I.7 Reforme monétaire de juin 1998
a) Nécessité d'un programme d'ajustement
économique
L'organe technique du gouvernement dans le domaine
monétaire qui est la BCC n'y est pas allée par d'autres voies
pour constater que le changement politique intervenu dans le pays depuis le
mois de mais 1997 ayant entrainé également le changement du nom
de pays devrait impliquer le changement de l'unité monétaire dont
le nom était associé à celui du pays. Il en est de
même de la démonétisation de l'institut d'émission
reprise sur les billets de banque.
Bien plus, au regard de la situation économique qui
prévalait en 1997, il devenait plus urgent pour gouvernement
d'entreprendre des mesures correctives au travers d'un programme d'ajustement
économique comportant deux volets : la stabilisation monétaire
à court terme et la relance de l'économie à moyen
terme.
En effet, les indicateurs macroéconomique de dix
dernières années attestent que l'économie congolaise ploie
sous l'effet des déséquilibres fondamentaux en dépit des
diverses mesures de redressements mis en oeuvre. La banque centrale a
estimé à l'époque que le PIB a reculée de 42,9%
entre 1990 et 1994 ; cette tendance à la baisse ne s'est que très
légèrement estompée en 1995-1996 avant de se poursuivre en
1997.
Les déficits budgétaires ont été
financés pour l'essentiel par la création monétaire en
1994 soit après la reforme monétaire d'octobre 1993, l'expansion
monétaire a été de 10322,2% avant d'être
ramenée à 308,8% en 1995 et 471% en 1996.
Par ailleurs, l'inflation est demeurée très vive
: le niveau le plus élevé a été atteint en 1994
avec un taux annuel de 9,769% contre 370% et 753% en 1995 et 1996
respectivement.
Dans le secteur monétaire, il a été
épinglé d'une part la démonétisation progressive de
l'économie, le rapport masse monétaire ; PIB étant
tombé à 4,3% en 1997 contre une moyenne de 10% au cours des
années antérieures. D'autre part, les
32
chèques subissaient une forte décote dans les
transactions consacrant ainsi la rupture de la parité entre la monnaie
fiduciaire et la monnaie scripturale.
Les banques elles mêmes étaient en proie à
une forte désintermédiation financière, tandis que l'on
assistait à la montée en flèche de la « dollarisation
», signe pas trop évident de la confiance
généralisée envers la monnaie nationale.
Tableau n°2 : Evaluation de la
décote de la monnaie scripturale (nombre de NZ en cheque pour 1NZ en
espèce)
Mois
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
Janvier
|
1
|
12
|
2
|
3,5
|
1
|
3
|
Février
|
1
|
16
|
10
|
3,4
|
1
|
3
|
Mars
|
1
|
18
|
10
|
1,2
|
1
|
4
|
Avril
|
2
|
30
|
6
|
1,2
|
1
|
8
|
Mais
|
2,5
|
60
|
16
|
1,1
|
1
|
1,1
|
Juin
|
3
|
170
|
4
|
1,15
|
1
|
1
|
Juillet
|
3,5
|
80
|
3
|
1,08
|
1
|
1
|
Août
|
4,5
|
50
|
1,5
|
1,10
|
1
|
1
|
Septembre
|
5,5
|
30
|
1,5
|
1,18
|
1
|
1
|
Octobre
|
6
|
1
|
1,4
|
1,02
|
1
|
1
|
Novembre
|
6,5
|
1
|
1,2
|
1,0
|
1
|
1
|
Décembre
|
1,1
|
1,5
|
1,9
|
1,0
|
3
|
1
|
Source : KABUYA K., MATATA P., op cite p.53
Dans ce contexte de la décote de nouveau zaïre en
cheque, la reforme monétaire du 30 juin 1998 a culminée par la
mise en circulation d'une nouvelle unité monétaire le «
Franc congolais », visant particulièrement à casser
l'hyperinflation, à combattre la dollarisation de l'économie,
à rétablir le système général des paiements
y compris l'usage des chèques, en réunifiant l'espace
monétaire national et en réduisant la disparité de taux de
change à travers le pays.
33
Un des traits majeurs de cette reforme monétaire a
consisté à la neutralisation d'une partie de dépôts
bancaire à vue, préalablement déflatés par leur
transformation en titre de créances, sur le système bancaire.
Cette opération a permis de faire immédiatement la décote
de la monnaie scripturale par rapport à la masse fiduciaire tel que
constatée mensuellement depuis 1992 jusqu'à 1997.
Dans ce contexte, une reforme monétaire s'imposait
particulièrement ;
+ Au plan politique, elle devait adapter l'appellation de
l'unité monétaire au
changement de la démonétisation du pays et de
l'institut d'émission
+ Au plan économique, elle visait :
+ Assainir l'environnement monétaire et financier
caractérisé par la persistance
de l'hyperinflation, la désarticulation du système
des paiements et la
multiplicité des taux de change,
+ Stabiliser la monnaie et unifier l'espace monétaire
national,
+ Accroitre le taux de liquidité en vue de financer
l'économie et
+ Favoriser la relance des activités de production.
|