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