Introduction
Inséparables de l'histoire de l'humanité et
du peuplement des cinq continents, les migrations font, depuis le
début des années 2000, l'objet d'une attention
particulière des acteurs du développement tant dans leur
caractère interne qu'international. La population des villes,
notamment, a été multipliée par 10 entre 1900 et 2000
et 40 % de cet accroissement sont liés aux migrations
internes. Au niveau international, les migrations attirent toujours plus
de candidats formant une communauté de 200 millions de personnes
en mouvement, ayant décidé (ou non) d'expérimenter une
vie hors de leurs pays de naissance. Ces mobilités rendent le monde
globalisé toujours plus interdépendant. Elles mettent en
lumière des inégalités socio-économiques et
démographiques grandissantes, à l'échelle locale comme
internationale.
En Afrique, le taux de croissance de la population urbaine
est de 3,97 % contre 0,34 % pour l'Europe (PNUD, 2005). Selon Moriconie -
Ebrard (1993), cité par Bocquerier (2003), le nombre de citadins des
pays en voie de développement a dépassé celui des pays
développés vers 1973, et l'écart ne cesse de se
creuser.
Avant la période coloniale, les migrations avaient
généralement lieu à l'intérieur des aires
culturelles homogènes ou à l'intérieur des zones
d'influences des différents royaumes ou chefferies, pour des raisons de
sécurité (Bavi, 1996). Avec l'avènement de la
colonisation, la disparition des barrières existantes entre les zones
d'influences des chefferies traditionnelles a favorisé la libre
circulation des biens et des personnes aussi bien à l'intérieur
qu'au-delà des frontières des Etats actuels (Havet, 1986).
Indifférentes aux frontières politiques et aux zones
monétaires, trois aires d'échanges sont aujourd'hui identifiables
à l'échelle de la partie occidentale du continent africain.
Celles-ci sont animées par des groupes ethniques dont les traditions
commerçantes se sont professionnalisées au fil des siècles
: le bloc central est contrôlé par les groupes Fan et Dioula. Il
est articulé autour de la Côte-d'Ivoire, du Ghana, du Togo, du
Burkina Faso, de l'est du Mali et a pour principal moteur le commerce du
bétail ; le secteur ouest, qui correspond peu ou prou à la
Sénégambie historique, fonctionne à l'image de la zone de
contact entre le sahel et la savane. Il est structuré autour du groupe
Mandingue également désigné sous le terme de Dioula et
enfin le pôle du Golfe du Bénin (Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger,
Bénin) est contrôlé par trois groupes : les
Haoussa-Kanouri, les Ibo dont le centre actif est Cotonou et les Yoruba qui
développent leurs activités jusqu'au Sénégal (Fall,
2003).
Ces mouvements massifs occasionnent des impacts aussi bien
positifs que négatifs sur le développement du site d'accueil. En
effet, le développement d'un milieu étant lié à sa
société, on admet sans équivoque que toutes
activités menées par les migrants vont engendrer une influence
sur les ressources mobilisées par la communauté. En outre, la
gestion des ressources naturelles sera influencée du fait de
l'occupation de l'espace par les migrants (Agodo, 2009).
A l'échelle du Bénin, cette dynamique est
orientée vers les pays voisins dont le Nigeria avec qui les relations
commerciales sont très anciennes. Elles remontent probablement à
la période du commerce caravanier (Alé cité par Dossia,
2010). Au nombre des communes béninoises ayant encore des liens
commerciaux avec le Nigeria se trouve la commune d'Adja-Ouèrè.
C'est pour apprécier l'ampleur de ces mouvements et évaluer les
effets socio-économiques des mouvements migratoires dans
l'arrondissement d'Ikpinlè (commune d'Adja-Ouèrè) que le
présent sujet intitulé « Impacts
socio-économiques des mouvements migratoires dans l'arrondissement
d'Ikpinlè» a été choisi.
Il s'articule autour de trois chapitres dont le premier porte
sur la revue de littérature, la problématique et l'approche
méthodologique ; le deuxième chapitre aborde les atouts et
contraintes liés au développement des mouvements migratoires dans
l'arrondissement d'Ikpinle ; et le troisième fait état des
impacts socio-économique des mouvements migratoires sur le
développement de l'arrondissement d'Ipkinlè et les
suggestions.
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