Réflexions sur la problématique du coup d'état en Afrique.( Télécharger le fichier original )par Koffi Afandi KOUMASSI Université de Lomé - Master 2 en Droit Public Fondamental 2015 |
2-) La prolifération des foyers de tensionL'érection de mouvements de rébellion, qui sont des milices au service des « seigneurs de guerre » voire même des hommes politiques entrainent la milicisation du paysage africain. Ce qui provoque de guerres civiles, de revendications irrédentistes et une explosion de la violence urbaine. Les fréquentes secousses politiques induites par les coups d'État complexifient la situation. Elles favorisent l'extension rapide de ces mouvements dissidents170(*). D'où la propagation des foyers de tension. Profitant de la dégénérescence de la situation et de la porosité des frontières africaines, les mouvements de rébellion et les groupes terroristes volent de régions en régions pour installer de nouveaux quartiers généraux et font circuler également librement les armes légères de petits calibres. A cet égard, « les coups d'État et tensions intérieures sont autant d'occasions pour les groupes terroristes intérieurs ou extérieurs de développer leur influence et de menacer durablement la stabilité au niveau régional, voire au-delà »171(*). Ces mouvements séparatistes participent fortement de l'exacerbation de la violence post-putsch et de la détérioration chronique de la situation sécuritaire du continent. Les actions du mouvement terroriste Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) en Mauritanie, au Mali, et au Niger sont une illustration de l'existence d'un terreau d'incubation du terrorisme surtout dans la zone sahélo-saharienne de l'Afrique. Dans un mouvement circulaire, le déclenchement d'une crise dans un quelconque État africain rend d'emblée possible la naissance d'autres conflits dans la région. Dans le cas spécifique de l'Afrique de l'Ouest, on considère que la guerre civile au Libéria, provoquée par le coup d'État de mars 1991, a été le point de départ d'une série de conflits en Sierra Léone, en Guinée Conakry et en Côte d'Ivoire. Aussi, la résurgence de la rébellion Touarègue au nord Mali en 2012 et le coup d'État en Centrafrique en 2013 l'a-t-elle été à la faveur de la crise libyenne. Il semble ainsi s'établir une interconnexion entre les différentes crises que connaît le continent africain sous l'effet des changements violents de gouvernement. Ce qui représente une menace grave pour la paix et la sécurité sur le plan international (B). * 170 D'après les investigations de Human Rights Watch, la plupart des commandants des groupes islamistes du Nord Mali n'étaient pas des Maliens. Ils venaient plutôt de la Mauritanie, de l'Algérie, du Sahara occidental, du Sénégal, de la Tunisie et du Tchad. On est arrivé à la conclusion que ces groupes ont progressé en profitant du chaos politique et sécuritaire qui a suivi le coup d'État organisé à Bamako le 22 Mars 2012. * 171 Cf. le Paragraphe G du Préambule de la Résolution ACP-UE/101.355 de l'Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE adoptée le 19 juin 2013 à Bruxelles. |
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