C/ Impacts positifs des changements climatiques
Des papiers de 1992 (Tobey, Reilly et al. 1992) et 1994
(Reilly, Hohmann et al. 1994) ont conclu que les impacts du changement
climatique sur l'agriculture seraient, dans certains cas, positifs et seraient
gérables à l'échelle mondiale. Le réchauffement
climatique ne devrait pas sérieusement perturbé les
marchés agricoles mondiaux. Les effets d'un revenu négatif dans
les régions céréalières tempérées
compensés par des ajustements interrégionaux dans la production
et la consommation. Un premier postulat clé stipule qu'une partie des
pertes de production due aux températures et précipitations
serait compensé par l'effet fertilisant du CO2. Un second
postulat clé mentionne qu'une libération des échanges
commerciaux agricoles engendrerait un système agricole plus
résistant face aux incertitudes climatiques. Une publication de 2004,
largement citée, (Parry. Rosenzweig et al. 2004 : 66), basé
sur une modélisation plus complexe du climat et de l'agriculture
utilisant les résultats du 3è rapport du GIEC (AR3) a
été encore relativement optimiste concernant la production
mondiale de biens alimentaires mais avec davantage d'avertissement que dans les
précédentes publications. «... les expériences
combinées du modèle et du scénario démontrent que
le monde semble en grande partie capable de subvenir à ses besoins selon
les scénarios SRES jusqu'à la fin de ce siècle. Ceci
s'explique car la production des pays développés profite
généralement du changement climatique, compensant les baisses
prévisionnelles des pays en développement. Alors que la
production mondiale parait stable, des variations régionales dans les
rendements des récoltes s'annoncent de plus en plus marqué avec
le temps, jusqu' en polarisant de manière significative les effets avec
les hausses substantielles du risque de famine dans les pays les plus pauvres.
Et cela particulièrement dans le cas de scénarios à forte
inégalité (AIFI et A2) «. ces résultats sont
fortement influencés par les conséquences
présumées de la fertilisation au CO2 de plus de 10%
pour le blé, le riz, et le germe de soja, et de 5% pour le maïs.
Sans effet fertilisant du CO2, le pronostic est plus
réservé. Une étude de 2007(Reilly, Paltsev et al. 2007),
qui simule la réponse agricole au changement climatique et
intègre des effets économiques d'équilibre
général, trouve que les rendements augmenteraient probablement
dans toutes les régions, avec des profits moins importants dans les
régions tempérées que dans les modèles
précédents, ces résultats sont fortement
conditionnés par l'effet fertilisant du CO2. De plus, les
hypothèses concernant le comportement biologique des récoltes
face au changement climatique et autre modification sont assez importantes.
G. Bélanger et A. Bootsman ont aussi mené des
études sur l'impact du changement climatique sur l'agriculture. Ils se
sont intéressés au Québec. Ils ont calculé pour
cela les indices agro économiques pour la période de 1961
à 1990 (période de référence) et pour deux
périodes futures pour 21 stations climatiques représentatives des
régions agricoles au Québec. Les scénarii pour les
périodes futures sont fondés sur les données sorties du
modèle de circulation générale (MCG) du Canada. Les
données climatiques de références utilisées pour
cette étude porte sur la moyenne mensuelle de 30 ans de
température maximale et minimale quotidienne moyenne et des
précipitations totales pour la période 1961 à 1990
calculée pour les 21 stations climatiques du Québec . Ils
parviennent aux conclusions suivantes :
Les conditions climatiques prédites devraient permettre
d'envisager la culture de maïs et du soya dans certaines régions
où elle ne l'est pas actuellement au cours de la période 2040
à 2070. Pour les régions où la culture du maïs est
déjà possible, les rendements au cours des 50 prochaines
années devraient augmenter considérablement. On note deux
interrogations majeures en évaluant ces études. La
première porte sur l'importance capitale des bienfaits de la
fertilisation au CO2 l'atténuation des effets de la
température et des précipitations liées au changement
climatique. Néanmoins, un rapport récent basé sur des
expériences de fertilisation au CO2 menées en plein
champs (long, Ainsworth et al. 2006) révèle que les effets en
plein air sont environ 50% inférieurs aux expériences
menées en milieu clos. Un autre rapport (Zavala, Castel et al. 2008)
démontre qu'un niveau plus élevé de CO2 dans
l'atmosphère diminue la résistance des plantes de soja aux
scarabées japonais et des racines du maïs à la
chrysomèle. Ainsi, les bienfaits actuels sur les champs de la
fertilisation au CO2 restent incertains. En second lieu, ces
résultats dépendent tous d'un système de commerce de plus
en plus ouvert, où les déficits liés au climat dans
certaines régions peuvent être compensés par des
importations. Le récent échec du cycle de Doha soulève des
doutes quant à l'éventuelle mise en place de ces flux
commerciaux. Ainsi, si l'environnement s'ouvre autant que les
modélisations le prévoient, il restera à déterminer
si les baisses de la production agricoles liée au climat et les baisses
des exportations de certaines régions peuvent être
compensées par les hausses production dans l'autre région.
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