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Maintien à  domicile des personnes à¢gées isolées. Préconisation de robots "compagnons" par les ergothérapeutes.

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par Stéphane STENGER
 - Diplôme dà¢â‚¬â„¢Etat dà¢â‚¬â„¢Ergothérapeute 2015
  

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5. Présentation et analyse des résultats

(cf. Annexes V-I à V-IV « retranscription de l'entretien effectué avec l'ergothérapeute [_] ».

Question 1 : Avez-vous déjà préconisé des aménagements de domicile à une personne âgée isolée afin de favoriser son maintien à domicile ? De quel(s) type(s) ?

Question 2 : Avez-vous déjà préconisé une aide technique à une personne âgée isolée afin de favoriser son maintien à domicile ? De quel(s) type(s) ?

Ces deux questions sont posées alors même que leurs réponses paraissent évidentes : les ergothérapeutes exerçant au sein d'une EMG préconisent forcément des aménagements de domicile et des aides techniques pour favoriser le maintien à domicile. Ils représentent la population cible de cette enquête précisément pour cette raison. Ces questions leurs sont posées pour deux raisons : la première est de favoriser la prise de parole et d'instaurer un climat de confiance entre l'enquêteur et la personne interrogée. La deuxième est qu'elles permettent d'évoquer des situations, des aides techniques et des aménagements précis, qui pourraient être mis en corrélation dans les questions suivantes et avec des solutions de robotique d'assistance.

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De plus, une réponse « Oui » aux questions 1 et 2 et une réponse « Non » à la question 4 (cf. infra) mettrait en évidence un défaut de préconisation de robots d'assistance par rapport aux aides techniques « classiques » et aux aménagements du domicile.

Présentation des résultats des questions 1 et 2 :

Ergothérapeute 1 : L'ergothérapeute 1 a déjà préconisé et préconise des aides techniques pour favoriser le maintien à domicile d'une personne âgée isolée, essentiellement des aides aux déplacements, aux transferts, aux repas, à la prévention des chutes : chaussons adaptés ou fauteuil roulant par exemple.

Les aménagements de domicile les plus fréquemment préconisés sont l'aménagement de la salle de bains, l'installation d'un monte-escaliers et la mise en place de barres de redressement ou de maintien. En plus de ces préconisations, l'ergothérapeute 1 délivre également des conseils d'aménagement comme le déplacement ou le retrait de meubles, de tapis...

Ergothérapeute 2 : L'ergothérapeute 2 préconise diverses aides techniques comme des mains courantes dans les escaliers, des lits médicalisés, des guidons de transferts, des alarmes anti-feu ou des détecteurs de monoxyde de carbone, des systèmes de sécurisation des appareils électroménagers, des chaises percées, etc. ainsi que des aménagements du domicile et de l'accès extérieur : remplacement d'une baignoire par une douche, mise en place de plateformes-élévatrices, etc.

Ergothérapeute 3 : L'ergothérapeute 3 est souvent amenée à préconiser des aménagements de sanitaires, de salles de bains (nécessitant souvent des travaux) ou des réaménagements de mobiliers dans toute la maison. Les aides techniques les plus fréquemment préconisées sont les aides diverses à la marche et aux transferts, les rehausses-WC, les sièges de bain, les couverts adaptés, les téléalarmes, etc.

Ergothérapeute 4 : L'ergothérapeute 4 préconise régulièrement des aides techniques à la marche (ou aux déplacements en général), à la communication ou à l'alerte, par des systèmes de téléalarme par exemple. Elle préconise également des aménagements de domicile.

Analyse des réponses aux questions 1 et 2 :

Les réponses aux questions 1 et 2 indiquent que les ergothérapeutes interrogées préconisent des aides techniques et des aménagements de domicile en vue de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées isolées. Ces aides sont diverses et visent à améliorer l'autonomie et/ou le confort de la personne âgée (et parfois de son entourage) pour ses déplacements, ses transferts, sa toilette, son habillage ou encore la prise de ses repas.

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Question 3 : Vous êtes-vous déjà senti(e) démuni(e) face à une situation pour laquelle il ne semblait y avoir aucune solution pour favoriser le maintien à domicile d'une personne âgée isolée ?

Cette question vise à mettre en évidence que les aménagements et les aides techniques possibles/proposés par l'ergothérapeute peuvent ne pas favoriser le maintien à domicile d'une personne âgée isolée. Elle permet également de cibler des types de situation dans lesquels un aménagement ou une aide matérielle ne peut aider la personne à continuer à vivre chez elle. Une réponse « Non » à cette question indique que l'ergothérapeute n'a pas eu besoin de considérer la robotique d'assistance ou bien, qu'au contraire, elle en a mis une en place et que celle-ci a permis d'améliorer la situation.

Une réponse « Oui » à cette question, ainsi qu'une réponse « Oui » à la question 4 (cf. infra) indique que la robotique d'assistance était une solution inefficace ou inadaptée.

Une réponse « Oui » à cette question et une réponse « Non » à la question 4 démontre que l'ergothérapeute méconnaît la robotique d'assistance et/ou ne souhaite pas en préconiser. Cela est précisé par la question 4.2 (cf. infra).

Cela peut également signifier que la robotique d'assistance représentait une solution jugée comme étant inadaptée par l'ergothérapeute. Cela peut être vérifié par la question 7 (cf. infra), portant sur les connaissances de l'ergothérapeute interrogée au sujet de la robotique d'assistance.

Présentation des résultats de la question 3 :

Ergothérapeute 1 : L'ergothérapeute 1 dit s'être déjà sentie démunie face à certaines situations. Ceci pour plusieurs raisons : aucune aide matérielle n'est adaptée à la personne ; la personne n'est entourée d'aucun aidant lui permettant d'utiliser (ou d'utiliser en sécurité) le matériel disponible ; les difficultés financières de la personne ne lui permettent pas l'acquisition d'une aide.

Ergothérapeute 2 : L'ergothérapeute 2 confie s'être souvent sentie démunie, essentiellement lorsque les gens ne se rendent pas compte des risques qu'ils prennent. Dans ce cas, l'ergothérapeute peut faire toutes les préconisations qu'il souhaite, si la personne n'en voit pas l'utilité, elle ne les acceptera pas et ne changera pas ses habitudes. Le deuxième problème rencontré par l'ergothérapeute 2 est induit par les contraintes architecturales contre lesquelles on ne peut rien faire, alors même qu'un éventuel déménagement est impossible. Enfin, parfois, c'est l'entourage de la personne qui refuse l'aide ou les préconisations de l'ergothérapeute parce qu'il considère que la personne âgée serait mieux en EHPAD...

Ergothérapeute 3 : La majorité des situations dans lesquelles l'ergothérapeute 3 s'est sentie ou se sent démunie sont celles où la personne âgée, qui ne veut pas changer ses habitudes, refuse une préconisation que l'ergothérapeute juge pourtant nécessaire.

L'ergothérapeute 3 se sent également démunie dans les situations où la personne âgée doit refuser une préconisation par manque de ressources financières ou parce que la personne

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considère que les délais d'intervention sont trop longs, notamment quand il y a des travaux à réaliser.

Ergothérapeute 4 : L'ergothérapeute 4 dit se sentir démunie principalement dans les situations d'insuffisance financière de la personne accompagnée. Ce sentiment est retrouvé quand une personne âgée est isolée, quand elle n'a pas de personne ressource autour d'elle qui puisse accélérer les démarches. Les limites du bâti qui ne permettent plus à l'ergothérapeute de proposer des aménagements sont aussi évoquées.

Analyse des réponses à la question 3 :

Toutes les ergothérapeutes interrogées se sont déjà senties démunies dans une situation pour laquelle elles ne voyaient aucune solution pour favoriser le maintien à domicile d'une personne âgée isolée. Les raisons sont nombreuses : inconscience des risques encourus par la personne âgée (de manière plus large : les troubles cognitifs), refus de changer ses habitudes, limites du bâti, isolement de la personne, etc. Mais la seule raison citée par l'ensemble des professionnelles est l'insuffisance financière de la personne accompagnée. Cette raison semble être la cause principale de ce sentiment d'impuissance des ergothérapeutes.

Question 4 : Aviez-vous alors considéré une éventuelle assistance robotique ? (cf. question 3)

Présentation des résultats de la question 4 :

Ergothérapeute 1 : L'ergothérapeute 1 n'a jamais envisagé de préconiser un robot d'assistance. Elle s'est déjà questionnée sur la préconisation d'un système domotique, mais jamais robotique.

Ergothérapeute 2 : L'ergothérapeute 2 avoue n'avoir jamais pensé à la robotique d'assistance.

Ergothérapeute 3 : L'ergothérapeute 3 n'a jamais réfléchi à la robotique d'assistance pour répondre à un besoin d'une personne âgée.

Ergothérapeute 4 : L'ergothérapeute 4 dit n'avoir jamais pensé à la robotique d'assistance pour favoriser un maintien à domicile.

Analyse des réponses à la question 4 :

Aucune des ergothérapeutes interrogées n'a un jour envisagé de préconiser un robot d'assistance. Les aides techniques classiquement préconisées et d'éventuels aménagements de domicile, régulièrement préconisés par les ergothérapeutes (cf. réponses des questions 1 et 2), ne permettaient pourtant pas de favoriser le maintien à domicile de personnes âgées isolées (cf. réponses de la question 3).

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La réponse négative à cette question, couplée aux réponses positives des questions 1 et 2 (cf. supra) démontrent un défaut de préconisation de la robotique d'assistance par rapport aux aides techniques « classiques » et aux aménagements de domicile.

Question 4.2 : Si non, pour quelle(s) raison(s) ?

Présentation des résultats de la question 4.2 :

Ergothérapeute 1 : L'ergothérapeute 1 évoque la méconnaissance de la robotique d'assistance. Elle s'appuie beaucoup sur les distributeurs quand elle doit mettre en place du matériel. Or, ces derniers ne lui ont jamais présenté ou proposé ce type d'aide. Enfin, l'ergothérapeute 1 avoue n'y avoir simplement jamais pensé.

Ergothérapeute 2 : L'ergothérapeute 2 pense que faire accepter des solutions de robotique d'assistance à la majorité des personnes âgées serait très difficile, les nouvelles technologies ne faisant pas partie de leur quotidien et de leur façon de vivre. L'ergothérapeute 2 indique que même certaines aides techniques non technologiques, comme l'enfile-bas de contention, sont difficiles à utiliser pour une personne très âgée... et donc à préconiser. Selon elle, dans les grands âges de la vie, la priorité n'est plus l'autonomie de la personne âgée, mais la surveillance et le maintien de son état, la rupture de son isolement. Les aides techniques préconisées ne sont alors plus vraiment destinées à la personne âgée, mais davantage à son ou ses aidant(s).

De plus, les robots semblent être de la fiction pour l'ergothérapeute 2. Quelque chose d'irréel, loin d'être concret, quotidien et actuel.

Ergothérapeute 3 : L'ergothérapeute 3 n'a jamais considéré la robotique d'assistance pour deux raisons : la première est qu'elle pense que la personne âgée ne s'en sortirait pas avec, ou du moins qu'elle aurait beaucoup de difficultés à s'y adapter ; la deuxième est qu'elle ne connaît pas la robotique d'assistance, elle précise ne jamais y avoir été formée.

Ergothérapeute 4 : Si l'ergothérapeute 4 n'a jamais préconisé de robots d'assistance c'est, selon elle, par méconnaissance de ces appareils et de leurs fonctionnalités. Elle n'en a jamais entendu parler durant sa formation ni au cours de son exercice. Elle explique également cette absence de préconisation par la multiplicité des acteurs qui interviennent auprès des personnes âgées : si de nombreux professionnels doivent intervenir et que les ressources sont limitées, il faut prioriser les interventions. Ce serait ainsi que parfois, ce sont les préconisations de l'ergothérapeute qui soient limitées. D'autre part, l'ensemble des intervenants (infirmières à domicile, assistantes de vie sociale...) doit veiller à ne pas surcharger la personne âgée de recommandations, sans quoi elle risque de ne pas les suivre.

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Analyse des réponses à la question 4.2 :

Deux raisons sont systématiquement citées pour justifier la non considération de solutions de robotique d'assistance par les ergothérapeutes : la première serait la méconnaissance de la robotique d'assistance par les ergothérapeutes (cf. réponses de la question 7) ; la deuxième est qu'ils pensent que les personnes âgées auraient des difficultés à accepter et à s'habituer à ces technologies.

Question 5 : Une assistance robotique aurait-elle pu, potentiellement, favoriser ce maintien à domicile ?

Une réponse « Oui » à cette question et une réponse « Non » à la question 4 (cf. supra) démontre que l'ergothérapeute méconnaît la robotique et/ou ne souhaite pas en préconiser. Ceci est précisé par la question 4.2 (cf. supra).

Une réponse « Non » à cette question et une réponse « Oui » à la question 4 indique que le robot d'assistance envisagé représentait une solution inefficace ou inadaptée.

Une réponse « Je ne sais pas » peut établir que la personne interrogée méconnaît la robotique d'assistance et qu'elle ne souhaite pas soumettre un avis aussi tranché sans véritables connaissances sur le sujet. Il lui est alors demandé de donner son avis avec ses connaissances actuelles.

Présentation des résultats de la question 5 :

Ergothérapeute 1 : L'ergothérapeute 1 indique ne pas savoir ce dont sont capables certains robots et donc s'ils pourraient apporter une solution à une situation difficile. D'après elle, les situations qui posent problème nécessitent plutôt une aide humaine.

Ergothérapeute 4 : L'ergothérapeute 4 pense que la robotique d'assistance peut avoir un réel intérêt auprès de personnes ayant un début de troubles cognitifs. Les robots pourraient ainsi jouer le rôle d'agendas, de pense-bêtes leur rappelant de prendre leurs médicaments, etc. Ils seraient des appareils centralisant de nombreux outils, de nombreuses fonctions, un peu à l'image d'un smartphone.

(Cette question n'a pas été posée aux ergothérapeutes 2 et 3 car a été jugée inadaptée par rapport aux réponses aux questions précédentes).

Analyse des réponses à la question 5 :

À cette question, seules deux réponses ont été récoltées. Les deux ergothérapeutes qui les donnent ne semblent pas partager le même avis :

La première ne sait pas si une assistance robotique aurait pu favoriser le maintien à domicile d'une personne âgée dans l'une des situations pré-citées qui lui posaient problème (cf. réponses de la question 3). D'après elle, ces situations nécessiteraient davantage une aide humaine que robotique.

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Cette réponse souligne la méconnaissance de la robotique d'assistance par cette professionnelle.

La seconde ergothérapeute semble être convaincue que certaines situations délicates auraient pu être améliorées par une assistance robotique.

La réponse positive ci-dessus couplée à une réponse négative à la question 4 (cf. supra) peut indiquer deux choses : soit que l'ergothérapeute méconnaît la robotique d'assistance, soit qu'elle ne souhaitait pas en préconiser et ce, quelle qu'en soit la raison. L'hypothèse de la méconnaissance de la robotique est confirmée par les réponses de la question 4.2 (cf. supra).

Bien que les réponses des deux ergothérapeutes à cette même question soient différentes, elles permettent de corroborer l'hypothèse selon laquelle elles n'ont jamais envisagé de préconiser une assistance robotique par méconnaissance de ces technologies.

Question 6 : n'a pas été posée car n'était pas adaptée aux réponses aux questions précédentes.

Question 7 : Quel est votre niveau de connaissance au sujet de la robotique d'assistance ?

Cette question permet de jauger l'état des connaissances de la personne interrogée au sujet de la robotique d'assistance.

L'enquêteur encourage l'ergothérapeute à lui présenter ce qu'elle sait sur le sujet et lui demande si elle en a déjà entendu parler, où et dans quel contexte.

À partir de cette question et après la réponse de l'ergothérapeute, l'enquêteur lui présente brièvement la robotique d'assistance : les différents types de robots, leurs missions et leurs capacités, l'état de leur diffusion et les perspectives d'avenir.

Ces explications permettent de s'assurer que les deux interlocuteurs partagent la même définition de ce qu'est la robotique d'assistance et permet de nourrir la suite de l'entretien (particulièrement la question 10).

Présentation des résultats de la question 7 :

Ergothérapeute 1 : L'ergothérapeute 1 évoque une connaissance « nulle » de la robotique d'assistance. Les connaissances qu'elle a à ce sujet proviennent d'articles qu'elle a lus dans le cadre de cet entretien, avant notre rencontre. Elle sait que certains robots [de téléprésence] permettent de communiquer à distance, par visioconférence avec un médecin, un proche, un aidant, etc. Si la personne âgée chute à domicile, l'aidant non présent sur place peut alors découvrir la personne âgée à terre, grâce à la retransmission du robot et appeler les secours. L'ergothérapeute 1 ne sait pas si le robot n'est qu'une simple interface de communication ou s'il peut faire autre chose et ignore comment, concrètement, la personne âgée l'utilise.

Elle a déjà vu une photo d'un robot d'assistance de forme humanoïde mais ne sait pas à quoi il sert vraiment. Lors de la discussion autour de cette question, les robots d'assistance aux

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tâches ménagères sont évoqués par l'enquêteur. L'ergothérapeute semble avoir déjà entendu parler de robots aspirateurs, ou robots tondeuses.

Ergothérapeute 2 : L'ergothérapeute 2 estime le niveau de ses connaissances sur la robotique d'assistance comme « nul ». Elle évoque tout de même un semainier qui sonne automatiquement pour rappeler à la personne âgée de prendre ses médicaments et parle du « robot bébé-phoque Paro® » dont elle assistera prochainement à une démonstration. Elle explique que c'est un robot destiné à des personnes âgées souffrant de la maladie d'Alzheimer et que son apparence a été particulièrement travaillée afin qu'il véhicule une image positive, amicale et inoffensive. Quand il lui est présenté les différents types de robot d'assistance, elle cite spontanément des robots d'assistance aux tâches ménagères comme les robots nettoyeurs de piscine ou les robots tondeuses à gazon...

Ergothérapeute 3 : « Nul ». Tel est l'adjectif qu'utilise l'ergothérapeute 3 pour renseigner sur l'état de ses connaissances au sujet de la robotique d'assistance. Au cours de la brève présentation, l'ergothérapeute interrogée semblait découvrir la robotique d'assistance pour la première fois.

Ergothérapeute 4 : L'ergothérapeute 4 dit ne pas connaître de modèle de robot d'assistance particulier et ne saurait pas renseigner ou adresser quelqu'un pour qu'il s'en procure un. Elle en a cependant déjà entendu parler, a déjà vu des images ou des visuels sur le sujet mais ne s'est pas renseignée davantage.

Analyse des réponses à la question 7 :

Alors qu'une ergothérapeute sur les quatre semblait totalement découvrir la robotique d'assistance lors de l'entretien, les trois autres en avaient déjà entendu parler et pouvaient citer spontanément un nom ou un type de robot, ou encore une des missions pour lesquelles ils sont conçus. Cependant, toutes ont avoué avoir des connaissances très limitées sur la question. Les trois professionnelles qui avaient une notion de la robotique d'assistance avaient vu des images, lu des articles ou regardé un reportage à ce sujet.

Question 8 : Avez-vous déjà rencontré ou entendu parler d'ergothérapeutes qui préconisent des robots d'assistance ?

Les ergothérapeutes travaillent souvent en réseau avec de nombreux autres ergothérapeutes... Cette question permet à l'enquêteur d'avoir une idée de la diffusion de la robotique d'assistance autour des personnes qu'il interroge. Il est précisé par l'enquêteur à la personne sondée que même des préconisations ponctuelles ou une unique préconisation d'un robot d'assistance est intéressante à souligner.

Si la réponse est « Oui », il est demandé plus de précisions à l'ergothérapeute : profil de la personne qui préconise ou a préconisé, contexte de la préconisation, pour quel besoin, etc.

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Présentation des résultats de la question 8 :

Ergothérapeute 1 : L'ergothérapeute 1 explique avoir déjà parlé à une famille d'un robot-aspirateur. Un confrère en avait préconisé un il y a quelques années et cela semblait lui être une bonne idée. L'ergothérapeute 1 dit avoir déjà préconisé des solutions de domotique, mais jamais un autre robot que le robot-aspirateur.

Ergothérapeute 2 : L'ergothérapeute 2 dit n'avoir jamais rencontré ou entendu parler d'un ergothérapeute qui préconise (ou a déjà préconisé) des robots d'assistance. Mais elle insiste sur le fait que préconiser ce genre d'aide est totalement du ressort de l'ergothérapeute. Les ergothérapeutes préconisent actuellement des aides humaines, des aides techniques ou animalières... Les robots d'assistance sont des appareils qui regroupent globalement ces types d'aide. L'ergothérapeute devrait donc s'y intéresser.

Ergothérapeute 3 : L'ergothérapeute 3 confie avoir connu un ergothérapeute ayant déjà préconisé un robot-aspirateur. Elle précise qu'il s'agissait de sa part d'une véritable préconisation en tant qu'aide technique et non pas seulement d'un conseil. La préconisation n'a fait l'objet d'aucun financement extérieur.

Un jour, en repensant à cette situation, l'ergothérapeute 3 a elle-même parlé d'un robot-aspirateur à une famille, sans qu'il s'agisse pour autant d'une véritable préconisation.

Ergothérapeute 4 : L'ergothérapeute 4 indique n'avoir jamais rencontré ou entendu parler d'un ergothérapeute qui préconise des robots d'assistance.

Analyse des réponses à la question 8 :

Deux ergothérapeutes ont connu un collègue ayant déjà préconisé un robot d'assistance (robot aspirateur) et se sont servi de cette situation comme exemple, puisqu'elles ont, à leur tour, évoqué ce type d'appareil à une personne intéressée. Il ne s'agissait pas pour autant d'une préconisation.

Les deux autres ergothérapeutes n'ont jamais rencontré ou entendu parler d'un confrère ayant déjà préconisé ce genre d'aide.

Ces réponses soulignent que les préconisations d'assistances technologiques sont rares dans l'entourage professionnel des personnes sondées, mais ne sont pas inexistantes. Elles seraient ponctuelles (peut-être même ont-elles été uniques ?) et ne concerneraient que des robots d'assistance aux tâches ménagères : des robots-aspirateurs.

Question 9 : Selon vous, les ergothérapeutes sont-ils suffisamment formés ou informés au sujet des robots d'assistance pour en préconiser ?

Cette question vise directement à valider ou invalider l'hypothèse selon laquelle les ergothérapeutes pourraient être formés, ou davantage informés, sur la robotique d'assistance.

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Présentation des résultats de la question 9 :

Ergothérapeute 1 : « Non, pas du tout ! ». L'ergothérapeute 1 dit en avoir déjà entendu parler, mais pas en tant qu'ergothérapeute. Elle en a entendu parler car « c'est dans l'air du temps », qu'on en rencontre dans les films, dans des séries télévisées et qu'elle a regardé deux reportages sur le sujet.

Ergothérapeute 2 : La réponse de l'ergothérapeute 2 à cette question est clairement « Non ! ». Selon elle, une fois sortie de l'IFE, « les difficultés quotidiennes » rencontrées sur le terrain font qu'il est difficile de continuer à se former sur des sujets innovants. Elle évoque également le programme de formation des étudiants ergothérapeutes d'avant la réforme, qui n'incitait pas les étudiants à faire de la recherche et qui ne leur permettait pas d'avoir l'ouverture d'esprit que favorise la nouvelle réforme.

Ergothérapeute 3 : L'ergothérapeute 3 pense que les ergothérapeutes ne sont pas suffisamment formés au sujet de la robotique d'assistance pour en préconiser.

Ergothérapeute 4 : L'ergothérapeute 4 explique que les ergothérapeutes ne sont pas suffisamment formés au sujet de la robotique d'assistance pour en préconiser. Elle précise cependant que si les étudiants ne sont pas formés sur le sujet à l'IFE, il faudrait qu'ils puissent par la suite et s'ils le souhaitent, se spécialiser dans des formations post-diplôme. L'IFE devrait cependant dispenser les bases de la robotique d'assistance comme il le fait pour nombre d'autres sujets et que des formations spécialisées devraient être proposées ensuite (Master, Diplômes Universitaires (DU), formations de l'ANFE(*)...). Pour elle, une telle formation serait nécessaire pour que les ergothérapeutes préconisent des robots d'assistance. En connaissant leur fonctionnement et en sachant l'expliquer aux personnes accompagnées ils gagneraient également en crédibilité.

Analyse des réponses à la question 9 :

L'ensemble des professionnelles interrogées relate un manque de formation ou d'information des ergothérapeutes au sujet de la robotique d'assistance : la robotique d'assistance ne serait pas un sujet abordé dans les IFE. Il en résulte une méconnaissance de ces dispositifs, ce qui ne permet pas aux ergothérapeutes de préconiser des solutions de robotique d'assistance.

Une ergothérapeute sur les quatre sondées évoque la formation des ergothérapeutes « post-réforme ». Celle-ci octroie, selon elle, une ouverture d'esprit et davantage de possibilités de poursuites d'études (et particulièrement dans la recherche) par rapport à la formation dispensée avant la réforme. Cela pourrait permettre de travailler et de développer davantage la robotique d'assistance en ergothérapie.

Une autre ergothérapeute raconte qu'il est normal que la robotique d'assistance ne soit pas développée dans les IFE. Il en est de même pour nombre de sujets qui ne sont simplement qu'évoqués. Il revient à l'ergothérapeute, qui souhaite se spécialiser dans un domaine, de s'informer ou se former après l'obtention de son Diplôme d'État en poursuivant ses études

(*) Lire partout Association Nationale Française des Ergothérapeutes

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dans le domaine de la robotique d'assistance. Encore faut-il qu'il y ait des formations spécialisées en robotique d'assistance, souligne-t-elle.

Question 10 : Seriez-vous prêt(e) à préconiser ce genre d'aide à une personne âgée ?

Cette question intervient après la brève présentation de ce qu'est la robotique d'assistance par l'enquêteur (cf. question 7). Elle permet d'évaluer l'intérêt de l'ergothérapeute pour la robotique d'assistance ainsi que son opinion au sujet de son éventuelle efficacité.

Présentation des résultats de la question 10 :

Ergothérapeute 1 : L'ergothérapeute 1 semble être prête à essayer la robotique d'assistance et à la préconiser à une personne âgée. Elle souligne le fait qu'elle n'y connaît pas grand-chose et qu'elle n'a jamais eu de retour sur l'utilisation d'une telle aide mais qu'il faut essayer pour s'en faire une idée.

Ergothérapeute 2 : L'ergothérapeute 2 se montre encline à préconiser ce genre d'aide à une personne âgée, si tant est qu'elle y soit un minimum formée, qu'elle connaisse davantage la robotique d'assistance et que celle-ci soit financièrement accessible. Le « Oui » n'est pas franc, il s'agit plutôt d'un « pourquoi pas ».

Ergothérapeute 3 : L'ergothérapeute 3 serait prête à préconiser un robot d'assistance aux tâches ménagères mais pas les autres types de robots et en particulier les robots « compagnons ». L'ergothérapeute 3 estime que les personnes âgées ont besoin d'un contact humain. Elle dit qu'un robot d'assistance aux tâches ménagères pourrait être bien accepté, à l'inverse d'un robot de soutien émotionnel qui véhiculerait davantage l'image de palliatif d'une incapacité. Elle se pose également des questions au sujet de l'interprétation et de la considération du robot par la personne âgée souffrant de troubles cognitifs : comprendrait-elle ce que c'est et à quoi ça sert ?

Ergothérapeute 4 : L'ergothérapeute 4 se dit prête, sans hésiter, à préconiser un robot d'assistance, quel que soit son type, à une personne âgée.

Analyse des réponses à la question 10 :

Les quatre ergothérapeutes questionnées se disent être prêtes à préconiser un robot d'assistance à une personne âgée isolée afin de favoriser son maintien à domicile.

Cependant, bien que le « Oui » l'emporte, les réponses sont nuancées : une ergothérapeute se montre, d'emblée, très ouverte à une préconisation, deux autres seraient prêtes à préconiser un robot d'assistance mais aimeraient être formées avant et la dernière ne serait encline à ne préconiser qu'un robot d'assistance aux tâches ménagères. Celle-ci craint qu'un robot compagnon « déshumanise » la relation et trompe la personne souffrant de troubles cognitifs sur ce qu'il est réellement : un robot.

Les ergothérapeutes semblent toutes convaincues de l'intérêt que peut apporter un robot d'assistance à une personne âgée à domicile et paraissent porter de l'intérêt pour ces aides.

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Question 11 : Dans quelle mesure le coût d'une aide technique préconisée par un ergothérapeute influence-t-il son acceptation par la personne ?

Cette question cherche à déterminer si une aide onéreuse - à la charge de la personne âgée - est refusée bien qu'elle soit sans aucun doute très utile.

Présentation des résultats de la question 11 :

Ergothérapeute 1 : « C'est quasiment un des premiers critères ». L'ergothérapeute 1 confie que le critère principal dans le choix d'une aide technique est son coût, après celui de son efficacité. Les personnes âgées qui ont besoin des services d'un ergothérapeute ont pour la plupart des finances restreintes. Elles ont souvent de petites retraites, vivent seules après le décès du conjoint, n'ont pas forcément d'entourage qui peut aider financièrement...

Elle souligne également le fait qu'une aide technique, bien qu'absolument nécessaire pour la personne, peut être refusée à cause de son prix, même pour un « petit dépassement ».

Ergothérapeute 2 : L'ergothérapeute explique que le coût d'une aide technique influence énormément son acceptation par la personne âgée. Il est ainsi nécessaire pour l'ergothérapeute de trouver un juste équilibre entre le bénéfice attendu de l'aide technique et son coût, rapporté aux capacités financières de la personne pour qui l'aide est envisagée. La plupart des personnes âgées qui voient un ergothérapeute ont des difficultés financières.

Ergothérapeute 3 : Le coût d'une aide technique influence « énormément ! » son acceptation par la personne. Selon l'ergothérapeute 3, les financements extérieurs destinés à permettre à la personne d'acquérir des aides sont très insuffisants. Et dans ce contexte d'insuffisance, les aides doivent être priorisées. Elle sous-entend alors qu'au lieu de préconiser un robot d'assistance, il vaudrait mieux préconiser le passage d'une aide humaine. De plus, le fait qu'une aide technique soit refusée pour raisons financières, alors même qu'elle est tout à fait nécessaire, n'est pas rare et est clairement exprimé par la personne.

Ergothérapeute 4 : Selon l'ergothérapeute 4, le coût d'une aide technique influence grandement son acceptation ou son refus par la personne. Elle explique qu'en France et particulièrement en Alsace, les gens sont peu habitués à payer pour leurs soins. Elle évoque les fréquentes difficultés financières des personnes âgées et souligne le fait que parfois une personne a les moyens d'acquérir une aide technique mais la refuse car estime ne pas avoir à payer pour ses soins. Ce « frein de principe » serait relativement fréquent.

Analyse des réponses à la question 11 :

La réponse des quatre ergothérapeutes questionnées est unanime : le coût d'une aide technique influence de manière significative son acceptation par la personne âgée.

La majorité des personnes âgées qui font appel à un ergothérapeute sont polypathologiques et ont de multiples difficultés, ce qui nécessite souvent l'intervention de plusieurs professionnels des domaines de la santé et du social (infirmières, assistantes de vie sociale, assistantes sociales...). Les personnes âgées ont également généralement de petites retraites et, par conséquent, des ressources pécuniaires limitées. Dans ce contexte de limites financières

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obligeant la personne âgée à prioriser les aides, une aide technique onéreuse est souvent refusée, malgré son utilité certaine.

Dans ces situations, une ergothérapeute confie préférer le passage, même bref, d'un aidant « humain » à la préconisation d'un robot. Une autre explique que parfois, bien que la personne âgée ait la capacité financière de subvenir à ses besoins, elle refuse d'investir pour suivre la préconisation de l'ergothérapeute, estimant qu'elle n'a pas à payer pour sa santé. Il s'agit alors d'un « frein de principe ».

Question 12 : Dans quelle mesure la famille/l'entourage/le ou les aidant(s) influence(nt) l'acceptation et l'utilisation des aides techniques proposées ?

Cette question a pour but de valider l'hypothèse selon laquelle l'entourage de la personne âgée doit être inclus dans le processus de préconisation d'un robot d'assistance afin que la personne âgée elle-même, accepte et utilise le robot.

Présentation des résultats de la question 12 :

Ergothérapeute 1 : D'après l'ergothérapeute 1, la famille permet, avant toute chose et dans le cas où la personne âgée souffre de troubles cognitifs, de « rationaliser » la situation, de raisonner la personne. De plus, la présence de l'entourage est importante lors de l'essai d'une nouvelle aide technique, pour rassurer la personne âgée et pour apprendre à l'utiliser en sécurité. En effet, les aidants sont, avec la personne âgée, les principaux utilisateurs des aides préconisées par l'ergothérapeute. La famille participe également souvent au financement des aides proposées et sont les garants de son utilisation. Enfin, ils sont parfois les demandeurs de l'aide en lieu et place de la personne âgée.

Ergothérapeute 2 : Selon l'ergothérapeute 2, l'inclusion de la famille dans le processus de préconisation d'une aide technique est fondamentale. Quand une personne, quelle qu'elle soit, a un choix important à faire dans sa vie, un choix qui potentiellement peut changer sa vie, elle demande l'avis à son entourage, à sa famille. Si la famille ou la personne avec qui vit la personne âgée n'accepte pas l'aide, la personne âgée ne l'acceptera pas non plus.

Ergothérapeute 3 : Selon l'ergothérapeute 3, la famille ou l'entourage influence considérablement l'acceptation ou le refus d'une aide technique par la personne âgée. La famille ou l'entourage peut jouer le rôle de facilitateur, s'il porte le projet proposé par l'ergothérapeute ou, au contraire, un obstacle s'il le rejette ou le dénigre. La personne âgée se réfère souvent à ses proches avant de faire un choix important.

Ergothérapeute 4 : L'ergothérapeute 4 explique que la famille et l'entourage influencent de manière importante l'acceptation et l'utilisation d'une aide technique par la personne âgée. La personne âgée demanderait l'avis de personnes extérieures en cas de doutes ou d'un prix jugé trop élevé. L'entourage peut être facilitateur s'il a compris le bénéfice de sécurité - permettant le maintien à domicile - de l'aide technique. Selon l'ergothérapeute 4, il faut impérativement impliquer la famille dans le processus de préconisation afin qu'il devienne lui-même porteur

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de ce projet auprès de la personne âgée. Ce serait la garantie qu'une aide technique soit utilisée et ne croupisse pas dans un placard. De manière plus pratique, c'est souvent la famille de la personne âgée qui cherche ou réceptionne la livraison de l'aide technique...

Analyse des réponses à la question 12 :

Les quatre professionnelles s'accordent pour dire que la famille, l'entourage, le ou les aidant(s) influence(nt) considérablement l'acceptation et l'utilisation par la personne âgée de l'aide préconisée par l'ergothérapeute. Avant de faire un choix à enjeu important, nombre d'individus sollicitent leur entourage pour connaître leur avis. Rares sont les personnes qui s'engagent seules, sans connaître l'opinion de leurs proches, surtout quand le choix en question a un coût financier élevé. L'entourage peut être facilitateur de l'acceptation et de l'utilisation de l'aide : s'il adhère à la préconisation, il portera la proposition de l'ergothérapeute auprès de la personne âgée. Il peut également participer au financement de l'aide ainsi qu'aux démarches de son acquisition et enfin participer et/ou veiller à son utilisation et son entretien. Mais l'entourage peut également être un frein à l'acceptation et à l'utilisation de l'aide : s'il n'adhère pas à la préconisation, s'il n'en voit pas l'utilité et s'il dénigre l'aide proposée devant la personne âgée, celle-ci en aura une image négative et la refusera. L'entourage peut également dénier de participer financièrement pour son achat ou s'investir peu dans les démarches de son acquisition auprès des revendeurs, alors même que la personne âgée souhaite acquérir l'aide.

Notes supplémentaires :

En plus des réponses aux questions qui leur ont été posées, d'autres idées, questionnements et éléments de réponses ont été évoqués par les ergothérapeutes au cours des entretiens :

a) Les professionnels intervenant au domicile de la personne âgée pourraient, eux aussi, avoir des difficultés à accepter et à utiliser un robot d'assistance,

b) Qu'en est-t-il de la confidentialité des données recueillies par certains robots ?

c) La mise en place d'aides robotiques entraînerait une suppression d'emplois,

d) L'Homme devra s'instaurer des limites et en instaurer aux robots,

e) Confier nos aînés à des robots « déshumaniserait » les relations.

Analyse des notes supplémentaires

a) Les professionnels intervenant au domicile de la personne âgée pourraient, eux aussi, avoir des difficultés à accepter et à utiliser un robot d'assistance.

Cette idée peut être mise en relation avec l'étude de PRADIER « Les préjugés des soignants face aux technologies pour l'autonomie. Souci éthique ou méconnaissance ? »30, menée en 2014. Au cours de cette étude il a été demandé à des rééducateurs de faire un choix entre de multiples aides proposées, technologiques et non technologiques, dont le but commun est de favoriser un

30 PRADIER, S., Les préjugés des soignants face aux technologies pour l'autonomie. Souci éthique ou méconnaissance ?, 2014 in Recueil des textes scientifiques des JA-SFTAG 2014, p18 à 21.

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maintien à domicile sécuritaire. Les rééducateurs ont dû donner leur avis pour une préconisation à une personne âgée, puis pour eux-mêmes, comme s'ils devaient en être les bénéficiaires. Globalement, les professionnels seraient plus enclins à préconiser des aides peu technologiques ou « classiques », plutôt que des aides de « nouvelles technologies ». Ils seraient également davantage prêts à préconiser certaines aides aux personnes âgées, plutôt que pour eux-mêmes : télésurveillance par médaillon (46% contre 39%), robot compagnon non humanoïde (62% contre 56%)...

Il ressort de cette étude que « les technologies ne rebutent pas les anciens mais les soignants qui doivent les préconiser ». Les professionnels redouteraient principalement le manque de contrôle de l'utilisateur sur ces appareils.

Après ce constat, il est pertinent pour l'ergothérapeute de s'interroger sur l'acceptation des robots d'assistance par l'ensemble des professionnels intervenant au domicile de la personne âgée. Une non-adhésion de ces derniers à une éventuelle préconisation serait un frein à l'utilisation du robot par les professionnels, ainsi qu'à l'acceptation et l'utilisation par la personne âgée.

b) Qu'en est-t-il de la confidentialité des données recueillies par certains robots ?

Certains robots d'assistance collectent des informations sur leur environnement et sur la personne qui l'utilise via ses caméras, microphones et multiples capteurs. Ces informations lui servent à se repérer, à interagir avec l'utilisateur, à le conseiller et l'informer, ou encore à donner l'alerte en cas de danger.

Les données recueillies peuvent alors être transmises et communiquées automatiquement via une connexion internet vers le médecin traitant, par exemple. Il est important de se poser la question de la réglementation qui encadre cette collecte d'informations. Est-elle suffisamment élaborée et stricte pour garantir le respect de la vie privée de la personne âgée ? La personne est-elle préalablement informée de ce recueil de données ? Doit-elle donner son accord écrit avant la mise en place d'un robot qui envoie automatiquement sa température corporelle à son médecin ? La transmission des informations vers l'extérieur est-elle cryptée ? Leur stockage est-il sécurisé ?...

La question de la sécurité de la vie privée de la personne âgée utilisatrice d'un robot d'assistance doit se poser dès lors que celui-ci collecte et transmet des informations à caractère médical. Cette question est vaste et complexe, raison pour laquelle ce mémoire n'a pas la prétention d'y répondre. Néanmoins, il invite à la réflexion autour de cette problématique, qu'il est essentiel de considérer.

c) La mise en place d'aides robotiques entraînerait une suppression d'emplois.

La suppression d'emplois est une crainte régulièrement formulée lorsque la robotique est évoquée. Celle-ci provient sans doute de l'ère industrielle au cours de laquelle de nombreuses usines se sont dotées de robots, accomplissant des tâches répétitives plus rapidement qu'un ouvrier et à moindre coût. De nombreux travailleurs se sont alors vus remplacer par des robots industriels.

La robotique d'assistance personnelle n'a pas pour vocation de remplacer ou de diminuer les aides humaines. Elle est vouée à n'être qu'une aide supplémentaire visant à améliorer la sécurité et/ou le confort de vie de la personne qui l'utilise. Son utilisation peut cependant permettre une réorganisation ou une adaptation des passages de l'aide humaine au domicile de la personne âgée : le robot peut en effet modifier les priorités des différentes prises en soins de la tournée du professionnel.

d) L'Homme devra s'instaurer des limites et en instaurer aux robots

L'évolution rapide des sciences et techniques repousse sans cesse les limites technologiques. Bientôt, les robots seront capables d'exécuter tout ce que l'Homme leur demandera de faire. Les possibilités offertes par la technologie seront énormes et les limites que cette dernière impose aujourd'hui seront, demain, très faibles.

Pour garantir de bonnes relations Hommes/machines et assurer la sécurité de la population, il convient de mettre en place des limites, autres que technologiques, aux robots.

Aujourd'hui déjà, certains robots d'assistance sont conçus avec des matériaux déformables sous la pression et équipés d'actionneurs peu puissants, les empêchant de blesser la personne en cas de mésusage ou de dysfonctionnement. Outre le matériel, le logiciel interne au robot peut être réfléchi et conçu afin de « brider » volontairement et dans un but de sécurité, les capacités du robot, ce qui n'est pas sans rappeler les trois lois de la robotique écrites par le célèbre auteur de science-fiction Isaac ASIMOV31 :

o Première loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger ».

o Deuxième loi : « Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première loi ».

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31 http://isaac-asimov.com (consulté le 18/04/2015).

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o Troisième loi : « Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième loi ».

Des limites déontologiques et juridiques pourront également être posées, régissant la robotique d'assistance de sa conception à son utilisation.

Là encore il s'agit d'une question très vaste qui sous-entend celle de la responsabilité en cas de dysfonctionnement ou d'accident : qui est responsable ? L'utilisateur ? Le constructeur ? L'ergothérapeute qui a préconisé l'aide ? Le robot lui-même ?... Ce mémoire ne se propose que d'évoquer ces idées afin de faire émerger des questionnements.

e) Confier nos aînés à des robots « déshumaniserait » les relations.

Une ergothérapeute a clairement expliqué que, dans le contexte actuel de rationalisation voire de réduction des aides allouées aux personnes âgées à domicile, il valait mieux préconiser le passage d'une aide humaine, ne serait-ce que brièvement dans la journée, plutôt qu'un robot d'assistance, même si celui-ci peut être présent et opérationnel plusieurs heures. Les interactions interhumaines seraient bien plus bénéfiques pour la personne qu'une interaction Homme-machine.

Une autre ergothérapeute pense, au contraire, que dans certains cas, un robot peut être plus facilement accepté qu'une aide humaine : le robot, à l'inverse d'un humain, n'a pas d'émotions, ne perd jamais patience, ne juge pas, peut être sollicité à n'importe quelle heure, etc.

D'ailleurs, certaines personnes âgées peuvent avoir plus de réticence à « déranger » une aide humaine à de nombreuses reprises ou avoir plus de difficultés à lui « donner des ordres ». Ces barrières tombent avec un robot.

La préconisation et l'attribution d'un robot compagnon à une personne âgée ne doit absolument pas entraîner une suppression ou une diminution de ses aides humaines.

Le robot d'assistance n'est qu'un plus à la prise en soins de la personne et ne peut se suffire à lui-même. Le robot compagnon a un rôle de soutien ou d'accompagnement quand l'aide humaine est absente et permet de rendre la personne âgée plus disponible sur les plans cognitif et émotionnel pour les interactions sociales interhumaines. Ainsi, le robot ne remplace pas l'humain mais facilite, au contraire, les relations interhumaines.

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