CHAPITRE II
EVOLUTION DE L'ECONOMIE ET NECESSITE D'UNE
RELANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN
Depuis son accession à l'indépendance en 1960,
le Cameroun a connu trois grandes orientations de politique économique
qu'on peut situer sur trois périodes : la première période
est celle des plans quinquennaux qui s'étale de 1960 à 1986, date
à laquelle le pays commence à ressentir les premiers signes de la
crise. La deuxième période commence en 1987 avec l'entrée
effective en crise et la soumission aux différentes mesures
d'austérité imposées par le FMI, et elle court jusqu'en
2003 avec l'élaboration du Document de Stratégie pour la
Réduction de la Pauvreté (DSRP). La troisième
période enfin, couvre toute la période de mise en oeuvre du DSRP,
et va jusqu'à l'élaboration du DSCE en 2009.
Ce chapitre fait ressortir les grands axes de chacune des
grandes périodes d'orientation de politique économique, notamment
en termes d'investissement public et privé, de consommation publique, de
consommation finale des ménages et de fiscalité, ainsi que de
leur influence respective sur l'économie au cours de chacune des grandes
périodes. Tout ceci dans le but de faire ressortir la
nécessité d'une relance économique au Cameroun.
II.1 La politique des plans quinquennaux (1960
-1986)
La politique de développement axée sur les plans
quinquennaux a été rendue populaire par l'ex-URSS parce qu'elle y
avait été appliquée avec succès. La plupart des
pays sous-développés au rang desquels le Cameroun ont alors
adopté cette politique pour essayer de se développer. Selon
Bettelheim cité par Touna Mama (2008), la planification peut être
définie comme une activité visant à établir des
objectifs cohérents et des priorités de développement
économique et social, à déterminer les moyens
appropriés pour atteindre ces objectifs, et à mettre
effectivement en oeuvre ces moyens en vue de la réalisation des
objectifs fixés.
3/4 Une politique axée vers l'investissement
au Cameroun
Le Cameroun aura connu cinq plans quinquennaux qui sont
arrivés à terme, de 1960 jusqu'en 1986. L'avènement de la
crise en 1987, a interrompu l'exécution du 6ème plan.
De manière générale, les principaux objectifs des
différents plans quinquennaux tournent autour de
l'accélération de la croissance économique, le
développement et la croissance de la
période
production agricole, la
réduction des disparités
régionales,
l'industrialisation de
l'économie, ainsi que
l'amélioration des revenus et
conditions de vie des
populations. Pour atteindre ces objectifs, le
gouvernement camerounais va
principalement miser sur
l'investissement (augmentation des
investissements publics et
stimulation des investissements
privés). C'est ainsi que le ratio
d'investissement public sur le PIB va
considérablement croître
pendant cette
, allant d'une moyenne
d'environ 1% pendant le
premier plan,
du 5ème plan
quinquennal (Graphique 2). Cet
investi
prioritairement vers la
construction des infrastructure
pour les suivants) et l
loitation du
et l'exp
Graphique
FIB pendant les
2 : Evolution du
plans quinquennaux
Ratio Investissement public sur
Source: World Bank,
World
Development Indicator 2007 et CAA (2007), les ca
lculs de l'auteur
8)
11 D'après Touna Mama (200
22
ISSEA & MINEPAT 2011
Mémoire professionnel ISE,
SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance
économique par les dépenses publiques au
Cameroun
12%
10%
8%
4%
0%
6%
2%
1er plan
Ratio Investissement public
2e plan
3e plan
sur PIB (%)
4e plan
5e pla
n
la période des plans
quinquennaux, l'Etat va
encourager et stimuler le
secteur privé
en construisant des routes,
des barrages
hydroélectriques ( Song-Loulou et
Mbakoua par exemple), en
développant le transport maritime
par la création de la
Cameroon Shipping Lines en 1974, en
pratiquant une politique fiscale incitative en
particulier pour les petites et
moyennes entreprises, etc. Tout
ceci afin que celui-ci
accompagne son effort
d'investissement. Ces efforts du
gouvernement vont quand
même porter des fruits jusqu'en 1986,
même si l'investissement privé
ne va pas réellement acquérir
une forte dynamique. En
effet, l e taux
d'investissement privé par
rapport au PIB va croître
après
moyenne au cours
orienté pour le
de 18 % des investissements
publics pour tous les plans quin ). Il faut n
oter que cette é volution à l a
hausse d es investiss ements pu
blics a été rendue pos
sible non s eulement par la
volonté du gouverne ment, mais aussi
par un context e économi que favora
ble (une agricul ture floriss
ante, l'aug mentation d es
prix mo ndiaux des produits vi
vriers, la dé couverte
pétrole dè s 1978).
1er plan et
toujours pl
us de 20%
e développ
quennaux11
à près de 11% en ssement p ublic
est
s (45,8% des investi ssements
(autour
ement rural
Pendant
l'indépendance, et
Mesures alternatives de relance
économique par les dépenses publiques au
Cameroun
atteindre une moyenne
maximale de 19 ,7% au cours
de la période 197 9-1985
(Tableau 1). Cette croissance
du taux d'investissement va
permettre au pays de se situer à
un niveau d'investissement global assez
élevé, principalement au cours
du dernier plan quinquennal.
Il faut tout de même préciser
que l'investissement public aura
été le principal moteur de
l'économie pendant cette
période, avec un niveau de croissance
plus élevé et plus régulier.
Tableau 1 :
|
Evolution de l'in
|
vestissement privé en pourcentage du PIB au
Cameroun
|
Période
|
1970-78
|
1979-85
|
1986-93
|
1 994-99
|
2000
|
2001
|
2002
|
2 003
|
Investissement privé en % du PIE
|
16,1
|
19,7
|
11,5
|
10,3
|
13,5
|
14,5
|
15,3
|
15
|
Source: World Bank,
World Development Indicator 2007.
située autour de 10%.
dépit d'un
D'après certains
économistes, pour qu'un
pays ait une croissance à la
fois forte et durable, il doit
maintenir assez durablement
son taux d'investissement
global au moins au niveau du
seuil critique de 2 5% du PIB.
L'expérience des pays asiatiques qui,
sur une période d 'environ 30 ans (de 1960 à
1990) ont maintenu leur
niveau d ' investissement au
dessus de 30 % du PIB, conforte
cette théorie car le
résultat est qu'ils ont
enregistré une
croissance moyenne sur la période
Au Cameroun, en
vont tout de même
25% du
33% du
ar la découverte et
pétrole en
oitation du
1978 et a , même s'il e
en 1987.
effectivement eu un
n'a pu être
effet positif sur la
période
maintenu que sur une
secteur privé plutôt
faiblement dynamique, les efforts
de l'Etat hisser le niveau
d'investissement global au
dessus de ce seuil critique de PIB,
particulièrement au cours du 5e plan
quinquennal (1981 - 1986) comme le
montre le graphique 3. Le pays arrivera
même à un taux d'investissement
global de PIB en 1985. Ce niveau
d'investissement global a été largement
favorisé p le début de l'expl
croissance comme nous verrons plus
loin assez courte, avant l'avènement
de la cris
Graphique
|
3 : Evolution du taux d'investissement
global au
|
Cameroun (à prix constant de
2000)
|
|
Taux d'investissement global en % du PIB
|
35%
|
|
30%
|
|
25%
|
|
20%
|
|
15%
|
|
10%
|
|
5%
|
|
0%
|
|
|
|
Source: World Bank,
World Development Indicator 2007
Mémoire professionnel ISE,
|
ISSEA & MINEPAT 2011
|
23
|
SIKUBE TAKAMGNO Célestin
|
Mesures alternatives de relance
économique par les dépenses publiques au
Cameroun
le gouv ernement c amerounais
s les année être que
de
|
s 60, la p 55,6% en
|
art de la
1985.
|
Par ailleurs, pendant la
période 1960 -19 86, il n'y a
pas eu une réelle
politique développée par dans
le sens d'encourager la
consommation des
ménages pour relancer
l'économie. Ce qui peut
expliquer le fait que même si la
consommation finale des ménages reste
la composante la plus importante
du PIB, son ratio par
rapport à celui-ci connaît tout de
même une tendance à la baisse
sur cette période. En effet,
d'après la figure 4 qui suit, on
constate que partant
d'environ 80% du PIB dan
consommation finale des
ménages va chuter au point
de ne plus
Graphique
|
4 : Evolution de
|
la Consommation finale des ménages en % du
FIB
|
|
|
|
Consommation finale des ménages
|
90%
|
80%
|
70%
|
60%
|
50%
|
40%
|
30%
|
20%
|
10%
|
0%
|
|
Source: World Bank,
World Development Indicator 2007
Il n'est donc pas étonnant de
constater au regard de la
figure 4 et de la figure 5 que
l'évolution de la
consommation finale des
ménages en pourcentage du PIB ne semble pas
avoir une influence sur celle
de la croissance du PIB réel ;
si la part de la
consommation finale des
ménages dans le PIB a
clairement une tendance à
la baisse assez régulière, la
croissance du PIB réel, mis à
part quelques pics négatifs
notamment en 196 7, 1976 et
1982, affiche plutôt une
tendance à la hausse sur l a
période des plans quinquennaux (1960 -19
86).
Graphique
|
5 : Evolution du
|
taux de croissance du FIB réel
a
|
u Cameroun
|
|
Croissance PIB réel (%)
|
|
25
|
|
|
20
|
|
|
15
|
|
|
10
|
|
|
5
|
|
|
0
|
|
|
-5
|
|
|
-10
|
|
-15
|
|
|
Source: World Bank,
World Development Indicator 2007
Mémoire professionnel ISE,
|
ISSEA & MINEPAT 2011
|
24
|
SIKUBE TAKAMGNO Célestin
|
Mesures alternatives de relance
économique par les dépenses publiques au
Cameroun
issance élevée en moyenne sur la
période, conjuguée à
et un solde négatif de la balance
courante
3/4 Une cro
une inflation forte
Si on fait abstraction de
l'aspect quelque peu os
cillatoire12 de l'évolution
du PIB sur la période des plans quinquennaux
(Graphique 5) en utilisant
par exemple les moyennes de
croissance sur les périodes (Tableau 2
), il ressort assez
clairement que la
période où le Cameroun atteint
la moyenne de croissance la
plus élevée (1 977 - 1986 )
correspond à celle pendant
laquelle l e pays adopte une
politique expansionniste
avec des taux
d'investissement presque toujours
supérieurs à 25%. Ce
qui bien sûr, fait
penser à un lien éventuel
entre les deux phénomènes.
Tableau 2 :
|
Grandes phases
|
de croissance économique au
Cameroun
|
|
3 premiers plans
|
4ème et 5ème
plan
|
Période de crise
|
Reprise après dévaluation
|
|
(1 960 - 1976)
|
(1977 - 1986)
|
(19 87 - 1994)
|
(1995 - 2006)
|
Taux de croissance moyen du PIB réel
|
3,1%
|
9,4 %
|
-3,8%
|
4,1 %
|
Source: World Bank,
World
|
Development Indicator 2007, les
|
calculs de l'auteur
|
ique observée pendant toute la
période des plans
quinquennaux
d'une hausse assez
généralisée des
prix au période d'exécution
du 5e plan ( qui correspond
à la
de crois s
qu'à 16,6 %
Cette forte croissance
économ va
malheureusement
s'accompagner consommateur. En
effet, au cours de la
inflation à la période
es, expliq u
ntage du P
des salair e
vestissement et des plus forts taux
deux chiffres allant jus
IB (Graph i
s à cette in fl
(Graphiqu e e aussi c er
6). Cette p
tainement
que 4). Su rt
ation pou r
oussée infl
la chute de la conso mm out
qu'il n'y a véritable
soutenir la
ationniste q
ance égale m
en 1983, p
consomma
ent), le
our une
ui érode
ation
ment
tion des
s.
période des plus forts taux
d'in pays va enregistrer des taux d '
moyenne d'environ 11,2% sur
le pouvoir d'achat des
ménag finale des
ménages en pourc e pas eu
une certaine indexation
ménage
Graphique
|
6 : Evolution du
|
taux annuel d'inflation au Cameroun
(%)
|
Taux d'inflation sur les produits de consommation
finale
|
40
|
|
30
|
|
20
|
|
10
|
|
|
0
|
|
|
-10
|
|
|
|
Source: World Bank,
World Development Indicator 2007
12 Qui s'explique par une forte fluctuation des prix
des produits d'exportations et du pétrole
Mémoire professionnel ISE,
|
ISSEA & MINEPAT 2011
|
25
|
SIKUBE TAKAMGNO Célestin
|
Graphique
pourcentage du
FIB au Cameroun
7 : Evolution du solde de la balance courante
en
Source: World Bank,
World
Development Indicator 2007
croissance, mais elle balance courante enc
va aussi ore plus
En bref, après son
indépendance en 1 960, le
Cameroun va opter pour une
politique de développement
axée sur les plans
quinquennaux avec pour
principal objectif de
doubler le revenu par tête du pays,
à l'horizon 198 0. Pour
atteindre cet objectif, le
gouvernement va se lancer
dans une politique
d'investissement, et
particulièrement dans les
infrastructures et le
développement rural.
Cette politique va fortement booster la s'accompagner de forts
taux d'inflation et d'un solde de la
négatif.
Le pays va pourtant très rapidement
entrer en crise
la politique
003)
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