4.2.2 La liaison
théorie-pratique
Avant de clarifier la notion de liaison-théorie
pratique, il sied de faire d'abord un peu de lumière sur les concepts
« théorie » et « pratique ».
La théorie peut être entendue non pas comme tout
savoir ou toute réflexion sur le réel et sur l'action mais
plutôt comme l'ensemble des savoirs qui portent sur la connaissance du
réel et de son mouvement. Quant à la pratique, elle est
perçue comme des savoirs pratiques ou des connaissances relatives
à l'action sur le réel (Malgaive &Weber, 1982).
A travers cette définition, l'on se rend compte que la
pratique ne devrait pas être confinée seulement aux situations de
travail réel ou au terrain de la production. De même, la
théorie ne devrait pas exister que dans les écoles de formation.
En effet, dans le cadre du travail on ne cesse de mobiliser d'une
manière ou d'une autre des savoirs théoriques.
De la même manière, dans le cadre d'une
école de formation professionnelle, la référence à
une pratique expérimentée ou anticipée ne doit pas
être absente. D'où la nécessité de la liaison
théorie-pratique.
La notion de liaison théorie-pratique est
appréhendée diversement non seulement par les acteurs selon leurs
conceptions respectives et relatives mais aussi par les institutions de
formation initiale en fonction du modèle de formation adopté et
des contraintes multiples auxquelles elles font souvent face. De ce fait, la
liaison théorie-pratique peut être vécue d'une part comme
une simple alternance juxtapositive et d'autre part comme une alternance
articulation. « L'alternance désigne le va-et-vient d'un
futur professionnel entre deux lieux de formation, d'une part un
" institut de formation initiale ", d'autre part un ou plusieurs
" lieux de stages "» Perrenoud(2001,21). Partant de cette
définition et en rapport avec les réalités du terrain de
la formation initiale, l'on comprend que ces lieux de stages peuvent être
internes ou externes aux écoles de formation. Lorsqu'ils sont externes,
cela correspond, pour le cas du Burkina Faso, aux écoles d'application
dans les Circonscriptions d'Education de Base (CEB) qui reçoivent les
élèves-maîtres des ENEP en stage pratique lors de la
deuxième année de leur formation initiale.Mais quand ces lieux
sont internes, ils renvoient aux écoles annexes dans les ENEP où
les élèves-maîtres en première année de
formation initiale font l'alternance entre les salles de classe et les classes
de l'école annexe pour apprendre à faire le lien entre la
théorie et la pratique. Cependant, cette alternance ne garantit pas
forcément la réalisation d'une articulation réelle entre
la théorie et la pratique.En effet, si elle n'est qu'une succession de
moments et de lieux pendant la formation sans donner lieu à une
réflexion analytique et critique entre les connaissances
théoriques reçues en classe et les apprentissages
expérientiels acquis dans les écoles annexes ; la
liaison théorie-pratique se résume à une simple
juxtaposition, à une alternance stérile. C'est pourquoi, nous
pensons avec Perrenoud (2001) que l'alternance en soi n'est pas formatrice en
tant que telle si elle n'est pas exploitée comme une condition
nécessaire à une véritable articulation entre
théorie et pratique. Malglaive (1994) prévenait
déjà que l'alternance - articulation qu'il qualifie de
réelle et d'intégrative est celle qui favorise des interactions
entre savoirs théoriques et savoirs pratiques que l'apprenant
s'approprie, construit et transforme en compétences professionnelles.
La liaison théorie-pratique doit donc permettre
à l'apprenant de lier l'action et la réflexion pour comprendre le
pourquoi et le comment car elle doit être au service de la construction
des compétences professionnelles.
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