IV/ Mesure de la culture de sécurité
L'intérêt porté à la mesure de la
culture de sécurité a augmenté avec la
nécessité croissante de l'amélioration de la
sécurité des patients. Les outils d'évaluation de la
culture permettent d'analyser les situations données et
d'élaborer un plan d'action pour améliorer la
sécurité des patients. Cependant, malgré le fait qu'il
existe plusieurs outils d'évaluation de la culture de
sécurité, on trouve peu d'éléments dans la
littérature pour faire le choix de l'outil adapté (28).
Les analyses du point de vue managérial et du point de vue
du personnel soignant restent, en toute circonstances, des
éléments importants et incontournables. Les outils d'analyse du
point de vue managérial évaluent la culture de
sécurité en fonction de la politique de l'établissement
alors que ceux du personnel soignant analysent les attitudes et perceptions du
personnel soignant (29).
Quoiqu'il en soit, la culture de sécurité est
mesurée pour les objectifs suivants :
1) Identifier les domaines d'amélioration
2) Augmenter la prise de conscience concernant la
sécurité des patients
3) Evaluer les interventions en rapport avec la
sécurité des patients
4) Effectuer des analyses comparatives (benchmarking) portant
sur les différents
services d'un même établissement ou sur des
établissements différents
5) appliquer des directives réglementaires telles que les
normes d'accréditation En conclusion, on peut considérer que
l'évaluation de la culture de sécurité des patients repose
sur différentes méthodes qui permettent d'évaluer les
aspects organisationnels, psychologiques et comportementaux décrit par
Cooper (19) et représentées en figure 2.
![](Mesure-de-la-perception-de-la-culture-de-securite-dans-un-etablissement-prive-de-sante-tunisien3.png)
Figure 2: Méthodes d'évaluation de la
Culture de Sécurité (Ocelli 2007)
17
A/ Les méthodes quantitatives : Les
questionnaires auto-administré
L'évaluation quantitative de la culture de
sécurité des patients se fait essentiellement au moyen de
questionnaires auto-administrés (30). Elle a été
empruntée aux méthodes développées pour les
industries à haute exigence de sécurité telles que
l'aviation.
Certains questionnaires utilisent une échelle à
cinq modalités de réponses, allant par exemple de «
jamais » à « toujours » et de « tout
à fait d'accord » à « désaccord total »
(échelle de Likert). Le traitement des données se fonde
alors sur la construction d'indicateurs, issus de l'agrégation et de la
stratification des réponses.
Dans une revue de la littérature, Aneesh, cité par
Al Doweiri (29), recense 13 instruments d'analyse de la sécurité
des patients, dont le HSOPSC que nous utilisons pour ce travail et qui sera
détaillé ci-après. Ces instruments utilisent
jusqu'à 23 dimensions regroupées en différentes
catégories telles que le management, les attentes des supérieurs
hiérarchiques, les conditions de travail, les compétences, les
règles, etc...
Pidgeon, cité par Mearns, rappelle que la plupart des
questionnaires existants mesurent les attitudes relatives à la
sécurité, avec peu et parfois aucune attention portée, ni
sur les modalités mises en oeuvre par les organisations pour faire face
aux risques, ni sur la manière dont l'organisation appréhende les
pratiques de sécurité. Cet auteur considère que les
études fondées sur des questionnaires, ont été
réduites à la mesure des attitudes et pratiques individuelles
dans un contexte donné, ce qui serait plus proche du concept de climat
de sécurité que de culture de sécurité (31).
En ayant à l'esprit l'existence de sous-cultures dans les
organisations, une autre question concerne le niveau du recueil et de l'analyse
des résultats: Est-il plus pertinent d'évaluer la culture et le
climat au niveau de l'établissement de soins, au niveau de
l'unité, au niveau de l'ensemble de l'équipe soignante, ou des
soignants par catégorie professionnelle ? Pronovost et Sexton (29)
suggèrent que l'analyse doit être effectuée au niveau de
l'unité de travail, tandis que Gaba affirme qu'il est important
d'explorer tous les niveaux d'analyse, considérant que les informations
apportées sont complémentaires (32)..
|