7. Conclusion
Les recherches menées au cours de la réalisation
de ce mémoire ont permis de répondre aux deux interrogations qui
sont à la base de ce travail, ou tout du moins d'apporter des
éléments de réponse : premièrement, la robotique
d'assistance peut effectivement représenter des solutions efficaces pour
favoriser le maintien à domicile de personnes âgées
isolées.
Il convient néanmoins d'examiner les résultats
des études présentées avec un certain recul. En effet, les
études menées jusqu'ici et visant à démontrer
l'efficacité des robots d'assistance et, en particulier, des robots
compagnons ont été conduites sur des échantillons
réduits et sur des populations vivant principalement en institution. De
plus, les conditions expérimentales n'ont pas toujours été
rigoureusement définies, ce qui rend difficile la reproduction des
expériences et la comparaison des résultats entre les
différentes études.
Des travaux incluant davantage de personnes âgées
et, surtout, des personnes âgées vivant à domicile restent
à mener pour confirmer les résultats des études
menées jusqu'alors.
Deuxièmement, ce travail d'initiation à la
recherche a permis de mettre en avant un défaut de préconisation
de robots d'assistance par les ergothérapeutes au profit d'aides
techniques ou d'assistances technologiques plus classiquement
préconisées. Les raisons de ce constat sont multiples : les
ergothérapeutes méconnaissent la robotique d'assistance ; son
prix est élevé et à l'entière charge de la personne
âgée ; les individus d'un âge avancé sont souvent
jugés « réfractaires » voire directement « inaptes
» à l'utilisation de nouvelles technologies, etc.
Cette question, initiatrice de ce mémoire, a permis
l'élaboration de la problématique suivante :
« Quels sont les facteurs qui permettraient aux
ergothérapeutes, spécialistes de la préconisation d'aides
techniques et d'assistances technologiques, de préconiser des robots de
soutien émotionnel à des personnes âgées
isolées, en vue de favoriser leur maintien à domicile ? »
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Différentes hypothèses ont été
formulées afin d'y répondre :
A) Les robots compagnons devraient être
financièrement accessibles,
B) Les ergothérapeutes pourraient être
formés, ou davantage informés, sur la robotique d'assistance,
C) L'entourage de la personne âgée devrait
être inclus au processus de préconisation d'un robot compagnon,
D) Les personnes âgées ne devraient pas
être considérées comme systématiquement
réfractaires aux nouvelles technologies.
Les entretiens menés sur le terrain ont validé
chacune de ces hypothèses.
Ceux-ci permettent de conclure que le coût
élevé d'une aide technique est son premier motif de refus. Afin
que les ergothérapeutes puissent en préconiser, il est
nécessaire que leur prix baisse, ou que des aides au financement soient
mises en place.
L'inclusion de l'entourage (essentiellement professionnel
quand la personne est isolée) dans le processus de préconisation
d'un robot d'assistance est primordiale. Les ergothérapeutes
interrogées ont souligné la nécessité de
l'acceptation de la préconisation par la famille/l'entourage/le ou les
aidant(s) pour que la personne âgée l'accepte également.
L'ensemble des professionnels intervenant au domicile de la personne
âgée doit ainsi tenir le même discours concernant le robot
d'assistance et ne doit en aucun cas dénigrer le projet.
Autre constat de cette enquête : les
ergothérapeutes méconnaissent la robotique d'assistance. Les
entretiens expliquent cette méconnaissance davantage par un manque de
formation des étudiants ergothérapeutes et des
ergothérapeutes que par la récence de ces nouvelles technologies.
Des formations à la robotique d'assistance devraient être
proposées aux ergothérapeutes s'y intéressant, ainsi
qu'à ceux souhaitant se spécialiser en gériatrie : on ne
peut préconiser qu'un produit que l'on connaît.
Des réseaux de professionnels travaillant avec la
robotique d'assistance pourraient également communiquer à son
sujet et ainsi la faire connaître à une plus vaste échelle.
Ceux-ci pourraient aussi assurer ou favoriser la mise en place et le maintien
d'une veille technologique, suivant ainsi les rapides évolutions de la
robotique d'assistance.
Les entretiens ont également avancé à
plusieurs reprises l'idée que les personnes âgées sont
réfractaires à la technologie. Il convient aux
ergothérapeutes de s'abroger de toute idée reçue car
chaque situation est singulière.
De plus, nous pouvons penser que si nombre de personnes
âgées d'aujourd'hui seraient contre l'idée d'être
accompagnées par un robot, les personnes âgées de demain,
qui seront nées avec la technologie, en auront une toute autre
vision.
Nul doute que dans 20, 30 ou 40 ans, il sera aussi banal
d'avoir un robot chez soi qu'un téléphone dans sa poche.
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Nous pouvons imaginer que, dans l'avenir, ces robots qui
occuperont chaque foyer soient ce que les couteaux-suisses étaient hier
et ce que sont les smartphones aujourd'hui : des objets à tout faire.
Ceux-ci réserveront automatiquement, pour vous, une table au restaurant
avec vos petits-enfants, communiqueront avec les radiateurs de votre logement
pour augmenter le chauffage avant votre arrivée et réaliseront
des tâches ménagères diverses. Avec l'avènement de
l'intelligence artificielle, les capacités des robots et leur
utilisation pour notre confort deviendront quasi illimitées.
Mais, attention, ces technologies qui sont
développées pour un « mieux-vivre » et, surtout, «
un mieux-vivre chez soi » ne doivent pas nous ôter de l'esprit
qu'elles ne sont qu'un moyen supplémentaire d'accompagner nos
aînés et ne se suffisent pas à elles seules. Il est
nécessaire d'entretenir des relations sociales interhumaines tout au
long de sa vie et de garder à l'esprit cette citation de Rabelais :
« science sans conscience n'est que ruine de l'âme
»32.
32 RABELAIS, F., Les Horribles et Espoventables
Faictz et Prouesses du très renommé Pantagruel, roy des Dipsodes,
filz du grand géant Gargantua (titre original), Lyon, Nourry, 1530.
(Roman publié sous l'anagramme Alcofribas Nasier).
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