I.2.2 Différents instruments de la politique
monétaire appliqués par la BC
Les instruments de la politique monétaire sont
l'ensemble des éléments sur lesquels peut intervenir la Banque
Centrale pour modifier l'environnement monétaire. Par extension, ils
recouvrent aussi les objectifs opératoires à court terme, qui
consiste par l'ensemble à fixer les taux directeurs. Aujourd'hui ces
taux d'intérêt à court terme sont les principaux
instruments de la politique monétaire.
Il n'en a pas toujours été ainsi : avant la
libéralisation financière qui a eu lieu au cours des
années quatre vingt dans la plupart des pays, la politique
monétaire consistait à contrôler directement
l'évolution de l'encaisse monétaire et du crédit, les taux
restant inertes étant considérés comme une simple
résultante. (J. ADDA, 1995)
Dans la pratique seuls les taux d'escompte et /ou à
taux du marché monétaire sont des taux directement fixés
par les banques centrales et peuvent véritablement être
considérés comme des instruments. (DEMAROLLE et QUINET., 1996
Cité par BENASSY et Al., 2003)
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I.2.2.1 Qualité des instruments de la politique
monétaire : la question des transmissions de la politique
Les canaux de transmission de la politique monétaire
sont des processus très complexes. Les effets de variation de taux
d'intérêt sur les variables macroéconomiques ne sont pas
systématique, ils dépendent de l'état de l'économie
et des anticipations des agents ; par ailleurs, ils ne s'exercent qu'avec des
délais assez longs, généralement évalués en
quatre et six trimestres (C. GUINAUDEAU, GUSHCHINA, NAVARRO, VIZZAVONA,
cité par Kako NUBUPRO, 2003).
On distingue traditionnellement trois canaux de transmission de
la politique monétaire :
· Canal du taux d'intérêt
Une variation du taux d'intérêt produit trois
types d'effets sur les variables réelles de l'économie.
Un effet de substitution : l'arbitrage entre
consommation et épargne se modifie, le taux d'intérêt
exprime donc le prix de la détention de liquidités. Ainsi dans le
cas d'une hausse du taux d'intérêt par exemple, les agents
économiques vont substituer une part de leur consommation à
l'épargne devenue plus rémunératrice.
Un effet de revenu : en imaginant une hausse du
taux d'intérêt, les effets vont être contraires, selon que
l'agent est créditeur ou débiteur. L'agent créditeur verra
son épargne mieux rémunérée, il sera donc plus
riche et c'est sans modifier son comportement, l'agent débiteur verra
augmenter le prix de sa dette.
Un effet de richesse : la hausse des taux
d'intérêt fait baisser les cours de certains titres et les agents
qui voient ainsi la valeur de leur patrimoine diminuée, réduisent
leurs consommations.
· Canal de crédit
La hausse des taux d'intérêt directeurs de la
banque centrale conduit les banques à accroître les taux
d'intérêt débiteurs, mais aussi à rationner le
crédit en raison de la montée des risques liés à
des charges d'intérêt plus élevés. La hausse des
taux d'intérêt, du fait de l'asymétrie d'information,
risque de produire aussi un aléa moral (les « bons emprunteurs
» renoncent à leurs demandes de crédits et les «
mauvais risques» continuent à s'endetter) cette situation pousse
aussi les banques à réduire leur offre de crédit. Ainsi
les contraintes d'accès au crédit de certains agents,
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ménages ou petites et moyennes entreprises (PME), peuvent
donner lieu à des changements importants dans la transmission d'une
politique monétaire par le taux d'intérêt.
En effet, si les agents sont contraints dans leurs demandes
de crédit, pourra susciter une baisse de demande de crédit
bancaire, mais s'il y a une situation initiale, un excès de demande,
cette hausse ne se traduira pas nécessairement par une baisse des
crédits distribués.
De nombreuses études ont été
menées, liées au canal de crédit (BERNANKE et BLINDER,
1992) et (BARRAN et Al., 1995) montrent en effet, qu'une hausse du taux
d'intérêt n'est généralement pas suivie
immédiatement d'une baisse du crédit bancaire.
· Canal du taux de change
La hausse des taux d'intérêt entraîne, toute
chose restante égale par ailleurs, une appréciation du taux de
change qui mène à une dégradation des termes de
l'échange (le pays concerné est moins
compétitif) qui conduit des agents résidents à acheter
davantage à l'étranger et moins au producteurs domestiques.
(GUIVANDEA et Al., 2007)
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