Chapitre II : Analyse de l'évolution de la
croissance économique et de l'ouverture commerciale du Burkina Faso
Pour connaître la manière dont les indicateurs,
commercial et économique ont évolué, nous
procéderons à l'analyse de la croissance de l'économie
burkinabè en section I et à celle de l'évolution de
l'ouverture commerciale en section II.
Section I : Analyse de la dynamique
économique
Cette section se consacre à l'analyse de
l'évolution du PIB réel de 1960 à 2010.
La mesure du PIB a un caractère nominal. La hausse du
PIB peut être le résultat d'une augmentation des prix, les
quantités des biens et services restant inchangées. Il convient
donc d'utiliser le PIB réel qui autorise une approche en termes de
volume.
Le graphique ci-dessous représente l'évolution
du PIB réel (base 100 en 2005). Les données sont issues de la
base de données des comptes nationaux de la BM et fichiers de
données des comptes nationaux de l'Organisation de Coopération et
de Développement Économiques (OCDE).
Figure 1 : Évolution du taux de
croissance annuel moyen par quinquennat de 1960 à
2010.
4%
8%
0%
7%
6%
5%
3%
2%
1%
Source : l'auteur à partir des données de la
BM (WDI, 2013)
22
De façon générale, le PIB réel a
connu une croissance annuelle moyenne de 4,20% sur l'ensemble de la
période 1960-2010. Cela traduit le dynamisme de l'économie
burkinabè. Quatre phases se dégagent de l'observation du trend.
Il s'agit respectivement des périodes 1960-1965 à 1980-1985 ;
1980-1985 à 1985-1990 ; 1985-1990 à 1995-2000 et 1995-2000
à 2005-2010.
De l'histoire des grandes politiques économiques du
Burkina Faso, on retient trois périodes à savoir la
période ante-PAS (1960-1990), la période PAS (1990-2000) et la
période post-PAS (2000 à nos jours).
Les deux premières phases de l'évolution du PIB
réel s'insèrent dans la période ante-PAS marquée
globalement par une croissance économique erratique due en partie
à un secteur industriel, des sociétés d'État et des
banques en difficultés. Toutefois les bonnes performances agricoles et
le faible niveau d'inflation et d'arriérés de paiement ont permis
de réaliser une croissance positive quoique en deçà de la
moyenne de 4,2%. La faible croissance sur la première phase (19601985)
peut être attribuée dans un premier temps à une gestion
hasardeuse de l'économie compte tenu de l'insuffisance de ressources
humaines au lendemain des indépendances et ensuite à la gestion
rigoureuse des finances publiques12 connue sous le sobriquet de
« garangose ». La seconde phase (1985-1990) retrace les
séquelles de la révolution du 4 août 1983. Ce fut une
période d'auto ajustement pour un développement auto
centré, basé sur les ressources internes du pays («
consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons »).
La politique de substitution aux importations clairement affichée a
été également renforcée au moment de la
révolution. Toutefois au cours de la période
révolutionnaire, les conditions sanitaires se sont nettement
améliorées à travers les campagnes de vaccination et
d'immunisation contre de nombreuses maladies ainsi que par la construction
collective de nombreux Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS).
Des résultats probants ont été obtenus : le nombre
d'habitants pour un médecin est passé de 37.000 en 1980 à
30.500 en 1986 et l'espérance de vie s'est améliorée de 37
ans en 1960 à 48 ans en 1988 (Kaboré, 2011). Des efforts ont
été faits également dans le domaine de l'éducation.
La chute du taux de croissance du PIB réel sur le quinquennat 1985-1990
peut, en partie, être expliquée par ces
12 La gestion à l'équilibre permet sans
doute d'assainir les finances publiques mais n'est pas toujours compatible avec
les objectifs de développement.
23
lourds investissements dans les secteurs sociaux dont les
effets sur la croissance se manifestent à moyen ou à long terme.
Par ailleurs, ce fut également une période de rectification dans
la mesure où juste après le coup d'État du 15 octobre 1987
on a assisté à un renouveau de la politique économique
marquée par un contexte beaucoup plus libéral.
La troisième phase (1985-1990 à 1995-2000)
s'inscrit globalement dans la période PAS des grandes politiques
économiques. Elle est marquée par la mise en place d'un ensemble
de programmes (politiques macro-économiques, politiques de
régulation, réformes du secteur financier et des
sociétés d'État, politiques sectorielles) insufflés
par la BM et le FMI. Ce dynamisme s'est traduit par une croissance continue du
PIB réel qui a atteint son maximum de 6,74% sur le quinquennat
1995-2000. Toutefois les économistes s'accordent sur le fait que la
croissance économique réalisée au cours de cette
période a été appauvrissante. En effet, l'incidence de la
pauvreté est passée de 44,5% en 1994 à 45,3% en 1998 pour
atteindre 46,4% en 2003 (Données d'enquêtes-INSD). Une explication
plausible serait la mauvaise répartition des fruits de la croissance
entre les différentes couches sociales. En délaissant les
investissements sociaux jugés budgétivores et peu productifs ou
du moins en les rationalisant, les PAS ont contribué à
dégrader les conditions de vie des plus pauvres au profit d'une
minorité d'opérateurs économiques.
La quatrième phase (1995-2000 à 2005-2010) est
quant à elle marquée par la mise en place d'une stratégie
nationale (le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
(CSLP)) qui s'inscrit dans le contexte général de la
période post-PAS. En s'appuyant sur quatre axes
stratégiques13, le CSLP tente de remédier à la
pauvreté afin de réaliser les Objectifs du Millénaire pour
le Développement (OMD) en 2015. Selon l'enquête 2009-2010 de
l'INSD, l'incidence de la pauvreté s'est établie à 43,9%
en 2009 (contre 46,4% en 2003).
13 Les 4 axes stratégiques :
accélérer la croissance et la fonder sur l'équité ;
garantir l'accès des pauvres aux services sociaux de base ;
élargir les opportunités en matière d'emploi et
activités génératrices de revenus pour les pauvres et
promouvoir une bonne gouvernance.
24
|