4.1.3 L'analyse stratégique
4.1.3.1 Description de la théorie
Développée par Crozier & Friedberg (1977),
la théorie de l'analyse stratégique s'inscrit dans le cadre de la
sociologie de l'action organisée en ce qui a particulièrement
trait à l'étude des interactions entre l'acteur et l'organisation
ou l'institution. La théorie de l'analyse stratégique postule la
rationalité de l'acteur dans l'accomplissement de ses missions. Pour
appréhender cette rationalité afin de comprendre les conduites de
l'acteur, elle fait recours à un certain nombre de concepts-clés
dont ceux de marge de liberté, de calcul, de stratégie, de
rationalité limitée, d'enjeu, de projet et de règles du
jeu. Pour Friedberg (1993), l'interaction entre l'individu-acteur et
l'organisation revêt un caractère rationnel dans la mesure
où elle se conçoit comme un jeu dans lequel les acteurs-joueurs
essaient de maximiser leur gain en économisant leur investissement.
Selon cette vision, l'individu dispose d'une certaine marge de liberté
vis-à-vis des règles du jeu, grâce à laquelle il met
en oeuvre une stratégie d'action rationnelle favorable à ses
projets personnels au regard des enjeux en place. Il calcule donc pour
opérer un choix entre plusieurs solutions de sorte à servir ses
intérêts lorsqu'il se comporte ou agit au sein de l'organisation.
Ainsi, en fonction des enjeux, des contraintes et des ressources, se tissent et
se défont des alliances entre les acteurs en présence à
travers des stratégies sur la base de rationalités
limitées. La façon dont les acteurs utilisent les règles
fait partie de l'ensemble des stratégies pour atteindre leurs fins. Mais
la maîtrise de ces règles n'est pas parfaite car elles comportent
des contraintes et des zones d'incertitude qui limitent la rationalité
et la marge de manoeuvre des acteurs.
Dans la même lignée que Crozier et Friedberg,
Bernoux (1985) fonde la théorie de l'analyse stratégique sur
trois postulats.
Le premier est celui qui considère que les
hommes n'acceptent jamais d'être traités comme des moyens au
service de buts que les organisateurs fixent à l'organisation. Cela
signifie qu'au sein d'une organisation, il existe souvent des divergences ou
des contradictions entre les objectifs et les stratégies des acteurs et
ceux de l'organisation. Ce qui peut se traduire par un plus ou moins grand
respect des consignes ou des règles dans la mise en oeuvre des
tâches à accomplir.
Le second postulat porte sur la liberté
relative des acteurs.Dans une structure donnée, l'insuffisance de
réglementation ou les écarts d'interprétations des
règles confèrent aux acteurs une certaine autonomie. Ce qui peut
être un atout si l'organisation reconnaitcette relative autonomie et
organise l'expression de ces libertés pour orienter les initiatives
individuelles vers les buts de la structure.
Il s'instaure alors un jeu de pouvoir entre le pouvoir central
de l'administration à vocation centripète et les pouvoirs
périphériques à tendance centrifuge. Ce jeu de pouvoir est
à la base de la dynamique de l'institution.
Le troisième postulat avancé par Bernoux (1985)
est que les stratégies sont toujours rationnelles mais d'une
rationalité limitée. Dans une situation
déterminée, il existe plusieurs solutions possibles sans aucune
d'elles ne soient la meilleure. L'acteur est obligé de choisir la
solution la moins insatisfaisante en fonction de son niveau d'information et de
pouvoir, et au regard des multiples contraintes de l'environnement et des
stratégies que développent les autres acteurs.L'on reteint que
selon cette théorie, le fonctionnement de toute institution connait
nécessairement des conflits de pouvoir, un système d'interaction
entre les acteurs dans des espaces empreints d'incertitudes.
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