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Maintien à  domicile des personnes à¢gées isolées. Préconisation de robots "compagnons" par les ergothérapeutes.

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par Stéphane STENGER
 - Diplôme dà¢â‚¬â„¢Etat dà¢â‚¬â„¢Ergothérapeute 2015
  

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6. Discussion

Pour rappel, la problématique de ce travail de recherche est la suivante :

« Quels sont les facteurs qui permettraient aux ergothérapeutes, spécialistes de la préconisation d'aides techniques et d'assistances technologiques, de préconiser des robots de soutien émotionnel à des personnes âgées isolées, en vue de favoriser leur maintien à domicile ? »

Les hypothèses formulées afin d'y répondre sont les suivantes :

A) Les robots compagnons devraient être financièrement accessibles,

B) Les ergothérapeutes pourraient être formés, ou davantage informés, sur la robotique d'assistance,

C) L'entourage de la personne âgée devrait être inclus au processus de préconisation d'un robot compagnon,

D) Les personnes âgées ne devraient pas être considérées comme systématiquement réfractaires aux nouvelles technologies.

Celles-ci sont, ci-dessous et une à une, confrontées aux réponses obtenues lors de l'enquête de terrain.

A) Les robots compagnons devraient être financièrement accessibles.

L'hypothèse est confirmée.

Les quatre ergothérapeutes ayant participé à l'enquête de terrain ont répété à plusieurs reprises que le coût d'une aide technique est un critère prépondérant influençant son acceptation ou son refus. La majorité des personnes âgées qui font appel à un ergothérapeute sont en effet limitées financièrement et, sans aide extérieure, ne peuvent se permettre l'acquisition d'une aide technique onéreuse. Il n'existe actuellement aucune aide financière délivrée par les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) ou d'autres organismes, pour l'acquisition d'un robot d'assistance. Seul l'entourage de la personne âgée, quand il y en a un, peut alors lui venir en aide.

Pistes de réflexion / Propositions

Pour que les faibles ressources financières de la personne âgée ne soient plus un frein à l'acquisition d'un robot d'assistance, il faudrait que ceux-ci soient moins chers. Leur prix élevé d'aujourd'hui s'explique essentiellement par le fait qu'ils intègrent des technologies naissantes et qu'ils soient produits en très faible quantité. Nul doute que dans quelques années la technologie qui fait « vivre » ces robots sera devenue ordinaire et que ces derniers seront produits à une échelle industrielle. Cela devrait avoir pour effet de diminuer leur prix.

Les professionnels de terrain, les établissements de soins, certaines associations, etc. pourraient également s'allier et réaliser des achats de robots « en gros », leur permettant d'avoir des réductions.

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Enfin, une politique de santé en faveur du développement et de la diffusion de la robotique d'assistance, accompagnée des moyens nécessaires, pourrait initier les démarches sus-citées.

B) Les ergothérapeutes pourraient être formés, ou davantage informés, sur la robotique d'assistance.

L'hypothèse est confirmée.

La méconnaissance de la robotique d'assistance par les ergothérapeutes questionnées est manifeste. Cette méconnaissance des produits sur le marché et de leur potentialité ne leur permet pas de préconiser de tels dispositifs, ni même d'y penser. De plus, si toutefois un ergothérapeute voulait en préconiser, ou simplement en conseiller, il ne saurait pas où diriger la personne pour en acquérir un.

Étonnamment, la récence de ces technologies n'est jamais citée clairement par les ergothérapeutes interrogées pour expliquer leur ignorance de la robotique d'assistance. Elle est tout juste sous-entendue : « Quelque chose d'irréel », « c'est de la science-fiction ». Cette ignorance est systématiquement justifiée par un défaut d'information et de formation à l'IFE et après le diplôme.

Pistes de réflexion / Propositions

Afin de faire connaître la robotique d'assistance aux ergothérapeutes, il est pertinent qu'ils y soient sensibilisés dès leur formation initiale, à l'IFE. La robotique d'assistance est récente, il peut donc être difficile de dispenser des enseignements complets à ce sujet, avec des démonstrations de produits... Néanmoins, il serait intéressant que la robotique d'assistance soit un sujet évoqué durant la formation et présentée comme une aide technique sérieuse, que l'ergothérapeute est en capacité de préconiser.

Les ergothérapeutes voulant se spécialiser dans le domaine des solutions de robotique d'assistance ou des gérontechnologies en général, devraient pouvoir avoir accès à des formations post-Diplôme d'État (DE), comme des masters, des Diplômes Universitaires, des formations délivrées par l'ANFE, etc.

Les formations en gériatrie devraient également systématiquement sensibiliser les ergothérapeutes aux robots d'assistance.

Enfin, les organismes de diffusion de ces aides, ou leurs revendeurs, pourraient proposer aux ergothérapeutes des démonstrations en situation.

C) L'entourage de la personne âgée devrait être inclus au processus de préconisation d'un robot compagnon.

L'hypothèse est confirmée.

Lors de chaque entretien, les ergothérapeutes ont martelé l'importance de considérer l'entourage de la personne âgée lors de la préconisation d'une aide technique. Chacun de nous se réfère en effet aux gens qui nous entourent avant de faire un choix important. Si l'avis de

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l'entourage est négatif, la préconisation a peu de chances d'être acceptée. Si son avis est positif, l'acceptation de l'aide est bien plus probable.

Pistes de réflexion / Propositions

À chaque préconisation et quand cela est possible, l'ergothérapeute doit se faire l'allié de l'entourage de la personne âgée à qui est destinée l'aide proposée.

Dans la situation d'une personne âgée isolée qui n'aurait pas d'entourage familial ou d'entourage proche, l'ergothérapeute, les revendeurs médicaux et les professionnels intervenant au domicile seraient les personnes ressources de la personne âgée. Il est donc important que tous les intervenants tiennent le même discours et portent ensemble le projet proposé. Il incombe à l'ergothérapeute de se rapprocher des autres professionnels afin de leur présenter le projet ainsi que le robot d'assistance.

D) Les personnes âgées ne devraient pas être considérées comme systématiquement réfractaires aux nouvelles technologies.

L'hypothèse est confirmée.

Deux ergothérapeutes sur les quatre interrogées explicitent clairement que les personnes âgées seraient peu ouvertes à l'utilisation d'un robot d'assistance ou auraient des difficultés à s'en accommoder. Les deux autres évoquent cette idée ou se questionnent à ce sujet. La technologie ne fait, en effet, qu'assez peu souvent partie de leur vie quotidienne. Est-il pertinent de proposer un robot à une personne âgée qui ne possède ni téléphone, ni ordinateur ? La question est légitime, même si une réponse tranchée de la part de l'ergothérapeute sans discussion préalable avec la personne serait mal venue.

Ces résultats corroborent l'image que la société véhicule, selon laquelle les personnes âgées et la technologie sont incompatibles. Les études de NEVEN et VAN DIJK, citées plus haut dans ce mémoire (cf. 3.1.3.3. Acceptation des nouvelles technologies par les personnes âgées) nuancent ces préjugés et dressent le profil des personnes âgées les plus enclines à accepter un robot d'assistance.

Une des professionnelles questionnées se pose la question de l'acceptation d'un robot par une personne souffrant de troubles cognitifs. Celle-ci comprendrait-elle ce que représente le robot et à quoi il sert ? Le robot serait-il accepté/refusé pour ce qu'il est réellement ?

Pistes de réflexion / Propositions

Bien qu'il faille nous garder d'accorder plus de crédit aux études menées par NEVEN et VAN DIJK qu'aux ergothérapeutes qui travaillent tous les jours au côté des personnes âgées, il serait souhaitable de maintenir à l'esprit que chaque personne âgée est différente. Ainsi, même si l'une ou l'autre, ou bien même si la plupart des personnes âgées refusent qu'un robot « s'occupe d'elles », il convient aux ergothérapeutes de ne pas généraliser ces situations et d'en faire une vérité pour toutes les personnes âgées qu'ils accompagnent.

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De plus, comme stipulé plus haut, pour qu'une nouvelle technologie soit acceptée par une personne âgée, celle-ci doit lui apparaître utile et facile d'utilisation. Il est du ressort de l'ergothérapeute de présenter le produit, ses bénéfices, ses avantages et inconvénients ainsi que la façon dont il s'utilise. Si l'ergothérapeute est convaincu que le robot qu'il s'apprête à préconiser est l'aide la plus adaptée aux besoins de la personne âgée, il doit tenter de la convaincre, sans oublier son entourage dont l'importance dans le processus d'acceptation d'une aide technique a largement été soulignée dans ce mémoire.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon