III/ Culture de sécurité des patients
A/ Définition
L'introduction de la culture de sécurité dans les
organismes de soins comme un moyen de diminuer les risques, repose sur une
approche fonctionnaliste (21). La définition de la Société
Européenne pour la Qualité des Soins, reprise par la HAS (22),
définit la culture de sécurité comme un ensemble
cohérent et intégré de comportements, individuels et
organisationnels fondés sur des croyances et des valeurs
partagées, qui cherchent continuellement à réduire les
dommages aux patients qui peuvent être liés aux soins.
Par « ensemble cohérent et intégré de
comportements », il est fait référence à des
façons d'agir, des pratiques communes, mais aussi à des
façons partagées de ressentir et de penser en matière de
sécurité des patients.
B/ Attributs de la culture de la sécurité
des patients
L'IOM décrit une série d'attributs relatifs aux
organisations qui ont une culture de sécurité efficace (23) :
-- nos processus sont conçus pour prévenir les
échecs
-- nous sommes engagés à détecter nos
erreurs et à en extraire un enseignement -- nous avons une culture
équitable de telle sorte que la sanction est fondée sur le risque
injustifié pris par le personnel.
-- Le personnel qui travaille en équipe fait moins
d'erreur
C/ Relation entre culture de sécurité et
sécurité des patients
L'ensemble des études s'accordent sur le fait que les
structures de santé à culture de sécurité
développée, signalent davantage leurs évènements
indésirables (24).
Par ailleurs, Mardon démontre qu'il existe
également une corrélation positive entre une culture de
sécurité développée et la baisse des
évènements indésirables (25). Singer et coll (26) ont
porté leur attention sur 91 hôpitaux répartis dans 37
états des USA, pour étudier la relation entre culture de
sécurité et sécurité des patients en s'appuyant sur
l'analyse des indicateurs de la sécurité des patients (PSI). Ils
constatent que les hôpitaux où les employés signalaient les
évènements indésirables avec un sentiment de honte et
l'appréhension de la sanction, présentaient, de manière
significative, une plus grande défaillance sécuritaire. Ils
remarquent aussi, que les hôpitaux dont le personnel soignant avait une
culture de sécurité développée, rencontraient un
moindre nombre de problèmes de sécurité. Toutefois,
s'agissant des hauts cadres administratifs, la corrélation n'est plus
établie. Les auteurs en
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déduisent que les cadres administratifs surestiment le
climat de sécurité de leur établissement du fait de leur
moindre connaissance de ce qui se produit sur le terrain.
Buerhauss (27) a constaté cette même distorsion
quand il a étudié le retentissement de la pénurie du
personnel paramédical sur les soins. 65% des infirmières pensent
que le retentissement est négatif contre 18% seulement des seniors
managers.
Enfin, Singer relève aussi que, si des études plus
anciennes n'ont pas pu démontrer la relation positive entre culture de
sécurité et sécurité des patients, cela est
dû au fait que ces études n'ont pas utilisé des
critères objectifs mais plutôt une perception de la
sécurité, ou des estimations auto-déclarées
(26).
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