1.2.5. Ça va coûter moins cher
Le mythe de la baisse des coûts par l'introduction du
numériques dans les pratiques pédagogiques est tout d'abord
apparu dans le domaine de la formation professionnelle. Les formations
pratiques se déroulant dans un environnement numérique, avec de
simples logiciels et quelques outils reconstitués. Nous pouvons prendre
pour exemple les formations professionnelles en aéronautique avec la
création de simulateurs de vols. En reconstituant un cockpit et les
sensations de vol. L'économie réalisée est immense. Notons
qu'une heure de formation pratique dans ce domaine coûte
approximativement 10 000 euros.
Plus tard, les communautés d'enseignants ont
renforcés ce mythe. Ces communautés regroupent des enseignants et
parfois des élèves dans tous les domaines où ils
échangent des problèmes, des idées, des cours ou encore
des exercices et ce, de manière totalement gratuite. Certains groupes
résument leurs échanges sous forme d'ouvrages,
généralement mis à disposition de manière gratuite.
Certains professeurs se sont alors posé la question de choisir entre un
manuel scolaire et des ressources pédagogiques gratuites au contenu
similaire.
Dernièrement, avec l'apparition des MOOC (Massive
Open Online Courses), le sujet de la gratuité n'a jamais
été aussi fort. Les prestigieuses Universités
américaines, où les coûts d'inscription s'envolent,
proposent de suivre leurs cours de manière gratuite en ligne.
Dans les années 1990, grâce au
développement du web et du e-learning certaines entreprises ont cru
pouvoir effectuer des économies notamment en mettant à distance
certaines formations (économie des frais de déplacements et
augmentation du temps de travail, les formations pouvant être faites sur
les temps personnels). Il en est vite ressorti que concevoir des formations en
ligne adaptées était long, minutieux, exigeant et donc que cela
revenait à un coût très élevé.
On peut difficilement aller à l'encontre de
l'argumentaire qui dit que quand c'est gratuit c'est moins cher que quelque
chose qui coûte. Le problème de cet argument c'est que la
gratuité est du côté de l'utilisateur et du
côté de l'auteur, donc dans un modèle de gratuité ce
dernier n'est plus payé. Prenons l'exemple de Wikipédia qui a
largement gagné du terrain face aux encyclopédies traditionnelles
: ses contributeurs sont bénévoles. De la même
manière les
25
contributeurs des communautés d'enseignants ne le sont
pas alors qu'ils ont fourni un travail et la production d'une oeuvre.
On peut alors se positionner à la place de
l'enseignant, qui est payé pour enseigner. Lorsqu'il délivre un
savoir gratuitement, il offre donc une partie de son temps d'enseignement. Bien
que cette question regarde chaque personne de manière individuelle, elle
prend une tournure particulièrement critique avec le
développement des MOOC.
Pour pallier ce problème de rémunération,
différentes méthodes ont été testées,
notamment la vente de « temps de cerveau disponible7
» auprès d'annonceurs publicitaires. La gratuité a
également été vue comme un investissement marketing
auprès des diffuseurs de MOOC. Afin d'attirer les meilleurs
étudiants dans leur université en leur faisant payer une
inscription traditionnelle, les MOOC deviennent de véritables outils au
service d'un marketing maitrisé. Ils augmentent la visibilité des
universités, montrent leurs compétences et donnent envie de
s'inscrire pour aller plus loin dans la formation. Mais la question de la
rémunération se pose encore, il semblerait que bon nombre des
MOOC fonctionneraient encore sur le principe du bénévolat pour
leurs professeurs. Aujourd'hui encore les créateurs de MOOC cherchent
leur modèle économique. Certains MOOC tentent de mettre en place
un modèle économique plus stable en se faisant
rémunérer par des certifications par exemple, ou en proposant
à l'achat des livres d'approfondissement, le MOOC devient alors une
entrée en matière du cours.
« ...certaines solutions qui permettent aux
élèves d'apprendre gratuitement en accédant à des
supports libres ne sont pas gratuites pour tout le monde.
Elles représentent souvent un travail non
rémunéré. Il n'est pas certain
qu'évoluer vers de nouvelles formes de travail non
rémunéré ne présente
que des avantages. »
(F. Amadieu & A. Tricot, 2014, 94)
|