II-3-2-1. Représentation sociale et
catégorisation des professions
Il faut noter d'une part une grande difficulté
à concevoir la diversité des tâches caractérisant
les professions regroupées dans une même catégorie, d'autre
part, il est difficile de répertorier l'ensemble des activités
professionnelles caractérisant des professions que nous
catégorisons différemment. La construction de la catégorie
se fait à partir d'éléments centraux
privilégiés, fondamentaux, auxquels le sujet tient.
Jodelet (1989 :89) cité par Ongomes (2005 :41),
affirme concernant la représentation que « on ne peut pas ignorer
dans l'analyse des représentations et des visions mêmes
collectives, l'importance d'une histoire individuelle avec ses liens et
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ses réactions aux contraintes sociales, la vie du
groupe sont déterminantes, elles le sont par toute une série de
médiation dont nous sommes loin de comprendre l'enchaînement exact
».
Pour ce qui est des représentations des professions,
du prestige, du degré de masculinité -féminité etc,
se manifeste quelque fois très clairement. Pour certains
étudiants le prestige est important pour se faire une idée des
professions et que cette dimension fait référence d'une
manière secondaire à des traits qui caractérisent la
fonction en tant que telle. Un métier prestigieux c'est avant tout celui
auquel on accède après une formation très sélective
à l'entrée. Ce caractère « très
sélectif à l'entrée » étant fondamentalement
lié lui même aux traits « beaucoup de débouchés
à la sortie ». En même temps pour ces étudiants un
métier prestigieux est un emploi où on a de nombreuses
possibilités et un salaire élevé ; mais aussi celui qui
repose sur une forte sélectivité et des débouchés
rares bien que les salaires y soit faible.
II-3-3. Rapport entre aspiration et motivation
Dans son étude sur la motivation, Nuttin (1980) parle
de « gradient temporel » c'est à dire l'accession à un
métier qui se situe dans un futur proche et nécessite des efforts
importants tandis que celle à un métier situé dans un
futur éloigné perd de son intensité d'efforts au fur et
à mesure que le temps passe. Plus le temps passe, plus la motivation
s'émousse et peut se porter sur un autre objet. Tl le traduit en citant
une étude de Miller (1944) dans laquelle il apparaît que la
difficulté perçue dans la réalisation d'un projet global
croit en fonction du nombre d'échecs intermédiaires
essuyés par le sujet. L'intensité motivationnelle diminue en
fonction de la distance temporelle de l'objet final et du nombre de moyens
alternatifs disponibles. C'est ce que Nuttin (ibid) appelle « gradient de
motivation globale »
Evola cité par Bieteke (1985), repris par Ongomes
(2005 :42) parlera de « gradient motivationnel » pour signifier que
la motivation est d'autant plus élevé que l'aspiration est
élevée. Un étudiant qui choisit par exemple de devenir
médecin devra fournir plus d'efforts que celui qui aspire à
devenir infirmier ou aide soignant.
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L'aspiration se traduit donc par l'expression du projet et de
la matérialisation de la motivation. La résultante des
motivations énoncées par le sujet des difficultés qu'il
envisage de rencontrer et des chances qu'il met de son côté dans
la justification de ses choix représente ce que Nuttin (ibid) appelle
« étape provisoire de la réalisation des besoins ».
Cette matérialisation détermine les contenus de l'aspiration et
de la motivation et indique le canal que devront emprunter toutes les actions
du sujet. L'aspiration est alors en définitive sous- tendue par la
motivation à réussir. Un haut niveau d'estime de soi ajoute -t-il
correspond à une aspiration scolaire élevée et
prédispose aux grandes ambitions professionnelles.
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