I.6 Reforme monétaire d'octobre 1993
Le diagnostic de l'économie Congolaise qui sous-tend
généralement les reformes monétaires est invariable :
y' Dégradation prononcée de l'activité de
production ;
y' Détérioration des finances publique ;
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V' Aggravation de l'inflation ;
V' Précarité des réserves de
changes ;
V' Accumulation des arriérés du service de
la dette extérieure.
Mais cette pénultième reforme monétaire
procédait surtout d'un double constant
nouveau et plus alarmant à savoir :
o La profonde modification intervenue dans la structure de la
masse monétaire à la suite d'un gonflement malsain des
dépôts bancaires
o Et l'incapacité croissante des banques à
répondre aux demandes de retrait de fond exprimées par la
clientèle.
Au lieu de s'attaquer à ces problèmes tout
à fait spécifiques, l'autorité monétaire avait
assigné à la reforme monétaire de 1993 des objectifs
à la fois multiples et contradictoires
? Réduire fortement le niveau de l'inflation par la
résomption partielle des liquidités
? Réajuster la parité externe par l'empressions
des signes monétaires, faciliter la comptabilisation de six zéros
sur les billets existants et leur remplacement par d'autres
dénominations (la parité interne était de 1NZ=3000000Z)
? Créer un environnement économique favorable
à la relance de l'activité économique.
Au plan de l'exécution de cette reforme
monétaire, plusieurs erreurs techniques fatales furent commises, et des
mesure d'encadrement totalement irrationnelles appliquées.
En effet, l'absence de sous multiples annoncée de
l'unité monétaire avait permis aux vendeurs de ramener
automatiquement à la hauteur de 1NZ soit l'équivalent de 3000000Z
tous les prix des articles valent moins de cette somme exprimée dans
l'ancienne unité monétaire. Par ailleurs, le gouvernement avait
fixé à quatre semaines la période d'échange des
anciens billets contre les nouveau signes monétaires sans pour autant
pouvoir approvisionner tout l'intérieur de pays en quantité
suffisante de ces billets.
Cette méprise est sans doute l'une des principales
causes de fractionnements de l'espace monétaire national en deux :
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? L'un usant des billets libellé « Nouveau
Zaïres » et
? L'autre rejetant ceux-ci au profit des zaïres
démonétisé
Aucun contrôle strict exercé sur l'expansion de
liquidités à la veille de la reforme monétaire sur la
circulation de ces encaisses et au 26 novembre 1993, soit 35 jours plus tard,
cette composante s'élevait à 70%
L'absence d'assainissement des finances publiques s'est
avérée plus fatale pour le bon déroulement de cette
reforme.
La fixation par le gouvernement du taux de change de 1dollr
US=3NZ le jour de La reforme monétaire et la projection annoncée
de ce taux à 1 dollar US= 15 NZ à la fin décembre 1993,
laissaient clairement entrevoir aux yeux du publics que la banque centrale ne
disposait pas de moyens nécessaires pour maintenir longtemps le premier
taux. Une telle attitude ne pouvait que favoriser la spéculation et les
anticipations à l'endroit du cours de la monnaie nationale.
Bien plus, dans sa tentative d'encadrer la reforme
monétaire, le gouvernement a pratiqué une véritable
politique de répression des marchés des changes, de blocages de
prix des produits et des denrées de première
nécessité et même intimité des négociants en
diamants d'exploitation artisanale. Ce dirigisme qui cadre très peu
l'option officielle de libéralisation des pris et de taux de change,
prise depuis 1983, n'a fait que transmettre de mauvais signaux aux
marchés.
D'où l'emballement des prix et l'envol des taux de
changes. Tout compte fait, la reforme monétaire 1993 s'était
opérée dans un contexte très peu propice : insuffisante de
concentration technique, précipitation dans l'exécution,
agitations et surenchères politique autour de l'idée même
de reforme monétaire, grave pénurie de devises et absence d'appui
financier extérieur. La suppression des six zéros sur les
anciennes dénominations et changement des signes monétaires
auront été seuls marques visibles de cette reforme tant
décriée.
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